Mademoiselle de la Ferté
Publié le 7 Août 2020
Pierre Benoit, 1886-1962, de l'Académie Française.
Mademoiselle de la Ferté est bien née, mais à la mort de son père, elle se retrouve ruinée et dans l'obligation de vendre une de ses maisons et de s'établir dans sa propriété de la Crouts, une vieille maison guère confortable, au bout d'un chemin sablonneux, à proximité d'un marais. Pas loin de là, est située "La Pelouse", une belle villa appartenant à la famille de Saint- Selve qui n'y habite qu'une parie de l'année. Anne de la Ferté entretient des relations suivies avec Jacques de Saint-Selve et il est question de mariage entre les deux jeunes gens. Mais Jacques est obligé de partir un an et pendant cette année il épouse une jeune femme de la bonne société, riche à millions. Le coup est rude pour Anne qui s'enferme chez elle et ne sort plus que pour quelques promenades aux environs du marais.
Un jour elle y rencontre Miss Galswinthe Russel, la veuve de Jacques de Saint-Selve, car ce dernier est décédé. Mme De Saint-Selve, s'étant tordu la cheville, Anne l'emmène chez elle et la soigne. A partir de ce moment les deux jeunes femmes entretiennent une relation quelque peu ambiguë. Ce sont de longues conversations autour du disparu et Anne, la délaissée, la trahie, assiste Mme de Saint-Selve lors de sa maladie, en lui rendant une multitude de services.
Ce comportement de Mlle de la Ferté est des plus étranges, à la limite des réactions normales dans sa situation de femme trompée. On s'attendrait plutôt à une manifestation de malveillance dictée par la haine envers Mme de Saint-Selve. Mais au lieu de cela, Anne témoigne d'une grande bienveillance envers sa rivale. Est-elle sincère ou cache t-elle son jeu?
Anne de la Ferté est un être réservé, parlant peu, ne s'épanchant pas. On ne sait pas ce qu'elle pense, elle est insaisissable. Au couvent dans lequel elle a fait son éducation, on disait d'elle:" Anne, au fond, n'est pas méchante, mais elle est dissimulée."
Extrait: La maison de la Crouts était distante d'un kilomètre de la route. Seul y amenait un petit chemin sablonneux, si mauvais, si mal entretenu, qu'il était seulement accessible aux chars à bœufs. L'obligation de faire à pied ce dernier kilomètre contribuait fortement que tout autre obstacle à l'impression d'isolement, de rupture avec le reste de l'univers que donnait cette terrible maison de la Crouts.