litterature francaise

Publié le 5 Novembre 2008

                                                                                                      Philippe Besson 
   
    Très belle œuvre de Philippe Besson qui nous raconte par le biais d'Isabelle Rimbaud, la vie du grand poète, vie tumultueuse, douloureuse et tourmentée. Isabelle raconte dans son journal, en laissant parler ses sentiments les plus profonds, les derniers jours de son frère.
    Cet homme revient  d'un long périple, en Afrique notamment, où il s'est livré à toutes sortes d'activités plus ou moins honorables, où il a vécu de manière, que sa mère qualifie d'indigne, et il revient atteint d'une maladie qui n'ira qu'en s'aggravant jusqu'à l'extrême.
    Isabelle Rimbaud assiste son frère, le soutenant dans cette maladie qui le ronge, écoutant ses divagations, obéissant au moindre caprice, spectatrice de la dégradation physique de cet être qui lui est cher, impuissante devant l'inexorable.
    A travers de ce qu'elle écrit, on perçoit avec beaucoup d'émotion, l'amour qu'Isabelle Rimbaud a gardé pour son frère, beaucoup de compassion, la souffrance de voir progresser sous ses yeux, sans qu'elle ne puisse rien faire, l'affreuse maladie.

 
    " Ce n'est pas facile de partir, parce que ce n'est pas naturel.
Partir, c'est un arrachement, une manière d'amputation. Rompre, c'est une violence. Dans l'expatriation, on perd nécessairement une part de soi."

" Je sais qu'il a fallu du courage à Arthur pour dételer. Et du désespoir."
" Je l'ai connu essentiellement errant. Il assurait être un homme libre. Il était aussi un déraciné, un déporté, un émigré".

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 11 Octobre 2008

                                                                                                  Jean-Denis Bredin

Cet auteur est avocat et écrivain, membre de l'Académie française.

    Le professeur Hélian est âgé et sur le point de quitter définitivement l'université où il enseigne depuis tant d'années.
    C'est un homme seul qui s'est consacré à son travail. On dit de lui que c'est un excellent professeur et les étudiants se bousculent à ses cours. Néanmoins, Charles Hélian est peu sûr de lui, il vit dans une éternelle crainte: celle de décevoir, de ne pas être à la hauteur, alors il soigne les détails et il imagine ce qu'il ferait s'il était...

    Ce personnage m'a plu par sa grande fragilité et sa sensibilité exacerbée. Il marche comme une ombre, se promenant la nuit, faisant de simples objets, des amis qui ne lui feront jamais de mal... Il pense à sa mère qu'il a perdue dans des circonstances terribles, une douleur jamais guérie.

    "Seul avec soi il n'avait pas de gros problèmes, parfois un peu d'ennui, de la tristesse au petit matin, une tristesse à laquelle il était habitué. Les difficultés ne lui venaient jamais que des autres.. Intéresser, séduire...

    "Sa lampe est semblable, une amie discrète, jamais un mot, jamais un reproche. Elle travaille avec Charles, depuis toujours lui semble-t-il, elle n'a pas d'âge. Ils se sépareront un jour sans un soupir. Elle veille, elle l'aide, elle le cajole, elle pose sur le papier des ombres afin qu'il rêve.
    Charles n'est pas seul du tout. Seul il ne l'est qu'avec les autres
."

 

 

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Publié le 6 Août 2008

                                                                                                    Françoise Sagan

    La grande peur.
 

 Mathieu est architecte, la quarantaine, apprend chez son médecin qu'il est gravement malade, et qu'il n'en a plus que pour six mois. Sa vie bascule du jour au lendemain. D'abord, il n'y croit pas, cette affreuse nouvelle ne parvient pas à pénétrer dans son esprit.. Mais assez rapidement il réalise l'horreur de sa situation, et celle-ci l'enfonce dans une peur terrible qu'il a du mal à contrôler. Immédiatement, il se met à imaginer ce qui arrivera quand il sera mort, ou plutôt ce qui n'arrivera plus: il ne pourra plus rien faire : plus de projets d'avenir, plus de loisirs, plus d'amour... Et tout cela l'affole.
    Mais, il se rend compte aussi, qu'à cause de ce néant, de ce "trou" qui l'attend, ce qui, à ses yeux, avait de l'importance, n'en a plus la moindre maintenant.
    Il se doit de prévenir ses proches, ce qu'il fait avec un mélange de crainte, d'appréhension et de questionnement. Car, comment vont-ils réagir?
    Cette situation nouvelle lui montre où il en est avec ses relations, entre autres, féminines. Aime t-il ou non? Est-il aimé?

