Publié le 28 Juin 2019

Alice du Gard  
La soixantaine, les cheveux couleur paille, bien en chair, elle va et vient  presque sans discontinuer. Toujours active, infatigable elle vaque à ses occupations tout en donnant ses ordres avec autorité; elle fait bien comprendre que c'est elle la patronne. Et la petite femme, menue, fluette, s'empresse, craintive, de satisfaire cette rombière qui, fière de sa position sociale, l'écrase de ses regards hautains et méprisants. Le travail est fatiguant, d'autant plus que la bourgeoise est maniaque. Il s'agit de ne pas laisser le moindre grain de poussière sur le sol, le bambin qui va bientôt arriver risque de s'empoisonner, le pauvre chéri ! ! ! La petite femme se demande ce qu'elle fait là? Elle sent qu'elle n'est pas à sa place, qu'elle a mieux à faire, qu'elle est capable d'occuper une situation plus intéressante. Elle se sent blessée de se trouver dans une position d'infériorité qui permet à l'autre de la considérer comme une personne de moindre importance, alors qu'elle sait qu'elle a plus de valeur qu'il n'y parait.
Seulement voilà, quand on ne fait que du ménage, on est systématiquement perçu comme quelqu'un de dédaignable; même si le travail en lui-même n'a rien de honteux et de déshonorant. Alors la petite femme prend son mal en patience, sachant que les idées erronées ont la vie dure, et tout en s'appliquant malgré tout à la tâche, relève la tête et reprend confiance en elle. Et du reste que lui importe cette vieille mégère?

 

Voir les commentaires

Rédigé par Alicia

Publié dans #Autres, #Ecriture

Repost0

Publié le 26 Juin 2019

    Docteur en sciences naturelles, écologiste, mais aussi penseur, philosophe et théologien, Théodore Monod, (1902-2000), était un grand spécialiste du désert, particulièrement du Sahara, qu'il a parcouru pendant plusieurs années à dos de dromadaire. Il a écrit "Les Méharées" qui sont des récits de voyage décrivant ses pérégrinations dans les ergs. Également grand humaniste il s'est battu contre les frappes nucléaires et le militarisme. Théodore Monod était aussi engagé contre la corrida et la chasse.

      La citation suivante est d'un réalisme évident et cet homme pleurerait sans doute s'il lui donnait de voir ce qui se passe sur cette planète.

 
   Il n'est pas interdit d'espérer. Lorsqu'on me demande de parler de l'au-delà, et compte tenu de mon âge c'est une question qui doit m'intéresser, je réponds que je ne sais pas. Je n'ai donc rien le droit d'affirmer. En revanche, j'ai le droit d'espérer. L'espérance est une fonction très spéciale et personne ne peut me l'enlever. J'ai donc le droit d'espérer que les hommes prennent demain la mesure des dangers qui viennent menacer l'espèce humaine dans son devenir. A moins qu'ils ne choisissent de se détruire par excès de stupidité ou d'imprudence. L'espèce humaine disparaîtrait, comme autrefois les dinosaures ou les ammonites ont disparu, et céderait discrètement la place au groupe suivant.

    Révérence à la vie

Theodore_Monod.jpg

Voir les commentaires

Rédigé par Alicia

Publié dans #Citations, #Autres

Repost0

Publié le 11 Juin 2019

Manzoni

L’histoire se déroule en Lombardie entre 1628 et 1630, au temps de la domination espagnole. On oblige Don Abbondio, curé d’Acquate, un petit village sur le lac de Côme, à ne pas célébrer le mariage de Renzo Tramaglino et Lucia Mondella, dont s’est épris Don Rodrigo, petit seigneur local. Contraints par les puissants du coin à quitter leur petit village, Lucia et sa mère Agnès, aidées par le père Christophe se réfugient au couvent de Monza, tandis que Renzo se rend à Milan dans l’espoir d’obtenir gain de cause. Don Rodrigo fait alors enlever Lucia par l’Innominato, un autre seigneur qui exécute sans scrupules toute la sale besogne. Mais la vue de la jeune fille, si injustement tourmentée, et l’arrivée du cardinal Borroméo provoquent en lui une profonde crise de conscience : au lieu de mettre la jeune fille dans les mains de Rodrigo, il la libère. Entre-temps, Renzo est arrivé à Milan, alors que des émeutes éclatent partout dans la ville. Il est alors pris pour l’un des chefs de file de ces émeutes et se voit obligé de fuir à Bergame. La Lombardie est déchirée par la guerre et la peste, mais Renzo retourne à Milan pour retrouver sa fiancée. Il retrouve Lucia dans un dispensaire aux côtés du père Christophe qui soigne les infirmes, parmi lesquels, abandonné de tous, se trouve Don Rodrigo mourant.

L’innominato, c’est-à-dire l’Innommé, est l’une des figures les plus complexes et intéressantes du roman. C’est un personnage qui a réellement existé et à qui l’auteur fait vivre un drame intérieur qui prend racine dans les méandres de l’âme humaine. C’est à lui que Don Rodrigo va confier la mission d’enlever Lucia. En proie à une crise intérieure, l’Innominato voit en sa rencontre avec Lucia un signe, une lumière qui le porte à se convertir. C’est seulement dans un esprit tel que celui-ci — ne connaissant pas de demi-mesure — qu’une crise intérieure peut mener à un changement aussi radical. Pendant la nuit où Lucia est prisonnière au château, le désespoir de l’Innominato atteint son comble, à tel point qu’il pense même au suicide. C’est alors que la pensée de Dieu et les paroles de Lucia le sauvent et lui ouvrent la voie de la miséricorde et du pardon.
 
