Les âmes grises
Publié le 15 Mai 2009
Philippe Claudel
Œuvre publiée en 2003 pour laquelle Philippe Claudel a reçu le prix Renaudot.
Très belle écriture poétique et fine description des personnages.
L'histoire se passe pendant la première guerre mondiale.
En décembre 1917, une petite fille âgée d'à peine 10 ans, est retrouvée morte.
Vingt ans après, un policier présent sur les lieux du crime, au moment des faits retrace toute l'histoire pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer. Il décrit le comportement des différents protagonistes: celui odieux du juge Mierck et du colonel Matziev, tous deux d'une grande insensibilité, êtres sans scrupules, n'ayant d'égard pour personne. Celui du procureur, énigmatique, taciturne, seul, vivant dans son beau château situé justement tout près du lieu du crime. Lysia Verhareine, jolie jeune femme, aimable avec tout le monde, toujours souriante, mais secrète, ne révélant rien de ce qui la concerne, qui se rend chaque jour sur le coteau pour regarder et écouter le bruit de l'affreuse guerre... Ceux des deux déserteurs et des personnages ayant vécu dans l'histoire, mais dans des rôles plus ou moins importants. Le narrateur est un homme sensible qui ne supporte pas qu'un meurtre reste impuni. Il éprouve aussi le besoin de chasser de sa vie le remord et le regret qui l'assaillent trop souvent au souvenir de sa propre tragédie.
Tous ces êtres sont des âmes grises, ils ne sont ni tout bons, ni tout mauvais comme le dit si bien Joséphine:
"Les salauds, les saints, j'en ai jamais vu. Rien n'est ni tout noir, ni tout blanc, c'est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c'est pareil... T'es une âme grise, joliment grise, comme nous tous...
"Si j'avais de belles casseroles en cuivre, je les accrocherais tout comme, et ça produirait le même effet, le sentiment que le monde n'est pas si laid, qu'il y a parfois de petites dorures, et qu'au fond, la vie, ce n'est rien d'autre que la recherche de ces miettes d'or."