litterature francaise

Publié le 6 Janvier 2023

Cédric Charles Antoine

Roman historique qui nous emmène dans la Russie des années 1970. Intéressant pour les curieux de ce pays tourmenté. J'ai aimé.

Alexandre Guerbain, après la mort brutale de ses parents, reçoit du notaire "une photocopie en noir et blanc d'une photo découpée dans un journal datant de 1975" sur laquelle son père pose en compagnie de deux hommes, ainsi qu'un courrier signé KV, énonçant que" monsieur et madame Bertrand Guerbain, ses parents, n'étaient pas ce qu'ils avaient prétendu être tout au long de leur vie." Alexandre, tout d'abord, reçoit cela comme une insulte, car ses parents étaient des gens bien, lui ayant prodigué leur amour et une bonne éducation. Cette insinuation, d'après lui, ne colle pas avec ce qu'il connait, des siens. Un peu plus tard encore, il fait la découverte d'une photo prise avec lui, toujours en 1975, émanant d'une certaine Natalya Sepozhkova vivant à Saint-Petersbourg. Mais qu'avaient bien pu faire ses parents en 1975, en URSS?.

La gravité de la situation oblige Alexandre à faire des recherches et il se rend en Russie où il rencontre l'auteur de la lettre trouvée dans la boite.

Natalya Sepozkova est une vieille soviétique convaincue, membre du Parti dans lequel elle a travaillé durant plusieurs années. Elle abhorre la Russie des années deux-mille et garde la nostalgie de l'ère soviétique malgré sa reconnaissance des souffrances vécues pendant cette période; car, alors, existaient bel et bien l'entraide et la solidarité.

A la grande surprise d'Alexandre, Natalya Sepozkova a très bien connu ses parents puisque elle était chargée par le Parti de les surveiller et de surcroit, ses relations avec eux, sont allées plus loin que prévu. Du reste elle explique à Alexandre n'avoir jamais compris leur départ précipité, mais lui propose tout de même son aide dans la recherche de KV qu'il finit par rencontrer. Cette personne lui remet alors un document concernant ses parents qui va bouleverser sa vie.

Dans ses longues conversations avec Alexandre, Natalya Sepozkova raconte la vie en URSS dans les années mille neuf cent soixante dix, le marxisme-léninisme, les écoutes, la délation, le communisme...Trop de terreur régissait le peuple, trop de suspicions planaient sur la tête de chaque citoyen, trop de morts, trop de secrets. tout était orienté vers la militarisation, la contrainte de l'individu. Les hommes et les femmes, devenus égaux, étaient considérés comme de simples outils, des machines au service du gigantisme,...

Cédric-Charles Antoine est un écrivain français et romancier. Il a été élu auteur vedette de l'année 2022.

 

 

 

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 7 Juin 2022

Hector Malot.

Roman publié en 1873, 318 pages.

TB

Hector Malot avait tout d'abord donné à son œuvre le titre :"Le Roman d'une Conscience", car son héros, Guillaume de Saint-Nérée, homme bon, droit et loyal, se trouve impitoyablement tourmenté par sa conscience. L'amour qu'il éprouve pour Clotilde Martory est déraisonnable et stérile car il l'oblige à se compromettre, à s'exposer au mépris vis à vis de lui-même.

Guillaume de Saint-Nérée âgé de vingt-neuf ans, est capitaine et revient à Marseille après six années en Algérie dans le but d'aimer et d'être aimé. Il tombe amoureux de Clotilde Marthory, fille d'un général de l'armée de Napoléon 1er, qu'il compte bien épouser. Mais la jeune femme épouse pour des raisons de confort, le commandant de Solignac, qu'elle n'aime pas; un militaire au passé trouble, ami de Louis-Napoléon avec lequel il a conspiré pour le rétablissement de l'Empire.

Guillaume est dépité, d'autant plus que quelque temps auparavant, il avait donné sa démission à l'armée, pour motif de conscience. En effet lors du Coup d’État du deux décembre 1851, il avait refusé d'obéir à son colonel qui l'envoyait sabrer les paysans révoltés. Le voilà donc sans position intéressante dans la société. "Me voici à Paris, à vingt-neuf ans, sans un sou de fortune et n'ayant pas de métier aux mains".

