Publié le 31 Août 2020

Roger Frison-Roche, 1906-1999.

Issu d'une famille savoyarde, Roger Frison-Roche est séduit très tôt par la montagne qui le fascine. Il escalade plusieurs hauts sommets, comme le Grépon culminant à 3482 mètres dans le Massif du Mont-Blanc. C'est dire qu'il connait la montagne comme sa poche, les plus hauts sommets n'ont plus de secrets pour lui.  Il devient guide de Haute montagne à Chamonix et intègre la Compagnie des guides malgré son statut d'étranger. (Il est né à Paris).  Premier de cordée est le premier tome d'une trilogie. Suivent La Grande Crevasse, puis Retour à la montagne. Dans  ces trois récits qui se déroulent à Chamonix Frison-Roche décrit le paysage magnifique avec beaucoup de précision, comme il décrit également le métier de guide avec toutes ses joies et ses dangers, ainsi que la puissante solidarité qui unit ces hommes courageux. 

Premier de cordée

Pierre Servettaz chemine en direction du Col du Géant dans le Massif du Mont-blanc avec son oncle Joseph Ravanat. Bientôt ils s'arrêtent tous deux au refuge où ils apprennent une terrible nouvelle qui va bouleverser la vie de Pierre. Son père guide de haute montagne vient de trouver la mort au sommet du Dru. Or, Pierre est destiné à l'hôtellerie, vœu de son père, mais il manifeste un grand amour de la montagne et un don pour grimper sur les plus hauts sommets.

Il insiste donc pour aller chercher son père malgré sa secousse intérieure. Il s'agit d'une escalade difficile et périlleuse mais Pierre n'a aucune peur. Néanmoins sur cette paroi enneigée et verglacée survient un accident et Pierre, blessé, est obligé d'être redescendu par ses compagnons. Malheureusement sa chute lui a laissé des traces et Pierre se rend compte avec effroi qu'il souffre de vertige. Cela veut dire plus de grandes courses et un renoncement définitif à devenir guide. Il est atterré et sombre peu à peu dans une mélancolie profonde, malgré la présence d'Aline, sa fiancée et la compagnie des guides qui veille.

Finalement, c'est à force de volonté, de ténacité et de persévérance, et puissamment aidé par Georges à la Clarisse, handicapé des deux pieds depuis sa course avec Jean Servettaz au Dru, que Pierre, trouvera une solution à son douloureux problème.

Extraits Les cheminées succédaient aux fissures au cours de l'interminable ascension, et les grimpeurs aux prises avec les plus grosses difficultés atteignirent la fissure du Piton, simple fente entre deux dalles de granit par laquelle on peut s'élever de vingt mètres dans la paroi à pic.

Au début de l'été, le couloir n'est qu'une énorme pente de neige, et lorsque vient l'automne, il se transforme en un gigantesque pierrier incliné à quarante-cinq degrés, et tissé d'un fin réseau de canules de glace.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature française

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Publié le 17 Août 2020

Georges Duhamel 1884-1966, élu à l'Académie française.

Le Notaire du Havre est le premier tome de la célèbre Chronique des Pasquier, cycle romanesque composé de dix romans décrivant l'histoire de cette famille au tournant du XXe siècle.

C'est Laurent Pasquier, futur biologiste, qui raconte l'histoire de sa famille dont il décrit tous les membres qui la composent; une famille ordinaire qui vit dans un petit appartement avec de petits moyens; famille dans laquelle personne ne se plaint car tout le monde accepte cet état de choses, soutenu par l'amour régnant dans ce logis. Du reste cette acceptation n'empêche nullement de rêver à un monde meilleur. En effet La famille Pasquier apprend le décès de Mme Delahaie, la mère de la maitresse de maison. C'est une nouvelle à la fois triste et joyeuse car la famille hérite. Il s'agit d'un héritage conséquent qui permettra aux Pasquier de vivre confortablement. Alors on fait des projets d'avenir, on se permet de rêver, d'élaborer des plans judicieux. Et on attend.

Mr Pasquier est bon père de famille et bon époux, genre bon enfant mais sans être stupide loin de là. D'ailleurs il poursuit des études de médecine. Toutefois il est capable de colères monumentales que tout le monde dans la famille appréhende. C'est son seul défaut.

