Stefan Zweig
Recueil de trois nouvelles:
Destruction d'un cœur. La gouvernante. Le jeu dangereux.
Salomonsohn est un vieil homme très occupé, qui consent à accompagner pour une fois sa femme et sa fille unique en vacances dans un endroit charmant. En sortant dans le couloir pendant la nuit, pour soulager la douleur lancinante qui le tenaille sans cesse, il surprend une ombre féminine sortant d'une chambre qui n'est pas la sienne. Il réalise que cela ne peut être que sa fille, sa fille chérie et cette découverte le bouleverse complètement. Comment a t-elle pu?
A cause de l'image idéale qu'il s'est fait de sa fille, ce père est cruellement déçu par ce comportement qu'il juge licencieux, mais pour autant, il ne parvient pas à parler à son enfant, comme il devrait le faire, pour éclaircir cette ténébreuse affaire. Il laisse dès lors courir son imagination, s'enferme en lui-même et regarde sa vie. Il constate qu'il n'a jamais vécu que pour sa famille qui, il le voit bien, ne fait montre envers lui, d'aucune reconnaissance, pire, fait comme s'il n'était pas là. A partir de ce moment, ce père aimant, mais incompris, sombre dans une profonde mélancolie, proche de la mort. La mort du cœur qui délivre de toute oppression de toute angoisse, de toute terreur, celle qui permet à l'être humain de survivre dans le plus grand désarroi. Il écoute attentivement son cœur, son cœur qui bat, qui véhicule le sang qui donne la vie. Puis, peu à peu, le silence s'installe, plus aucun bruit, non plus qu'aucune souffrance, plus de douleur, la paix, la délivrance.
"Et, brusquement, voici qu'un affreux silence se produisit à l'endroit où, tout à l'heure encore, se trouvait ce cœur chaud et coulant goutte à goutte: il y avait là une fissure, un vide sinistre et glacé."... Aucune douleur ne le tiraillai plus, aucun souvenir ne crispait plus ses nerfs torturés; tout, dans on être, était là muet, rigide et pétrifié."...." Rien ne le tourmentait plus, plus rien de douloureux: sans doute, tout son être était maintenant vide et noir comme le creux d'un arbre consumé par le feu."... Et tout à coup, il lui sembla être déjà mort...
Cette nouvelle est bouleversante par la description que fait Stefan Zweig du profond désespoir de cet homme sensible, qui le pousse à s'enfoncer irrémédiablement dans des régions obscures du cœur dans lesquelles nul ne peut plus l'atteindre.