Toutefois,s’entêtant dans son amour pour Clotilde, il entame une liaison avec elle jusqu'à la mort de son mari. La voie est donc libre, mais la jeune femme reste étrangement silencieuse sur le sujet du mariage. Subodorant que cette résistance est due au fait qu'il n'a pas de position, Guillaume accepte de partir au Mexique pour un travail rémunérateur et fort rentable. Les circonstances lui permettent même de réintégrer l'armée au bout d'un certain temps. Hélas il est blessé et malade à tel point qu'on le croit décédé. Quand il revient au bout d'un an, son amour toujours ardant au fond du cœur, Clotilde lui apprend son remariage, que son enfant a été adopté par son nouveau mari et qu'il n'a pas le moindre droit sur lui.

Profondément blessé, comprenant qu'il a été dupé il reprend la route vers le Mexique dans le but de se retrouver, de faire la paix avec lui-même.

Extraits: " "Si j'avais été un homme fort, j'aurais dû oublier Clotilde; cela j'en conviens. Le jour où elle m'a dit qu'elle devenait la femme de Mr de Solignac, je devais la regarder avec mépris, lui lancer un coup d’œil, qui l'eût fait rougir, lui asséner une épigramme pleine de finesse et d'ironie, et, cela fait, me retirer dignement. Voilà qui était convenable et correct."

 

Clotilde Marthory

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Rédigé par Alicia

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Publié le 28 Janvier 2021

Hector Malot (1830-1907)

Romain Kalbris vit en Normandie, il est fils de marin avec une très forte passion de la mer. Il sera marin, il n'y a pas de doute, malgré les réticences bien compréhensibles de sa mère qui a perdu son mari dans le vaste océan.

A la mort de son père Romain est pris en charge par un habitant de Port-Dieu, monsieur de Bihorel, un vieil homme, original et bon qui lui donne une solide éducation. Malheureusement celui-ci disparait mystérieusement et la mère de Romain se trouve dans l'obligation de confier son enfant à son oncle, Simon, un homme dur et avare, au comportement des plus suspects. Ce que voyant, Romain préfère prendre la fuite et se trouve désormais sur les chemins, livré à lui-même, contraint de chercher de quoi subvenir à ses besoins, dormant à la belle étoile, supportant le gel, le froid et la faim. Toutefois il ne se décourage pas, continuant à marcher coute que coute vers le but qu'il s'est fixé: s'embarquer au Havre sur un navire. Cheminant ainsi il rencontre toutes sortes de gens, des bons qui vont l'aider et des mauvais dont il devra se méfier. Mais comme il est intelligent et droit il saura toujours faire les bons choix.

Un épisode pathétique c'est celui où Romain, ayant fui son oncle, va voir sa mère mais il reste à distance, il n'entre pas dans la maison, de peur de ne plus pouvoir partir comme il le désire tant. Ce comportement démontre un grand courage, une grande force de caractère et beaucoup de ténacité. Enfin! c'est un personnage attachant que Romain Kalbris.

Hector Malot parle évidemment beaucoup de la mer, des marins, des bateaux, mais aussi des différents paysages que Romain traverse. C'est une œuvre très intéressante à lire.

Extraits: Je quittais la maison maternelle comme je m'étais sauvé de Dol, c'est à dire en courant; et ce fut seulement quand l'haleine me manqua que je ralentis le pas.

Si la course est bonne pour s'étourdir, on ne réfléchit bien que dans le repos. Or, j'avais besoin de réfléchir; j'étais parti, c'était bien; maintenant il fallait arriver, c'était le difficile.

Je m'assis au pied d'une haie: la plaine était déserte, il n'y avait pas de danger d'être surpris;

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 11 Novembre 2020

 
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
 
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 21 Octobre 2020

Benjamin Constant 1767-1730

Roman paru en 1816.

Benjamin Constant a créé Adolphe, un personnage qui lui ressemble quelque peu dans son instabilité intérieure. Un être ne sachant pas au juste ce qu'il veut, sous l'emprise de sentiments plus ou moins obscurs. Je n'ai pas trop aimé sa façon d'être. Mais le roman est intéressant à lire.