 

    "Et soudain, la réalité de sa mort le frappa comme un coup et le plia en deux sur sa chaise,..."

    "Une bête, une poulpe, un insecte impitoyable, en ce moment même vivait, grandissait, développait sournoisement ses griffes, sa mâchoire.
"


     Ce que j'en pense: très bien, intéressante lecture de par son thème.

 

 

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Publié le 25 Juin 2008

                                                                                                      Octave Mirbeau   

    Célestine est femme de chambre, un métier qui l'oblige à entrer dans l'intimité des gens chez lesquels elle travaille. Elle raconte dans son journal, avec beaucoup de clairvoyance et un humour quelque peu cynique, la vie de ces personnes, qui, aux yeux du monde veulent paraître bien, mais qui, chez elles, dévoilent sans pudeur leur vraie nature. Et c'est laid, très laid!  Elle souligne le fait que partout les gens sont pareils, quelque soit le milieu auquel ils appartiennent. Elle se trouve confrontée aux mauvais caractères, à la hauteur, au mépris, au dédain, à des humiliations constantes, et à la saleté, beaucoup de saleté (morale surtout), dans laquelle, du reste, elle plonge sans trop de scrupules, étant elle-même semblable aux autres.
      Célestine relate aussi avec beaucoup de sensibilité la vie misérable et douloureuse  de certaines de ses compagnes.
     Profondément humaine, véridique et honnête avec elle -même, Célestine avoue des sentiments qui oscillent entre la bonté, la compassion, la tristesse, l'amertume, la colère et la vilénie.

 

    "Tout ce qu'un intérieur respecté, tout ce qu'une famille honnête peuvent cacher de saletés, de vices honteux,de crimes bas, sous les apparences de la vertu..."

     "La solitude, ce n'est pas de vivre seule, c'est de vivre chez les autres, chez des gens qui ne s'intéressent pas à vous, pour qui vous comptez moins qu'un chien gavé de pâtée, ou qu'une fleur, soignée comme un enfant de riche..."

    "Des gens passaient, affairés, indifférents, qui ne faisaient point attention à ma détresse..."

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Publié le 29 Mai 2008

                                                                                                   Philippe Claudel

    Agrégé de français, a donné des cours à des prisonniers pendant une dizaine d'années. Dans ce petit livre, il décrit la vie des détenus qui ressemble ni plus ni moins qu'à une petite mort. Leur quotidien est fait d'attente, de disputes, de violence, d'humiliations en tous genres, de maladie, de dépression; la surpopulation et l’œilleton sur les portes, qui ne permettent pas la moindre intimité... Toujours surveillés, toujours sous le regard de l'autre, le moindre geste épié, le plus faible victime du plus fort...   C'est l'endroit où chacun est en passe de perdre sa dignité et se bat pour la conserver car sans elle l'individu n'est plus rien.

    " On ne devrait pas dire "gardien de prison": les prisons ne sont pas à garder, ce ne sont pas elles que l'on garde. On devrait plutôt dire "gardien d'hommes", ce qui serait plus proche de la réalité. Gardien d'hommes, un drôle de métier."

   " L’œilleton sur les portes des cellules qui permet de voir, sans jamais être vu. Le détenu entendait le bruit du cache métallique qu'une main faisait glisser et apercevait un œil qui l'observait. Il pouvait très bien ne jamais savoir à qui appartenait cet œil. C'était le regard autorisé, simplement, qui reléguait la notion d'intimité dans les pages des dictionnaires."
   

Un livre qui donne à réfléchir sur ce qui se passe dans ces lieux de misère.


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Publié le 27 Janvier 2008

                                                                                                    Irène Némirovskiy

    Écrivain de langue française, née en 1903 à Kiev et morte en 1942 à Auschwitz. Son père était juif.
    Ce très bon auteur, que j'ai lu pour la première fois et aimé, a reçu le Prix Renaudot pour "Suite Française", un ouvrage de deux tomes qui devait à l'origine, en compter cinq.
 

