Publié le 24 Septembre 2010

                                                                                           Eric-Emmanuel Schmitt 

    Recueil de quatre nouvelles toutes captivantes sur le thème de la rédemption, paru en 2010, qui a reçu Le Prix Goncourt de la Nouvelle:

 L'Empoisonneuse. Le Retour. Concerto à la mémoire d'un ange. Un amour à l’Élisée

     "Le Retour"

     Greg est marin. C'est un travailleur sérieux qui accomplit très scrupuleusement son ouvrage. Ce n'est pas un intellectuel. Sans être idiot, il a l'esprit quelque peu grossier, peu de choses l’intéressent en dehors de son dur labeur. Or, un jour, appelé par le capitaine du bateau, ce dernier lui apprend le décès de sa fille.   

Surpris, ne réalisant pas sur l'instant ce qui lui arrive, il se pose néanmoins cette question: laquelle? car il a quatre filles. Impossible d'en savoir davantage, le télégramme ne donne aucune précision.

    A partir de cet instant, cet homme simple, qui jusqu'alors ne s'est jamais interrogé, rentre en lui-même, plonge dans une réflexion profonde. Il songe à ses filles, se demandant avec angoisse laquelle est partie, se rendant compte subitement, dans ces circonstances dramatiques, qu'il fait des différences monstrueuses entre elles, qu'il a ses préférences. Il se rend compte aussi qu'il ne les connait pas. Quel père est-il donc? Il songe à sa femme et se dit qu'elle doit souffrir terriblement de cette perte atroce. Quel époux est-il donc?

   En observant son reflet, il s'analysait. Depuis toujours il vivait en mer pour échapper à la terre. En mer pour échapper à sa première famille, celle de son père ivrogne et de sa mère effacée. En mer pour échapper à sa seconde famille, celle qu'il avait fondée.

    Pourquoi n'avait-il pas dégotté le temps de fréquenter ses filles? Il menait une vie fruste, il n'était qu'une sorte de bête de somme, un bœuf qui labourait la mer.

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 19 Septembre 2010

                                                                                                Marcelle Sauvageot 

    Récit auto-biographique paru en 1934, peu de temps avant son décès.

La jeune femme, en ouvrant la lettre qu'elle tient dans ses mains, apprend qu'elle est abandonnée par son fiancé.  "Je me marie... notre amitié demeure" , lit-elle. Mais pour elle, cette amitié est impossible. On n'aime pas d'amitié après avoir aimé d'amour. Ce que son fiancé propose là, n'est jamais que le reflet d'une culpabilité. On sait que l'on blesse, que l'on fait mal, alors on propose une compensation pour avoir la conscience tranquille, pour faire croire aussi que le rejet n'est pas total. La jeune femme répond à son fiancé dans une longue missive dans laquelle elle lui rappelle ce qu'ils ont vécu ensemble, ainsi que les idées, celles en lesquelles son futur croyait avant d'en changer. Elle souligne entre autres, que souvent, quand on n'aime plus, ou quand l'amour s'estompe on se met alors à remarquer des imperfections chez l'autre que l'on n'avait pas remarquées jusque là, des traits de caractère qui plaisaient et qui subitement se transforment en défauts sous le jugement de celui qui n'aime plus. Elle met un point d'honneur à souligner la vérité, celle qui se cache derrière les mots et que l'on veut absolument dissimuler parce que l'on n'a pas le courage de la dire en face.

      "Seulement vous avez, pendant un temps si long, demandé à mon cœur de vous donner l'amour total qui donne et qui exige, l'amour de l'esprit, l'amour du corps... qu'il me paraît difficile d'effacer d'une chiquenaude ces tendances, ces désirs que j'ai pris, que j'ai aimés, que j'ai voulus. Vous ne désirez plus que la bonté; croyez-vous que nier le reste suffise pour qu'il n'existe plus?

    Un petit livre à connaître, qui se lit très vite, dans lequel la narratrice analyse courageusement sa souffrance physique et psychologique, décortique ses sentiments profonds, regarde la vérité en face.

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Rédigé par Alicia

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Publié le 2 Septembre 2010

                                                                                                      Émile Clermont

    L'auteur est né en 1880 et décédé en 1916 à l'âge de trente-cinq-ans.

Roman psychologique paru en 1910.

    Le narrateur qui est un jeune homme d'une vingtaine d'années livre à son ami en une longue confession l'histoire d'amour qu'il a eu avec Hélène Veillère, une jeune fille de la haute société. Très tôt, quand il était encore adolescent, cette jeune personne l'avait touché par sa beauté et son intelligence. Devenu adulte, il n'a donc de cesse de la rencontrer car, dit-il, il ne peut se passer d'elle. Et ce sont de longs conciliabules dans lesquels le jeune homme cherche à percer l'âme de la jeune fille, la persuadant que le véritable amour, le total, se livre complètement. Hélène joue le jeu car jusqu'alors, personne ne lui a parlé de la sorte et elle trouve dans cette relation de quoi satisfaire le plus profond de son être. Mais petit à petit, pour des raisons qu'il ne peut expliquer clairement, le jeune homme recule, et tout en continuant à sonder l'âme sensible de la jeune fille lui-même ne se livre plus. Il continue d'affirmer sa passion à Hélène jusqu'au don total de la jeune femme, mais il refuse de s'engager. Ce comportement malsain qui consiste à se jouer des sentiments de la jeune fille finira par avoir raison de l'équilibre d'Hélène.

    "Les voilà finis les premiers temps de cet amour, traversés sans doute par bien des nuages, cependant frais, riant sous leur brume, et qui étincellent au fond de ma mémoire comme une rivière dans les clartés de l'aube; les voilà finis ces jours incertains, ces sentiments encore hésitants et voilés. J'étais résolu à briser mon inclination pour Hélène."

    Une très belle œuvre à l'écriture riche décrivant précisément les méandres de l'âme tourmentée du jeune homme et la confusion de ses sentiments. Émile Clermont s'étend également sur de très belles représentations de la nature, qui embellissent l'histoire

 

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Rédigé par Alicia

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