Adolphe âgé de vingt-cinq ans, issu d'un milieu social élevé, est intelligent, et voué à une haute carrière.  Mais il est pourvu d'un caractère taciturne, assez égoïste, ne pensant qu'à son propre plaisir, de surcroit inconstant. C'est à un tel point qu'il se crée malgré lui une réputation déplorable." Il s'établit donc dans le petit public qui m'environnait, une inquiétude vague sur mon caractère. On ne pouvait citer aucune action condamnable; on ne pouvait même m'en contester quelques unes qui semblaient annoncer de la générosité ou du dévouement; mais on disait que j'étais un homme immoral, un homme peu sûr;... Il avait adopté sur les femmes un système assez incorrect qu'il tenait de son père qui considérait qu'on peut toujours s'en amuser tant qu'on ne les épouse pas.:"Cela leur fait si peu de mal, et à nous tant de plaisir!"

Enfin! Adolphe s'avise de sa volonté d'être aimé et il jette son dévolu sur une femme de dix ans son ainée; une polonaise dont la famille illustre a été ruinée; du reste très belle, intelligente mais maîtresse du comte de P, ce qui nuit fortement à sa réputation. Elle possède néanmoins de solides qualités de dévouement, prête à beaucoup de sacrifices. Elle attachait le plus grand prix à la régularité de la conduite, précisément parce que la sienne n'était pas régulière suivant les notions reçues. Elle était très religieuse, parce que la religion condamnait rigoureusement son genre de vie.

Adolphe et Ellénore deviennent donc amants. Leur liaison fonctionne pendant un certain temps, mais soudain, Adolphe qui s'est engagé à la légère et par pure vanité, s'aperçoit que cette union lui pèse. En effet il aime la liberté par dessus tout. Dorénavant il cherche à rompre, mais le caractère de bonté d'Ellénore et le sien propre, pusillanime au possible, l'empêchent de mettre son projet à exécution.

L'exemple d'Adolphe ne sera pas moins instructif, si vous ajoutez qu'après avoir repoussé l'être qui l'aimait, il n'a pas été moins inquiet, moins agité, moins mécontent; qu'il n'a fait aucun usage d'une liberté reconquise au prix de tant de douleurs et de tant de larmes; et qu'en se rendant bien digne de blâme,, il s'est rendu aussi digne de pitié.

Petite biographie de l'auteur.

Benjamin Constant était de nationalité suisse, issu de parents protestants. Il était non seulement romancier mais aussi homme politique. Il a vécu sous Napoléon 1er, et a eu une liaison avec Madame de Staël. Il a écrit nombre de romans psychologiques et beaucoup travaillé sur la religion et le sentiment religieux.

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 9 Octobre 2020

Émile Zola

Thérèse Raquin, jeune femme d'une vingtaine d'années, vit avec sa tante et Camille, son cousin, être malingre et maladif, couvé par sa mère. L'ambiance de la maison l'oblige à une grande retenue, alors qu'à l'intérieur d'elle-même, bouillonne une vie abondante.  Elle épouse Camille, mais le mariage est morne et sans intérêt, sans passion.

Surgit Laurent, un ami de Camille, un homme fort et viril. Laurent et Thérèse deviennent amants et s'enfoncent dans une sexualité débridée comme des brutes, sans sentiments, sans réfléchir. Sa liaison oblige Thérèse à une grande hypocrisie et à un mensonge constant car il ne faut surtout pas que la tante se doute de quelque chose. Thérèse lui doit tout. Les choses vont ainsi pendant quelque temps, mais arrive le jour où les amants ne se satisfont plus de cette situation. Il leur faut plus, ils songent au mariage, et tuent Camille pour arriver à leurs fins; convaincus qu'ils sont, que débarrassés de cet homme, ils pourront vivre leur amour en toute tranquillité. Mais rien ne se déroule comme ils le pensaient. Après le crime, ils sont tout d'abord, saisis d'une grande peur d'être découverts, ce qui les contraint à être continuellement sur leurs gardes, à dissimuler, à jouer une atroce comédie devant les autres, devant la tante. Et puis surtout ils sont pris d'horribles cauchemars. Pour se libérer de cette souffrance atroce qui les tenaille, ils se marient le plus rapidement possible, croyant qu'ensemble ils pourront lutter contre le spectre de Camille qui les hante. Mais ils ont beau faire, Camille est toujours présent, entre eux. Ils essaient alors toutes sortes de stratagèmes pour échapper à la lancinante torture morale, stratagèmes qui vont de la boisson, à la luxure, de la cajolerie à la méchanceté, aux querelles incessantes. La vieille tante, devenue impotente et qui a tout découvert par l'imprudence des deux amants, est prise pour cible. Thérèse ne l'épargne pas. Enfin! ces deux êtres qui, de prime abord, avaient un fond mauvais, deviennent carrément odieux et cruels sous l'impulsion de leurs organismes  détraqués.

