Publié le 16 Septembre 2020
Roger Frison Roche 1906-1999
Troisième tome de la trilogie.
Brigitte, anéantie, bouleversée, revient à Chamonix, mais il est trop tard. Dès son retour elle sent l'hostilité des habitants, et particulièrement celle des guides qui l'accusent d'être la cause de la mort de Zian. Pourquoi n'était-elle pas là, à ses côtés quand il avait besoin d'elle, comme toutes les épouses? "Que voulez-vous? (dit le médecin), Tout est contre vous, votre départ inexpliqué, votre absence prolongée. Et qui donc leur fera admettre que vous ignoriez l'accident, que vous n'êtes revenue qu'à l'ultime moment, trop tard, par obligation, que... De plus, en épousant Zian, Brigitte a entrainé son mari dans la trahison de la règle qui veut qu'on ne se marie qu'entre montagnards.
Reconnaissant la méconnaissance qu'elle avait du milieu et la vanité de son ancienne vie, Brigitte décide de rester coute que coute à Chamonix, en dépit de la désapprobation de ses parents et de la colère des guides, pour élever son enfant. Le chemin est rude car on a tissé autour d'elle comme un voile opaque. Mais elle persévère et petit à petit, fait sa place au milieu de ces gens en participant à leurs travaux, en s'adaptant à leurs mœurs, à leur façon de vivre.
Puis, pour subvenir à ses besoins, (car elle a rompu avec sa riche famille), Brigitte prend le gardiennage du refuge de Leschaux, situé à 2400 mètres d'altitude. Il est le point de départ de courses longues et pénibles, ainsi que de la face nord des Grandes Jorasses. Il y a donc peu de monde qui s'arrête au refuge et Brigitte se trouve la plupart du temps dans une grande solitude. C'est Peau-d'Ane, un porteur, qui lui apporte régulièrement ce dont elle a besoin en ravitaillement et en charbon.
Cependant, un soir, à sa grande surprise, elle aperçoit deux silhouettes, qui, au lieu de bifurquer en direction du refuge du Couvercle, s'avance vers Leschaux. Ce sont deux jeunes allemands dont le but est de s'attaquer à l'éperon Walker, culminant à 4200m dans les Grandes Jorasses, et jusqu'à ce jour invaincu. Les deux hommes quittent le refuge vers 23 heures et le matin Brigitte peut les suivre avec ses jumelles. Mais le temps se couvre et ne présage rien de bon. Brigitte et Peau-d'Ane, inquiets, se sentant responsables, décident le lendemain de partir à leur recherche.
Allaient-ils s'engager, eux aussi, dans l'inévitable? songeait Brigitte.
Déjà ils gravissaient l'arête enneigée en direction de la grande paroi. Puis ils trouvèrent de la glace vive; les grandes difficultés commençaient, mais il y avait encore quelques traces des marches taillées par les Bavarois. Ils les utilisèrent.
Franchir la barre rocheuse n'était rien-un bon rappel de corde! Mais au-dessous, les névés paraissaient, terriblement inclinés, et les marches peu sûres.