    Jean-Luc n'est pas à l'aise dans sa famille et se retrouve seul. Il est sans ressources. Au début de l'histoire il est amoureux d'Édith et veut l'épouser mais celle-ci le trahit, estimant que ce jeune homme pauvre est sans intérêt pour elle. Ecoeuré, déçu, blessé dans son amour, il prend sa revanche et fait de cette jeune femme sa maitresse, pour qu'elle le serve à s'élever socialement. De même il entre dans le monde de la politique et de la finance pour prendre tout ce qu' il peut et l'utiliser à des fins personnelles. Certes le comportement d'Édith est blâmable, mais celui de Jean-Luc est des plus odieux. Désormais il ne fera qu'utiliser la jeune femme pour son propre intérêt en méprisant ses sentiments. Cette relation, très belle au début de l'histoire, devient laide de haine, de ressentiment et de non pardon.
  
      "Il était venu à elle avec tant d'amour ! Jamais, il ne lui avait pardonné.. . Cet amour avait été si tôt altéré par le désir de vengeance, par l' intérêt, le calcul. . . Il avait eu tort, peut-être, de ne vouloir aimer que ce qui méritait de l'être. Peut-être le don gratuit de soi était la seule marque visible de l'amour?


        Jean-Luc, dans son désarroi intérieur imagine que de se laisser diriger par l'amour est indigne d'un homme, aussi s'efforce t-il de ne jamais montrer la moindre émotion. Toutefois, un jour, tombant sous le charme d'une jeune femme insignifiante, pas même jolie, mais soumise, ne demandant rien, acceptant tout, il devient la proie de ce sentiment d'amour qu'il ne peut maitriser. Il dira à son frère, venu le rencontrer: " Ce qui est terriblement difficile à manier, c'est soi-même, c'est son propre cœur."

  Comme c'est vrai !

 

 

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Publié le 9 Octobre 2007

                                                                                                        Marcel Arland  

     1899-1986. De L'Académie Française. Il a reçu le prix Goncourt en 1929 pour ce roman. C'est le premier livre de cet auteur que j'ai lu, et j'ai beaucoup aimé.

    Gilbert Villars a 18 ans , il aime la liberté et pouvoir faire ses propres choix. Il est très intelligent, mais aussi très susceptible et orgueilleux. C'est ce qui le pousse à s'opposer violemment à sa famille qui professe des idées qui ne sont pas les siennes et qu'il méprise profondément. Il quitte les siens, y compris Renée, son amie d'enfance qu'il aime pourtant, mais qu'il méprise aussi, parce que c'est une femme. Il se rend à Paris avec le projet d'entrer à la Sorbonne, mais finalement se joint à un groupe de journalistes, et se met à écrire des articles, activité dans laquelle il excelle. Il choisit le parti opposé à celui de son frère, qui, lui, est devenu député à Clermont. Les articles de Gilbert sont d'une virulence peu commune, ce qui soulève beaucoup d'opposition et de protestations dans le camp adverse, et particulièrement dans celui de son frère. Le mal ira en s'empirant jusqu'à une grave rupture avec sa famille. Finalement, tombant malade, il devra quitter ce milieu. Il sera soigné par Renée, la jeune femme qui l'a toujours aimé, et qui accomplira pour lui un sacrifice qui la laissera amoindrie pour le restant de ses jours. Mais Gilbert possède un caractère tel qu' il ne voit rien de tout cela; il refuse catégoriquement l'amour et l'affection des autres, les jugeant menteurs et hypocrites. Du coup, il se retrouve seul et se met à errer sans but, perdant peu à peu les dons que la vie lui a donnés et avec lesquels il aurait pu se rendre utile. Son frère dira à son sujet: " Que de beaux dons gâchés!"

    "Il déchira la page. Plus loin, il trouva un de ces programmes qu' il aimait à s' imposer:
    Être maitre de ses nerfs.
    Travailler.
    La poésie existe;
    Dédaigner ses camarades et savoir se passer d'eux.
    Vaincre toute timidité.

    Vaincre son amour.
    Ne pas montrer sa sensibilité."

 

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Publié le 22 Septembre 2007

                                                                                                             Henri Troyat

    Histoire pleine d'émotion, de sensibilité et de poésie. Très beau!   

