Publié le 16 Avril 2019

Victor Hugo

Admirateur de l'édifice  Victor Hugo, a écrit Notre-Dame de Paris pour sensibiliser le public à la beauté de ce monument, car la cathédrale délabrée, était menacée de démolition.

Ce quinze avril un gigantesque incendie a endommagé sérieusement la cathédrale Notre-Dame.

Dans l'extrait ci-dessous, les truands, en grand nombre veulent forcer l'entrée de l'église pour reprendre Esméralda qui s'y est réfugiée; mais Quasimodo se trouve au sommet...

Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église...

Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux

clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure. À mesure qu’ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s’élargissaient en gerbes, comme l’eau qui jaillit des mille trous de l’arrosoir. Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel. Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait remuer à l’œil. Il y avait des guivres qui avaient l’air de rire, des gargouilles qu’on croyait entendre japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée. Et parmi ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui marchait et qu’on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une chauve-souris devant une chandelle. Sans doute ce phare étrange allait éveiller au loin le bûcheron des collines de Bicêtre, épouvanté de voir chanceler sur ses bruyères l’ombre gigantesque des tours de Notre-Dame."

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français

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Publié le 11 Avril 2019

Honoré de Balzac

Monsieur Guillaume, drapier de son état, s'y connait bien en affaires et réussit très honorablement à gérer sa boutique du Chat-qui-pelote qui lui assure une situation aisée. Sa femme travaille aussi dans ce commerce et veille en plus sur ses deux filles: Virginie et Augustine que les parents comptent bien établir avantageusement.

Malheureusement les choses ne vont pas comme monsieur Guillaume l'entend. La cadette, Augustine est remarquée par un artiste peintre très célèbre, qui tombe amoureux d'elle dès qu'il la voit, car étant très jolie, elle l'inspire pour son art. D'ailleurs il fait d'elle un portrait qui rapporte un grand succès. Augustine, charmée de tant d'attentions,  se marie avec Théodore de Sommervieux malgré les réticences de ses parents : "Monsieur Guillaume s'élevait singulièrement contre cette déplorable passion. Ses axiomes favoris étaient que, pour trouver le bonheur, une femme devait épouser un homme de sa classe."

La première année du mariage s'écoule en plein bonheur, Augustine est fêtée dans ce milieu aristocratique, comme une reine. Puis petit à petit les choses changent. Théodore de Sommervieux, en reprenant son travail se rend compte progressivement que sa femme ne comprend rien à l'art. "Enfin, Théodore ne put se refuser à l'évidence d'une vérité cruelle: sa femme n'était pas sensible à la poésie, elle n'habitait pas sa sphère, elle ne le suivait pas dans ses caprices,dans ses improvisations, dans ses joies, dans ses douleurs, elle marchait terre à terre dans le monde réel, tandis qu'il avait la tête dans les cieux. Les esprits ordinaires ne peuvent pas apprécier les souffrances renaissantes de l'être qui, uni à un autre par le plus intime des sentiments, est obligé de refouler sans cesse les plus chères expansions de sa pensée... Pour lui, ce supplice est d'autant plus cruel, que le sentiment qu'il porte à son compagnon ordonne, par sa première loi, de ne jamais rien se dérober l'un à l'autre, et de confondre les effusions de la pensée aussi bien que les épanchements de l'âme" Inévitablement un fossé se creuse entre les deux conjoints, car leurs différences de milieu et d'éducation sont trop importantes et difficilement corrigeables.

Augustine, désemparée est saisie d'une profonde mélancolie et comprend trop tard "qu'il est des mésalliances d'esprit aussi bien que des mésalliances de mœurs et de rang".

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français

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Publié le 9 Avril 2019

Stéphane Mallarmé

Le printemps maladif a chassé tristement
L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,
Et, dans mon être à qui le sang morne préside
L’impuissance s’étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau
Et triste, j’erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane

Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…
– Cependant l'azur rit sur la haie et l’éveil
De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes

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Publié le 6 Avril 2019

Vercors

Une nouvelle inspirée de faits réels que Vercors écrit comme un hommage à la résistance.

Pendant la deuxième guerre mondiale, un oncle et sa nièce sont contraints d'héberger chez eux un officier allemand auquel ils opposent un silence obstiné en guise de protestation. Mais l'allemand, dans une volonté de s'entendre avec ses hôtes et de dépasser l'inimitié entre les pays ennemis, leur tient patiemment, chaque jour, un discours dans lequel il parle de la beauté de la France, de ses grands écrivains, de son amour pour elle. Il parle  de l'Allemagne, du conflit franco-allemand dont il est sûr qu'il aboutira à la paix entre les deux pays. Étant musicien, son extrême sensibilité à l'art, lui cache la réalité morbide des évènements. " Pardonnez-moi: peut-être j'ai pu vous blesser. Mais ce que je disais, je le pense avec un très bon cœur: je le pense par amour pour la France. Il sortira de très grandes choses pour l'Allemagne et pour la France. Je pense, après mon père, que le soleil va luire sur l'Europe." Hélas arrive le temps où il devra déchanter car on lui fait comprendre ce qu'est vraiment l'intention des nazis." Tout ce que j'ai dit ces six mois, tout ce que les murs de cette pièce ont entendu...(il respira avec un effort asthmatique, garda un silence la poitrine gonflée...) il faut...(il respira...) il faut l'oublier.

Pendant tous ces mois de la présence de cet homme dans leur maison, l'oncle et la nièce ne lui ont pas donné une seule réponse, n'ont pas dit un seul mot; mais ils sont troublés. A leur dépens un lien s'est tissé entre eux et l'allemand, car bien que silencieux, ils étaient forcés d'entendre ces monologues, qui à la longue, ne pouvaient plus les laisser insensibles.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français

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