On eût dit les accès d'une effrayante maladie, d'une sorte d'hystérie du meurtre.     Sa face se convulsionnait, ses membres se roidissaient; on voyait que les nerfs se nouaient en lui. Le corps souffrait horriblement, l'âme restait absente. Le misérable n'éprouvait pas un repentir;

Thérèse se trouvait, elle aussi, en proie à des secousses profondes.

Lorsque les deux meurtriers se retrouvèrent ainsi face à face, lassés, ayant épuisé tous les moyens de se sauver l'un de l'autre, ils comprirent qu'ils n'auraient plus la force de lutter.

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 16 Septembre 2020

Roger Frison Roche 1906-1999

Troisième tome de la trilogie.

Brigitte, anéantie, bouleversée, revient à Chamonix, mais il est trop tard. Dès son retour elle sent l'hostilité des habitants, et particulièrement celle des guides qui l'accusent d'être la cause de la mort de Zian. Pourquoi n'était-elle pas là, à ses côtés quand il avait besoin d'elle, comme toutes les épouses? "Que voulez-vous? (dit le médecin), Tout est contre vous, votre départ inexpliqué, votre absence prolongée. Et qui donc leur fera admettre que vous ignoriez l'accident, que vous n'êtes revenue qu'à l'ultime moment, trop tard, par obligation, que... De plus, en épousant Zian, Brigitte a entrainé son mari dans la trahison de la règle qui veut qu'on ne se marie qu'entre montagnards.

Reconnaissant la méconnaissance qu'elle avait du milieu et la vanité de son ancienne vie, Brigitte décide de rester coute que coute à Chamonix, en dépit de la désapprobation de ses parents et de la colère des guides, pour élever son enfant. Le chemin est rude car on a tissé autour d'elle comme un voile opaque. Mais elle persévère et petit à petit, fait sa place au milieu de ces gens en participant à leurs travaux, en s'adaptant à leurs mœurs, à leur façon de vivre.

Puis, pour subvenir à ses besoins, (car elle a rompu avec sa riche famille), Brigitte prend le gardiennage du refuge de Leschaux, situé à 2400 mètres d'altitude. Il est le point de départ de courses longues et pénibles, ainsi que de la face nord des Grandes Jorasses. Il y a donc peu de monde qui s'arrête au refuge et Brigitte se trouve la plupart du temps dans une grande solitude. C'est Peau-d'Ane, un porteur, qui lui apporte régulièrement ce dont elle a besoin en ravitaillement et en charbon.

Cependant, un soir, à sa grande surprise, elle aperçoit  deux silhouettes, qui, au lieu de bifurquer en direction du refuge du Couvercle, s'avance vers Leschaux. Ce sont deux jeunes allemands dont le but est de s'attaquer à  l'éperon Walker, culminant à 4200m dans les Grandes Jorasses, et jusqu'à ce jour invaincu. Les deux hommes quittent le refuge vers 23 heures et le matin Brigitte peut les suivre avec ses jumelles. Mais le temps se couvre et ne présage rien de bon. Brigitte et Peau-d'Ane, inquiets, se sentant responsables, décident le lendemain de partir à leur recherche.

Allaient-ils s'engager, eux aussi, dans l'inévitable? songeait Brigitte.

Déjà ils gravissaient l'arête enneigée en direction de la grande paroi. Puis ils trouvèrent de la glace vive; les grandes difficultés commençaient, mais il y avait encore quelques traces des marches taillées par les Bavarois. Ils les utilisèrent.

Franchir la barre rocheuse n'était rien-un bon rappel de corde! Mais au-dessous, les névés paraissaient,  terriblement inclinés, et les marches peu sûres.

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 7 Septembre 2020

Roger Frison-Roche

Deuxième tome

Rien de plus impressionnant qu'un grimpeur, s'attachant à ces parois verticales. Zian Mappaz est guide de Haute montagne et dirige l'école d'escalade qu'il a lui-même fondée. Brigitte Collonges, une jeune aristocrate, en séjour à Chamonix, envoutée par la personnalité du guide et la fascination de l'alpinisme,  s'inscrit à son cours. Dès lors, ce sont plusieurs sommets qu'ils gravissent ensemble, eux seuls, sans porteur. Peu à peu le lien qui les unissait dès le début de leur rencontre, s'approfondit et ils ne peuvent plus nier leurs sentiments. La montagne agit-elle sur eux? Ils décident de s'épouser, malgré la  grande différence de milieu, la désapprobation des parents de Brigitte et la présence de Nanette, la promise de Zian.