Isaie Vaudagne vit avec son frère Marcellin au hameau des Vieux-Garçons.
C'est un être bon, sensible, capable de s'émouvoir à la beauté, aux êtres qui l'entourent. Il aime ses moutons qu'il soigne avec amour.  Ayant été guide de montagne il a une passion insatiable de la montagne. Malheureusement un terrible accident, qui l'a laissé diminué, l'oblige à rester à la maison, mais il ne se plaint pas. Il voue une affection particulière à Marcellin, malgré que celui-ci soit pourvu d'un caractère irascible, méchant et égoïste.
    Un jour, les deux frères apprennent qu'un avion est tombé dans la montagne, et Marcellin se met en tête de monter jusqu'à l'épave pour la piller. Isaïe est horrifié, mais pour l'amour de son frère, il accepte de l'accompagner car lui seul connait le passage qui conduit au sommet. Et pour lui, c'est l'émerveillement. La splendeur des lieux l'émeut profondément, et il se rend compte qu'il n'a rien perdu de son expérience de la montagne. Mais son frère, poussé par sa soif de richesse, ne voit rien de tout cela, et en arrivant sur le site, un drame éclate.

  
" -Tu sais, je peux le dire, c'est une belle course. . .Une première hivernale, ou je ne m' y connais pas !. . . Et on l'aura faite ensemble, toi et moi. . . En équipe. . . En frères. . . C'est du plaisir pour la vie, ça! "

 

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Publié le 12 Mai 2007

                                                                                                Madeleine Chapsal      

    Dans cette histoire, la narratrice raconte le profond amour qu'elle a pour un homme, qui finalement  rompt avec elle sans aucun scrupule, au bout de quelques années seulement . Cette relation est totalement dépourvue de raison , une grande folie en somme. C'est "l'état amoureux", qui fait perdre le sens des réalités aux plus sages. On ne voit pas l'autre tel qu'il est, on ne lui voit aucun défaut, on ne peut imaginer qu'il est imparfait, et que par conséquent, un jour des difficultés vont surgir. Alors, on s'engage à fond, en toute confiance, aveuglément, mais quand survient la rupture, celle-ci est intolérable comme une flèche qui transperce le cœur.

     
  "Tant qu'il s'appuie sur moi, c'est qu'il a besoin de moi, qu'il compte sur moi, donc qu'il m'aime. . . Ce curieux syllogisme, que font toutes les femmes amoureuses, est faux"

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Publié le 29 Août 2006

                                                                                                       Christian Signol

Christian Signol, né dans le Quercy, relate les souvenirs de son enfance en Dordogne, à la campagne, avant que la révolution industrielle ne transforme la société. Son récit est empreint d' une grande nostalgie, nostalgie d'une vie simple mais riche dans laquelle les gens se sentaient heureux.

     " Heureux temps , qu'un bouquet de fleurs sur une poutre de chênes ou de châtaigner suffisait à illuminer ! Mais que célébrait-on vraiment à ce moment-là ? Le travail mené à bien, simplement, et la joie de ce travail-là, partagée par tous ceux qui en vivaient. Qui travaille de ses mains aujourd'hui? Plus personne, ou les quelques artisans qui habitent encore les villages et se désespèrent de voir leurs enfants partir à la ville, bardés de diplômes qui ne leur servent plus à rien. J'en connais qui furent fiers de pouvoir envoyer leur fils et leur fille à l'université et qui pleurent aujourd'hui de les voir inutiles. Ils m'interrogent sur ce drame dont personne ne mesure l'ampleur, me demandant ce qu' il faut faire.
   - Qu' ils vous succèdent, dis-je;
    -Ils ne veulent pas.
Je n'ose leur expliquer qu'on est passé en quelques années de la civilisation de la sagesse à la civilisation de l'excès. Que les machines font désormais le travail des hommes. Qu'après les avoir aidés, elles les dominent, les réduisent en esclavage ou les rejettent sur le bord d'une route dont personne ne sait plus où elle nous mène. Comment comprendraient-ils qu'aujourd'hui on a rendu honteux le travail manuel, qu'on est entré dans le siècle des images virtuelles, qui rendent plus vraie que la vie une vie qui n' existe pas ?"

 

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Rédigé par Alicia

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