Publié le 19 Février 2010

                                                                                                           Sandor Marai

    Drame de la solitude.
Psychose.

     Il est professeur de latin dans une classe de terminale. Chaque jour il écrit dans son journal les menus faits de sa journée, tout ce qui lui passe par la tête, ce qu'il ressent, comment il a vécu certaines situations et  son scepticisme face à ce qui se présente devant lui. La vie qu'il mène n'a rien d'extraordinaire,  toujours le même schéma. Célibataire, il habite une maison avec une vieille gouvernante, ne voyage pas, sort à peine.

     Dans sa classe il observe ses élèves. Il remarque Madar, un garçon pauvre, pas très beau, mais brillant intellectuellement, et une jeune fille, Margit qui se tient très souvent avec lui.Tout d'abord, compatissant il rend service au garçon puis petit à petit, il se met à ressentir une aversion tout à fait inexplicable envers lui et le prend en haine sans raison valable. L'amitié entre les deux jeunes gens l'agace au plus haut point et l'obsède continuellement. Que font-ils ensemble? Jusqu'où va leur relation? il se dit qu'il ne peut pas les laisser faire, qu'il a une responsabilité. Toutefois, il est obligé de reconnaître que ce garçon ne lui a rien fait, qu'il ne mérite pas cette haine et pourtant il ne peut empêcher ce sentiment de l'envahir et de le contrôler.  Le temps passant, ne pouvant plus tolérer cet amour juvénile, il se met en tête de l'anéantir.
    La fin de l'histoire est des plus pathétique. Le professeur, ayant perdu la maitrise de ses émotions, s'engage dans un comportement destructif autant pour lui-même que pour l'étudiant.


     "Si elle aime Madar, alors moi aussi je veux aimer Madar. Il faut que je le sache. L'aime- t-elle? C'est un gentil garçon, courageux. Mais si elle ne l'aime pas, je le piétinerai."

    J'ai beaucoup aimé ce livre très bien écrit, au style épuré et fluide, qui raconte sous la forme d'un journal intime toutes les émotions, les angoisses, les doutes, les désirs d'un homme se noyant dans une profonde souffrance. On voit bien là les conséquences malheureuses de la solitude d'un homme, qui n'ayant pas de vis à vis, s'enfonce sans s'en apercevoir, dans de faux raisonnements qui lui seront plus tard préjudiciables.

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature hongroise

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Publié le 8 Février 2010

                                                                                                            Stefan Zweig

     Lors d'un voyage vers Buenos-Aires, le narrateur rencontre sur le paquebot le très célèbre champion mondial du jeu d'échecs, Mirko Czentovic. Intrigué par le personnage pourvu d'un caractère singulier, il amène cet homme à consentir à une partie d'échec avec plusieurs participants.
    Or, lors d'une de ces parties, un individu complètement étranger intervient d'une manière extraordinaire et sauve leur jeu mis à mal par Czentovic. Ce qui est tout à fait surprenant, c'est que monsieur B affirme haut et fort qu'il n' a pas touché un échiquier depuis une vingtaine d'années. Est-ce possible? Le narrateur entend alors le récit poignant de cet homme modeste. Lors de l'occupation allemande, ayant été arrêté par les nazis, il a vécu enfermé dans une chambre d'hôtel, certes confortable, mais dans une solitude quasi-totale, sans livre, sans crayon, sans rien, absolument rien, face au néant, face à lui-même. De quoi devenir fou!
    Pourtant un jour, monsieur B, tombe comme par hasard, sur un manuel du jeu d'échecs et se met à étudier toutes les combinaisons exposées par de grands maitres de ce jeu fabuleux. Mais, petit à petit, entrant toujours plus profondément dans ces calculs, cet homme est pris d'une frénésie qu'au bout d'un certain temps il ne parvient plus à contrôler et qui l'amène dans une sorte de démence.


    "Mon cerveau se partageait, si je puis dire, en cerveau blanc et cerveau noir, pour mener ce jeu dans un espace abstrait et y combiner les coups qu'exigeait, dans les deux camps, la tactique de la bataille. Et le plus dangereux de l'affaire n'était pas encore cette division de ma pensée à l'intérieur de moi-même, mais le fait que tout se passait en imagination: je risquais ainsi de perdre pied brusquement et de glisser dans l'abîme."

     Comme toujours j'ai aimé ce que Stefan Zweig nous présente là, un roman qui nous entraine dans cet univers particulier du jeu d'échecs. Il est toujours bouleversant de se retrouver devant la cruauté de certains individus mais de voir aussi ce qu'un être humain peut entreprendre pour son salut.

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature autrichienne

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Publié le 3 Février 2010

   Par Lagerkvist 1891-1974

L'auteur est né en Suède et a reçu le Prix Nobel de littérature.
L'histoire, très bien écrite dans un style fluide, nous transporte en pleine culture grecque avec toutes ses croyances et ses horreurs. Beaucoup de beaux passages, mais aussi beaucoup de descriptions extraordinaires. J'ai bien aimé.

 

La sibylle vit seule avec son fils débile dans une ancienne bergerie située sur les hauteurs de Delphes. Elle  raconte son histoire à un homme tourmenté, qui lui rend visite pour obtenir d'elle des réponses à des questions douloureuses.
Très jeune, elle a été choisie par les dieux pour devenir pythie, alors qu'elle vivait très tranquillement avec ses parents. Dès lors sa vie a changé du tout au tout. A intervalles réguliers, elle devait se rendre au temple pour servir le dieu et être son porte-parole.  Il ne pouvait être question pour elle de ne pas appartenir entièrement  au dieu qui l'emplissait toute de sa présence. Elle se devait en outre de remplir sa fonction très correctement pour ne pas attirer sur elle les reproches de la population de Delphes qui lui vouait une vénération sans bornes.
Pourtant un jour tout a basculé. Lors d'une visite qu'elle rend à ses parents, elle rencontre un jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse et avec lequel elle vit un amour profond qui la bouleverse au plus profond d'elle-même. C'est avec lui qu'elle ressent enfin cette paix et cette sécurité qu'elle a toujours recherchées mais jamais trouvées auprès du dieu. Hélas, l'homme qu'elle aime meurt alors qu'elle découvre sa grossesse. Il ne fait aucun doute pour elle que c'est le dieu qu'elle a trahi qui la punit en la privant de son bien-aimé. A partir de ce moment, dès que l'état de la jeune femme est connu de la population de Delphes, celle-ci la rejette complètement et l'oblige à s'isoler.


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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature suédoise

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