Le couple s'installe aux Praz, dans la vieille maison des Mappaz, maison ancestrale toute simple mais sans aucun confort. Là, Brigitte déchante. Cette nouvelle vie n'a plus rien à voir avec ce qu'elle a vécu avec son mari sur les hauts sommets, dans cet environnement splendide, dans cette solitude à deux. Zian dans la vallée est paysan quelque peu balourd, et il quitte sa femme toute la journée pour des travaux champêtres, qu'il est obligé d'accomplir. Elle même, choyée, habituée à être servie, se rend compte qu'elle est incapable d'effectuer les simples travaux qui incombent naturellement à une épouse de guide. "Elle redoutait l'arrivée de la servante et comprit tout à coup que cette dernière venait faire la besogne à sa place. Un ménage de guide sans enfants n'a pas besoin de servante.. C'est elle qui, ce matin aurait du se lever, faire chauffer le café de Zian, préparer son bissac de bucheron; c'est elle encore qui aurait dû soigner les bêtes, allumer le feu, balayer, ranger. Mais elle s'en avouait incapable... Tout ceci la met mal à l'aise, d'autant plus que la belle saison ayant commencé, Zian se remet à faire des courses, la laissant souvent seule, car une épouse de guide n'accompagne pas son mari.

Un jour, alors que Zian s'absente pour plusieurs semaines, Brigitte décide  de rejoindre ses parents et se replonge dans son ancienne vie de luxe, pleine de plaisirs, de sorties et s'attarde dans cet univers qui somme toute, est le sien.

Zian, lui, affecté par ses problèmes de couple, fuyant la maison vide et inhospitalière prend le chemin de sa montagne, qui agit sur lui comme une thérapie, celle dans laquelle il peut oublier tous ses soucis. Il monte, grimpe, toujours émerveillé par le panorama féérique qui se déroule devant ses yeux éblouis. Enfin rasséréné, espérant en l'avenir il prend  le chemin du retour mais sa destinée le rencontre...

Au matin de ce troisième jour, ce fût comme la veille, le froid qui le tira de sa demi-léthargie. Il s'aperçut à la raideur de ses articulations, qu'il commençait à se refroidir. Il eût de la peine à se dresser sur son séant.

Il se rendit compte que ses pieds étaient bien atteints. Un instant, il envisagea ce que serait sa vie si on devait l'amputer. Mais l'optimisme l'emporta ce jour là. Qu'était-ce qu'un membre en moins quand on a la certitude de vivre?

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 31 Août 2020

Roger Frison-Roche, 1906-1999.

Issu d'une famille savoyarde, Roger Frison-Roche est séduit très tôt par la montagne qui le fascine. Il escalade plusieurs hauts sommets, comme le Grépon culminant à 3482 mètres dans le Massif du Mont-Blanc. C'est dire qu'il connait la montagne comme sa poche, les plus hauts sommets n'ont plus de secrets pour lui.  Il devient guide de Haute montagne à Chamonix et intègre la Compagnie des guides malgré son statut d'étranger. (Il est né à Paris).  Premier de cordée est le premier tome d'une trilogie. Suivent La Grande Crevasse, puis Retour à la montagne. Dans  ces trois récits qui se déroulent à Chamonix Frison-Roche décrit le paysage magnifique avec beaucoup de précision, comme il décrit également le métier de guide avec toutes ses joies et ses dangers, ainsi que la puissante solidarité qui unit ces hommes courageux. 

Premier de cordée

Pierre Servettaz chemine en direction du Col du Géant dans le Massif du Mont-blanc avec son oncle Joseph Ravanat. Bientôt ils s'arrêtent tous deux au refuge où ils apprennent une terrible nouvelle qui va bouleverser la vie de Pierre. Son père guide de haute montagne vient de trouver la mort au sommet du Dru. Or, Pierre est destiné à l'hôtellerie, vœu de son père, mais il manifeste un grand amour de la montagne et un don pour grimper sur les plus hauts sommets.

