Publié le 4 Avril 2013
Kathrine Kressmann Taylor
Premier livre de cet auteur dans lequel elle raconte par le biais d'une correspondance épistolaire l'amitié de deux amis dans l'entre-deux guerres.
Max est américain et juif, Martin est allemand. Ils sont tous deux associés dans une affaire de vente de tableaux qui fonctionne bien. Au début de cette correspondance, le ton des lettres est cordial, sympathique, on sent qu'il y a là une amitié véritable qui lie les deux hommes. Mais la situation de l'Allemagne est fragile, la nation ne s'est pas relevée de la défaite qu'elle a essuyé lors de la première guerre. Et justement un homme puissant se lève qui prétend rendre au pays sa splendeur d'autrefois et assurer le redressement de son économie. Martin qui occupe une situation privilégiée dans la société croit en Adolph Hitler et s'engage à fond dans le nazisme, convaincu que le Furher est la solution à tous les problèmes du peuple allemand. Et qu'importe tout ce qu'il entend dire au sujet des juifs. Dans ces conditions, et petit à petit, le ton des lettres change, Martin finit par dire à son ami qu'il ne veut plus correspondre avec lui, il ne veut plus avoir à faire avec un juif.
Cependant la sœur de Max qui est comédienne, va se produire à Berlin, mais au bout d'un certain temps, ne donne plus de nouvelles. La dernière lettre qu'il lui a envoyé lui est retournée avec la mention :"inconnu à cette adresse". Inquiet, Max décide d'écrire à nouveau à son ami malgré l'interdiction, pour le supplier de secourir sa sœur; mais ce dernier lui répond froidement et d'une indifférence notoire que sa sœur a disparu dans des conditions tragiques. Désormais, fou de douleur, et comprenant que Martin ne se soucie plus de lui, Max entreprend de poursuivre sa correspondance en dépit du danger qui menace Martin.
J'ai trouvé ces lettres poignantes particulièrement par leur contenu. La situation de Max, et au-delà de lui, celle des juifs, donne à espérer que son appel au secours sera compris, entendu. Que Martin ne peut pas faire autrement que de répondre positivement. Mais il n'en est rien. Martin ne pense qu'à lui, à sa famille, à sa situation. On ne peut que le trouver odieux. Pourtant lui-même se trouve enfermé dans le piège du nazisme qu'il a suivi, auquel il a cru, auquel il a donné beaucoup. Les supplications qu'à son tour il envoie à Max pour qu'il arrête cette correspondance assassine restent lettres mortes.