Publié le 16 Novembre 2020

Pearl Buck (1882-1973)

La terre, la bonne terre qui produit abondamment et qui nourrit son homme. C'est elle la véritable héroïne de ce bon roman qui nous raconte la vie des paysans en Chine au XIXe siècle.

Wang Lung aime la terre et reconnait tous ses bienfaits. Pour lui c'est certain on ne peut pas s'en passer, elle est étroitement liée à l'homme. Toutefois il a besoin d'une épouse qu'il va chercher dans la Grande Maison, celle des riches, où O-len est esclave. O-len est laide mais peu importe, son rôle premier est de procréer, des fils de préférence, les filles ne valant rien, ne sont pas considérées. Après trois fils Olen donne le jour à une fille et dit:" C'est terminé encore une fois. Ce n'est qu'une petite esclave, ce coup-ci...cela ne vaut pas la peine d'en parler. Wang Lung resta muet. Il eut le sentiment d'un malheur. une fille!"

Wang Lung travaille assidument sa terre et la fait fructifier; l'argent entre dans la maison et tout va pour le mieux. Malheureusement les dieux cessant d'être favorables, une sécheresse survient entrainant une terrible famine. Wang Lung est obligé de partir à la ville pour ne pas mourir de faim lui et sa famille. Il trouve un travail pénible tandis que Olen et ses enfants n'ont pas d'autre choix que de mendier. "Moi et les enfants nous pouvons mendier et le vieux aussi. Ses cheveux gris toucheront peut-être ceux qui ne me donneraient pas."

De retour dans sa chère terre qu'il a agrandie au fils du temps, en achetant petit à petit des parcelles, il doit faire face à une invasion de sauterelles puis à une énorme inondation. "Durant toute la fin du printemps et le début de l'été l'eau monta et elle finit par s'étaler comme une grande mer, riante et paresseuse, reflétant les nuages et la lune, les saules et les bambous aux troncs submergés."

Puis ses fils devenus adultes ne suivent pas le chemin de la paysannerie. En effet Wang Lung a cru bon de faire d'eux des lettrés, alors, pour eux, mettre leurs belles mains dans la terre et devenir de vrais rustres...

Devenu un riche  propriétaire foncier et possédant une main d’œuvre de choix, Wang Lung se permet de prendre une deuxième épouse, ce qui n'est pas du goût d'O-len qui se défend en faisant remarquer à son mari qu'elle ne mérite pas un tel traitement car elle lui a engendré des fils, qu'elle l'a puissamment secondé dans son labeur et qu'elle a contribué dans une large part à la prospérité du domaine. Mais Wang Lung ne voit rien de tout cela; à ses yeux O-len n'est jamais qu'une femme à son service, qu'il utilise comme un objet et dont la laideur le répugne. O-len use donc de différents stratagèmes pour rendre la vie impossible à l'autre et de ce fait Wang Lung n'ayant pas la paix chez lui, est obligé de trouver des solutions d'arrangement: . Finalement" les deux femmes prirent chez lui leurs places respectives. Lotus était son jouet et son amusement et satisfaisait son désir de beauté; O-len était sa femme de travail et la mère qui avait engendré ses fils et qui tenait son ménage et le nourrissait ainsi que son père et ses enfants."

Le temps passant Wang Lung, vieillissant, afferme ses terres, et se contente d'en récolter le produit. Il s'installe avec sa famille dans la grande maison des riches dans laquelle, jeune, il avait pénétré, honteux et confus. Cela le réjouit mais ce n'est pas pour autant que sa recherche de paix sera satisfaite; car il devra constamment régler les conflits et les fantaisies de sa nombreuse progéniture.

Ce que j'en pense: Wang Lung est un personnage intéressant. Certes on n'apprécie pas son comportement envers la pauvre O-len, qu'il pleure tout de même à sa mort, mais son amour de la terre, la connaissance qu'il en a, sa pugnacité au travail, font de lui un homme dont on aime suivre l'évolution.

L’œuvre, publiée en 1931, est prenante et donne envie de lire la suite: "Les fils de Wang Lung" et "La famille dispersée"

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 11 Novembre 2020

 
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
 
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes, #Littérature française

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Publié le 11 Novembre 2020

Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-1918

Joseph Gilles était un ouvrier agricole landais qui écrivait chaque jour à sa femme Corine. Il a été tué par un éclat d'obus, au moment de la relève, sur le front le 20 aout 1916. Il venait d'avoir trente- six ans.

Le 6 aout 1916.

Aujourd'hui, dimanche, repos complet; messe militaire à 9 heures dans l'église de Cérisy, j'y suis allé. Tu dois te penser,  ma chère Corine; moi qui n'allais pas souvent à la messe avant la guerre, maintenant j'y vais toutes les fois que j'ai l'occasion. Tu vas être obligée de croire que je suis redevenu  chrétien. Et bien, entre les deux, je veux qu'il n'y ait rien de caché, je veux te faire savoir tout ce que je pense et tout ce que je fais.

Je vais à la messe parce que le danger m'a effrayé, et m'a fait réfléchir à des choses auxquelles je ne voulais guère penser avant la guerre.

Lorsque j'étais avec toi, j'étais pris par mon travail, et je voulais en même temps me passer quelque plaisir, et je ne réfléchissais guère à ce qui devait m'attendre ici. Je ne pensais qu'au présent. Mais lorsque je me suis vu privé de tous les plaisirs, quand les obus et les balles m'ont mis devant la mort,et c'est aussi en prenant les longues heures de garde au créneau que j'ai eu le temps de réfléchir, et maintenant j'ai pris au sérieux ces croyances avec lesquelles j'ai discuté si souvent avec les camarades. Voilà comment ça se passe et que l'on dise ce qu'on voudra, je sais que tu seras de mon avis.

Joseph Gilles.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Lettres

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