Publié le 28 Octobre 2009
Georges Simenon
Monsieur Monde quitte sa maison ce matin- là comme à l'accoutumée. Il est las. il courbe les épaules, accablé par de lourds fardeaux, il n'en peut plus, il souffre d'un manque de reconnaissance. Aujourd'hui c'est son anniversaire. Mais va t-on penser à le lui souhaiter? Soudain l'idée de s'en aller le saisit et il prend le train pour aller loin, très loin de tous ses problèmes qui lui pèsent tant.
Seul, il revoit sa vie. il n'a jamais voulu faire autrement que tout le monde: il s'est marié, a eu des enfants, une bonne situation, alors qu'est ce qui n'a pas marché?
Dans le Midi, il rencontre une femme qu'il secourt et qui lui procure un travail, il retrouve aussi sa première épouse tombée dans une situation difficile et qu'il secourt également.
Pendant qu'il prend soin de cette dernière, il se surprend à penser à sa famille. et constate qu'il la voit autrement; il parvient enfin à la regarder de façon juste. L'isolement dans lequel il a vécu pendant ces quelques mois lui a ouvert les yeux sur certaines réalités, lui a donné de la force, et désormais, il se sait capable de maîtriser sa vie et tout ce qui en découle.
"Des larmes jaillissaient de ses paupières closes, qu'elles gonflaient au passage. Ce n'étaient pas des larmes ordinaires. Elles jaillissaient sans fin, tièdes, et idéalement fluides, d'une source profonde, se pressaient à la grille des cils et roulaient enfin, libérées le long des joues, non en gouttes isolées, mais en ruisseaux zigzagants...
"C'était tout. Il était détendu. Il était dans la vie, aussi souple, aussi fluide que la vie."
J'ai bien aimé le personnage de monsieur Monde que j'ai trouvé très attachant dans son humanité, attentif à l'autre, sensible et discret.