Publié le 27 Mars 2010

                                                                                                    Irène Némirovsky   

     Une autre facette de la guerre décrite avec une lucidité implacable par un écrivain juif, ayant laissé sa vie dans un camps de concentration. C'est bien longtemps après son décès, et dans des circonstances dramatiques, qu'a paru  "Suite française".  

    "Tempête en juin"

1940, "l'Exode". Une période qui a marqué l'histoire de France. Les Allemands sont aux portes de Paris, et pour échapper aux bombardements, les habitants paniqués quittent la ville et se retrouvent sur les routes en une foule compacte, dense, silencieuse, emportant leurs affaires et formant ainsi un défilé des plus hétéroclites.
   Là, dans cet espace commun, l'inégalité sociale disparait. Les riches côtoient les pauvres, les bourgeois les petites gens. Chacun est obligé de voir l'autre, de vivre à ses côtés, de le supporter. Bien que vivant le même chaos, la même peur, la même angoisse, toutes ces personnes n'en deviennent pas pour autant solidaires. Chacun pense à soi, à sauver sa peau, et pourquoi pas sa fortune?

   
"Dolce"

    Cette partie du livre parle particulièrement de l'occupation allemande, qui, on le sait a duré depuis la signature de "l'Armistice" jusqu'à la Libération.

    Les officiers allemands sont logés chez l'habitant, vivent le quotidien avec lui, partage ses repas. On se trouve là, devant des individus faisant partie de l'armée ennemie, et qui pourtant ne se conduisent pas comme tels. Car, chez les gens chez lesquels ils sont logés, ces officiers se conduisent avec la plus parfaite courtoisie et rendent toutes sortes de services. Ils sont aussi très cultivés, et tout cet ensemble séduit certaine population, particulièrement les femmes. Dans ces conditions comment imaginer que ces hommes, si on leur en donnait l'ordre, commettraient les crimes les plus odieux? Certes tout le monde, dans le village, ne donne pas une réponse aussi positive aux allemands. Certains, et surtout parmi ceux qui souffrent de la part de l'ennemi, n'oublient pas ce qu'ils sont. D'autres font passer le sentiment patriotique avant tout autre. Car le problème est là. Doit-on, aux dépens des sentiments humains, faire passer la nation avant tout? Un individu a une responsabilité vis à vis de son pays, mais jusqu'où celle-ci va-t'elle?
    Dans le petit bourg de Bussy, vivent Lucile Angellier et sa belle-mère dont le fils est prisonnier. L'officier allemand, Bruno Von Falk est logé chez elles. Lui aussi est séduisant et cultivé, comme la plupart des autres soldats..Son souhait est d'entretenir de bonnes relations avec les dames Angellier. Avec elles il ne souhaite pas la guerre. Au fil du temps, Lucile et Bruno von Falk se découvrent des points communs et de ce fait tissent bientôt une amitié qui se transformera en un sentiment plus tendre. Mais...

     "Et bien, oui, la guerre, se disait-elle, et bien, oui, les prisonniers, les veuves, la misère, la faim, l'occupation. Et après? Je ne fais rien de mal. C'est l'ami le plus respectueux, les livres, la musique, nos longues conversations, nos promenades dans les bois de la Maie...

    En lisant cette œuvre, on ne peut s'empêcher de penser à celle de Vercors:"Le silence de la mer", dans laquelle un homme et sa nièce, contraints comme tant d'autres, de loger chez eux un officier allemand, refusent de lui adresser la parole.

    Là aussi, le militaire est très courtois, fait montre d'une grande culture et sensibilité, possède tous les avantages pour se faire aimer et respecter. Cette attitude de l'officier met mal à l'aise les hôtes de la maison qui, ne pouvant tolérer la présence de l'ennemi dans le pays, sont obligés de reconnaître, du moins dans leur for intérieur, que cet homme n'est pas mauvais.

 

Exode-1940.jpg

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature russe

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Publié le 3 Mars 2010

                                                                                                Somerset Maugham

Romancier britannique, 1874-1965.

     Kitty est une jeune femme frivole, sotte et superficielle. Elle vit à Hong-Kong avec son mari, Walter, qu'elle trompe sans scrupules, et sans se soucier le moins du monde du mal qu'elle lui inflige.
    Walter, lui, est bactériologue, il possède, en plus de l'intelligence de l'esprit, celle du cœur qui le rend par certains côtés vulnérable. Il aime sa femme à la folie, malgré tout le mépris qu'elle lui manifeste. Pour elle Walter n'est rien, et ne possède aucune des qualités qui l'attire vers un homme. Tout les sépare, rien ne les rapproche, Kitty ne fait aucun effort pour connaître cet être qui partage sa vie

    Quand il apprend l'infidélité de sa femme, Walter l'oblige à le suivre à Mei-tan-Fu, où en tant que médecin, il a proposé ses services pour éradiquer l'épidémie de choléra.
    En arrivant là-bas, surprise, la jeune femme se rend compte que son mari est, non seulement très aimé, mais aussi vénéré par tous. "
En effet il pouvait se montrer très tendre. C'était surtout au chevet des malades que rayonnait sa générosité." Jamais Kitty, elle le savait, ne reverrait dans ses yeux la chaleur de cet attachement dont, autrefois la constance l'exaspérait. Il vouait aujourd'hui aux infortunés dont il était l'unique recours cette inépuisable faculté d'aimer qu'elle découvrait en lui." Cette découverte la bouleversant, elle tente de renouer avec cet homme, mais le fossé s'est creusé. Pour se distraire et se rendre utile, elle se met à la disposition des religieuses et travaille à l'orphelinat, ce qui lui ouvre les yeux sur ce qui se passe ailleurs que dans sa petite personne. Walter, lui, s'épuise au travail, ne ménageant pas sa peine, cachant derrière cette hyperactivité son désespoir et peut-être le désir secret d'en finir.

 Ce que j'en pense.
     J'ai bien aimé cette histoire tragique que m'a recommandé Nanne que je remercie beaucoup. Néanmoins, le début de l'histoire m'a quelque peu rebutée, trouvant Kitty fort peu sympathique. Le personnage de Walter m'a davantage touchée par son amour bafoué et la persévérance qu'il mettait à aimer sa femme coûte que coûte.
    L'auteur a très peu décrit la Chine et s'est plutôt concentré sur les personnages. A l'arrière plan, le système colonialiste qui donne une note désagréable à l'histoire, toutefois contrebalancée par la présence bénéfique des religieuses.
    On retrouve un peu de la vie de cet auteur dans cette œuvre, puisque le père de Somerset Maugham était juriste et que sa mère était fille d'un commandant de l'armée coloniale aux Indes.


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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature anglaise

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