Don Rodrigo
est un petit seigneur qui s’est épris de Lucia et qui, par pur caprice, ne veut l’avoir que pour lui. Il représente l’expression humaine et le symbole de son siècle, il ne revêt pas une charge spéciale, mais il est l’un des nombreux petits nobles, parmi tant d’autres. Son caractère, qui n’est en rien ferme et décidé, reflète passivement et fidèlement les injustices sociales de l’époque. On ne trouvera aucune description physique ou morale de Don Rodrigo, bien qu’il soit le déclencheur de toutes les péripéties à venir. On ne le connaît qu’au travers des symboles et des attributs de sa force et de son autorité : sa demeure, ses serviteurs et ses actions. Mauvais génie de toute l’action, certain que sa situation sociale et l’appui de personnes influentes lui assureront l’impunité, il ne connaît qu’une loi : la loi du plus fort. Bien qu’étant mauvais, il n’a pas le courage de ses actions, trop inquiet de leurs possibles conséquences. Après les menaces du père Christophe il aurait certainement volontiers renoncé à ses plans, mais il ne persévère que pour une question d’orgueil. Trop lâche pour agir lui-même, il recourt à l'Innomé pour accomplir son plan machiavélique. Mais la conversion de ce dernier bouleverse l’ordre des choses et contraint Don Rodrigo à fuir et à se cacher.
 
Don Abbondio
Curé du petit village de Renzo et Lucia, Don Abbondio devait unir par le mariage les jeunes fiancés, mais, effrayé par Don Rodrigo, il refuse de célébrer les noces, ce qui va entrainer une multitude de problèmes pour les jeunes gens.Toute la vie de Don Abbondio est régie par son principal défaut : la peur. Son histoire n’est autre que l’histoire de sa peur et de toutes les manifestations au travers desquelles elle se révèle. Lâche, mesquin, égoïste, ce n’est pourtant pas un homme mauvais, mais pas un homme bon non plus. Il vit tourmenté par la peur, il voit des obstacles même là où il n’y en a pas et l’angoisse d’en sortir indemne le rend incapable de prendre position entre le bien et le mal. Même quand les paroles du cardinal semblent allumer en lui une petite flamme, cela ne suffit pas à contrebalancer sa peur.
Inspiré de Wikipédia
 
Lucia est une jeune fille douce, aimante, sensible, quelque peu bigote, elle est le symbole de la pureté.
Renzo est un jeune homme droit, intègre mais impulsif, ce qui lui occasionne de bien gros problèmes.
 
Le couvent de Monza où se réfugie Lucia est dirigé par Mère Gertrude, une religieuse dont la vie est décrite par Manzoni comme La Religieuse de Diderot dont il s'est inspiré. Passage très intéressant; Du reste tous les personnages sont captivants touchants et pathétiques. L’œuvre de Manzoni est très riche et nous renseigne abondamment sur l'Italie de l'époque.
 
 Plus bas, à l'horizon, s'étiraient en longues lames inégales, quelques nuages, entre l'azur et le brun, et les plus bas s'ourlaient par-dessous comme d'une bande de feu, qui se faisait de plus en plus vive et plus éclatante; au midi d'autres nuées enchevêtrées, légères et comme veloutées, allaient s'illuminant de mille couleurs sans nom; c'était le ciel de Lombardie, si beau, lorsqu'il est beau, si splendide, si plein de paix.
Lac de Côme

 

Voir les commentaires

Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature italienne

Repost0

Publié le 3 Juin 2019

Une belle découverte que celle du cimetière Abney Park dans le quartier Hackney à Londres, aménagé au XVIII ème siècle par Lady Mary Abney. C'est un cimetière singulier dans lequel les tombes sont éparpillées dans un petit bois. On s'y retrouve dans un calme qui appelle à la méditation et au délassement.

Cimetière protestant, le pasteur méthodiste William Booth,(1829-1912) et sa femme Catherine, les fondateurs de l'Armée du Salut, y sont inhumés; mais aussi Albert Chevalier, comédien de music-hall, chanteur et acteur; Herbert Campbell, comédien; Franck Bostock dresseur de fauves, dont la tombe est surmontée d'un lion; des hommes politiques ayant milité contre l'esclavage. Deux cent mille personnes sont enterrées là.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Alicia

Publié dans #Promenades

Repost0

Publié le 2 Juin 2019

 Leconte de Lisle

Les prés ont une odeur d’herbe verte et mouillée,
Un frais soleil pénètre en l’épaisseur des bois,
Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
Et les nids palpitants s’éveillent à la fois.

Les cours d’eau diligents aux pentes des collines
Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
Ils chantent au milieu des buissons d’aubépines
Avec le vent rieur et l’oiseau du matin
.

Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses,
L’aube fait un tapis de perles aux sentiers,
Et l’abeille, quittant les prochaines yeuses,
Suspend son aile d’or aux pâles églantiers.

Sous les saules ployants la vache lente et belle
Paît dans l’herbe abondante au bord des tièdes eaux ;
La joug n’a point encor courbé son cou rebelle,
Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux.

Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries
Qui vers l’horizon bleu coule à travers les prés,
Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies,
Hume l’air qui l’enivre, et bat ses flancs pourprés.

La Terre rit, confuse, à la vierge pareille
Qui d’un premier baiser frémit languissamment,
Et son œil est humide et sa joue est vermeille,
Et son âme a senti les lèvres de l’amant.

O rougeur, volupté de la Terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le cœur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !

Assez tôt, tout baignés de larmes printanières,
Par essaims éperdus ses songes envolés
Iront brûler leur aile aux ardentes lumières
Des étés sans ombrage et des désirs troublés.

Alors inclinez-lui vos coupes de rosée,
O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours !
Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée,
Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !

"Poésies diverses."

 

Voir les commentaires

Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes

Repost0