Il insiste donc pour aller chercher son père malgré sa secousse intérieure. Il s'agit d'une escalade difficile et périlleuse mais Pierre n'a aucune peur. Néanmoins sur cette paroi enneigée et verglacée survient un accident et Pierre, blessé, est obligé d'être redescendu par ses compagnons. Malheureusement sa chute lui a laissé des traces et Pierre se rend compte avec effroi qu'il souffre de vertige. Cela veut dire plus de grandes courses et un renoncement définitif à devenir guide. Il est atterré et sombre peu à peu dans une mélancolie profonde, malgré la présence d'Aline, sa fiancée et la compagnie des guides qui veille.

Finalement, c'est à force de volonté, de ténacité et de persévérance, et puissamment aidé par Georges à la Clarisse, handicapé des deux pieds depuis sa course avec Jean Servettaz au Dru, que Pierre, trouvera une solution à son douloureux problème.

Extraits Les cheminées succédaient aux fissures au cours de l'interminable ascension, et les grimpeurs aux prises avec les plus grosses difficultés atteignirent la fissure du Piton, simple fente entre deux dalles de granit par laquelle on peut s'élever de vingt mètres dans la paroi à pic.

Au début de l'été, le couloir n'est qu'une énorme pente de neige, et lorsque vient l'automne, il se transforme en un gigantesque pierrier incliné à quarante-cinq degrés, et tissé d'un fin réseau de canules de glace.

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 17 Août 2020

Georges Duhamel 1884-1966, élu à l'Académie française.

Le Notaire du Havre est le premier tome de la célèbre Chronique des Pasquier, cycle romanesque composé de dix romans décrivant l'histoire de cette famille au tournant du XXe siècle.

C'est Laurent Pasquier, futur biologiste, qui raconte l'histoire de sa famille dont il décrit tous les membres qui la composent; une famille ordinaire qui vit dans un petit appartement avec de petits moyens; famille dans laquelle personne ne se plaint car tout le monde accepte cet état de choses, soutenu par l'amour régnant dans ce logis. Du reste cette acceptation n'empêche nullement de rêver à un monde meilleur. En effet La famille Pasquier apprend le décès de Mme Delahaie, la mère de la maitresse de maison. C'est une nouvelle à la fois triste et joyeuse car la famille hérite. Il s'agit d'un héritage conséquent qui permettra aux Pasquier de vivre confortablement. Alors on fait des projets d'avenir, on se permet de rêver, d'élaborer des plans judicieux. Et on attend.

Mr Pasquier est bon père de famille et bon époux, genre bon enfant mais sans être stupide loin de là. D'ailleurs il poursuit des études de médecine. Toutefois il est capable de colères monumentales que tout le monde dans la famille appréhende. C'est son seul défaut.

Mme Pasquier veille sur son clan, particulièrement sur l'unité de la famille, attentive aux besoins des uns et des autres. On peut lui parler, se confier à elle. C'est une femme d'intérieur, comme il en existait à l'époque. Non dépourvue d'intelligence, elle cuisine, coud, raccommode car on ne jette rien on réutilise tout.

Laurent a un frère ainé, Joseph, qui choisira le domaine des affaires, une sœur: Cécile qui deviendra une grande musicienne; une autre qui sera comédienne; et Ferdinand qui ne fera rien de particulier.

Laurent nous parle aussi de ses voisins, une famille fragile et querelleuse dont un des enfants devient l'ami de Laurent, ce qui permet aux deux garçons des échanges qui les sortent d'eux mêmes.

La vie de la famille se poursuit, comme les autres familles avec des hauts et des bas, dans l'attente de la lettre du Notaire du Havre, lettre qui tarde à venir, qui tarde tant qu'on finit par se demander si elle arrivera un jour...

Extrait: Je l'ai dit, l'été finissait. Nous l'avions passé sur le balcon, sur le palier et, furtivement, dans les rues de notre quartier. L'été s'achevait. De nouvelles du Havre, point.

Extrait: Maman cousait, lavait, reprisait. Parfois, l’œil large ouvert , les lèvres écartées montrant sa denture qu'elle avait large et saine, le petit doigt séparé du reste de la main tirant l'aiguille, elle écoutait des choses que nous ne pouvions percevoir. Oh! des choses familières: le chantonnement du gaz sous la marmite, la fuite susurrante du robinet sur l'évier, peut-être même le bruit vivant du temps qui coule,...

Bois de Grans

 

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Rédigé par Alicia

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