Publié le 24 Décembre 2010
Publié le 12 Décembre 2010
Jack London
Roman en grande partie autobiographique, publié en 1909.
Martin Éden a vingt ans. Il est issu d'un milieu ouvrier. Maladroit et rustre mais pourvu d'une très grande intelligence
Ce soir là, il est invité à diner par un jeune homme de la haute bourgeoisie qu'il a secouru. Tout lui plait dans cette maison huppée: l'ambiance feutrée, la conversation et particulièrement la jeune fille de la maison dont il tombe immédiatement amoureux. Conscient de ne pas être à la hauteur de Ruth, et saisi d'un désir de devenir comme sa famille il se met en devoir de pallier à tous ses manquements en se mettant à l'étude. Et il étudie tout, à fond, pour comprendre la marche du monde. Sensible à la poésie, il écrit lui-même quelques vers.
D'approfondir ses connaissances l'éloigne de plus en plus de son milieu d'origine. Toutefois malgré le changement notoire de Martin Éden les parents de Ruth refusent catégoriquement que leur fille s'engage avec cet homme d'un milieu inférieur au leur. Ruth, elle-même ne comprend nullement son fiancé quand celui-ci se met à écrire dans le but de devenir écrivain. Pour elle aussi, l'écriture n'est pas un métier. Mais Martin Éden a ce don d'écrire et il refuse donc de renoncer à ce qui lui tient le plus à cœur: partager avec les autres ses nombreuses connaissances. Et il continue d'écrire persévérant envers et contre tout, porté par une foi profonde en ce qu'il fait, sachant que ses écrits sont bons. Néanmoins, seul, complètement incompris, même des rédacteurs, il ne parvient pas à publier la moindre pièce. Et c'est quand tout devient désespéré, que son cœur est malade, que le succès tant attendu arrive. Du jour au lendemain il devient célèbre, et il a l'étonnante surprise de constater que ceux-la même qui affichaient à son encontre le plus parfait mépris lui ouvrent grand leur porte. Martin Éden ne comprend pas cette attitude, et ne cesse de se répéter que du temps où il n'était pas connu il avait déjà tout écrit.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Martin Éden que j'ai trouvé touchant dans sa persévérance à écrire coûte que coûte malgré les oppositions et les incompréhensions de toutes sortes, la foi dans ce qu'il faisait et bien sur, sa grande intelligence qui le plaçait bien au-dessus des autres. Le drame de Martin Éden est de ne pas avoir saisi, que doué comme il l'était, il ne pouvait s'entendre avec le commun des mortels à cause de son ingéniosité, et que même sa fiancée, pourtant aimante, ne pouvait pas le comprendre.
Si Martin Éden n'a pas vu qui était réellement Ruth, cette dernière n'a pas su voir qu'elle avait à faire à un être exceptionnel. Ne sortant pas de son milieu étriqué, elle ne pouvait pas concevoir qu'il puisse exister quelque chose de bien, ailleurs que chez elle. Son idée était de modeler cet homme qui lui plaisait, à l'image de son père. Dans ces conditions le sentiment qui les animait tous deux était plus une illusion que de l'amour.
Extrait.
"Martin en vint à s'interroger sur le bien-fondé de sa popularité. C'étaient les bourgeois qui achetaient ses livres et remplissaient sa bourse; or, d'après le peu qu'il savait d'eux, il lui semblait impensable qu'ils puissent apprécier ou seulement comprendre ce qu'il écrivait." L'idée qu'il se faisait de la beauté n'avait aucun sens pour les centaines de milliers de lecteurs qui l'acclamaient."
Je vais vous dire ma façon de voir. Quand j'étais tout ce que je suis maintenant, les gens de ma propre classe ne s'intéressaient pas à moi. quand j'ai écrit mes livres, les gens qui ont lu mes manuscrits ne s'y sont pas intéressés. Ce que j'écrivais leur semblait encore plus insignifiant que ma personne. Le simple fait que j'écrive semblait à tout le monde... comment dire? déplacé. " Cherche du boulot", c'était tout ce qu'on trouvait à me dire."