Mme Pasquier veille sur son clan, particulièrement sur l'unité de la famille, attentive aux besoins des uns et des autres. On peut lui parler, se confier à elle. C'est une femme d'intérieur, comme il en existait à l'époque. Non dépourvue d'intelligence, elle cuisine, coud, raccommode car on ne jette rien on réutilise tout.

Laurent a un frère ainé, Joseph, qui choisira le domaine des affaires, une sœur: Cécile qui deviendra une grande musicienne; une autre qui sera comédienne; et Ferdinand qui ne fera rien de particulier.

Laurent nous parle aussi de ses voisins, une famille fragile et querelleuse dont un des enfants devient l'ami de Laurent, ce qui permet aux deux garçons des échanges qui les sortent d'eux mêmes.

La vie de la famille se poursuit, comme les autres familles avec des hauts et des bas, dans l'attente de la lettre du Notaire du Havre, lettre qui tarde à venir, qui tarde tant qu'on finit par se demander si elle arrivera un jour...

Extrait: Je l'ai dit, l'été finissait. Nous l'avions passé sur le balcon, sur le palier et, furtivement, dans les rues de notre quartier. L'été s'achevait. De nouvelles du Havre, point.

Extrait: Maman cousait, lavait, reprisait. Parfois, l’œil large ouvert , les lèvres écartées montrant sa denture qu'elle avait large et saine, le petit doigt séparé du reste de la main tirant l'aiguille, elle écoutait des choses que nous ne pouvions percevoir. Oh! des choses familières: le chantonnement du gaz sous la marmite, la fuite susurrante du robinet sur l'évier, peut-être même le bruit vivant du temps qui coule,...

Bois de Grans

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français, #Littérature française

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Publié le 17 Août 2020

"Il n'y a pas de plus grand rafraîchissement pour l'esprit que la lecture des classiques anciens ; dès qu'on ouvre au hasard l'un d'entre eux, ne fût-ce que pour une demi-heure, on se sent aussitôt délassé, soulagé, épuré, élevé et fortifié ; il semble que l'on vient de se désaltérer à la source pure d'un rocher. Cet effet est-il dû à la perfection des langues anciennes, ou à la grandeur des esprits dont le temps n'a ni entamé ni affaibli les œuvres ? Peut-être aux deux raisons ensemble. Mais je sais une chose : si l'on doit cesser un jour d'apprendre les langues anciennes, comme on nous en menace, nous aurons une littérature nouvelle consistant en un gribouillage d'une barbarie, d'une platitude et d'une indignité sans pareilles jusque-là."

Arthur Schopenhauser"Parerga et Paralipomena"

Calanque d'En-Vau

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 7 Août 2020

Pierre Benoit, 1886-1962, de l'Académie Française.

Mademoiselle de la Ferté est bien née, mais à la mort de son père, elle se retrouve ruinée et dans l'obligation de vendre une de ses maisons et de s'établir dans sa propriété de la Crouts, une vieille maison guère confortable, au bout d'un chemin sablonneux, à proximité d'un marais. Pas loin de là, est située "La Pelouse", une belle villa appartenant à la famille de Saint- Selve qui n'y habite qu'une parie de l'année. Anne de la Ferté entretient des relations suivies avec Jacques de Saint-Selve et il est question de mariage entre les deux jeunes gens. Mais Jacques est obligé de partir un an et pendant cette année il épouse une jeune femme de la bonne société, riche à millions. Le coup est rude pour Anne qui s'enferme chez elle et ne sort plus que pour quelques promenades aux environs du marais.

Un jour elle y rencontre Miss Galswinthe Russel, la veuve de Jacques de Saint-Selve, car ce dernier est décédé. Mme De Saint-Selve, s'étant tordu la cheville, Anne l'emmène chez elle et la soigne. A partir de ce moment les deux jeunes femmes entretiennent une relation quelque peu ambiguë. Ce sont de longues conversations autour du disparu et Anne, la délaissée, la trahie, assiste Mme de Saint-Selve lors de sa maladie, en lui rendant une multitude de services.

Ce comportement de Mlle de la Ferté est des plus étranges, à la limite des réactions normales dans sa situation de femme trompée. On s'attendrait plutôt à une manifestation de malveillance dictée par la haine envers Mme de Saint-Selve. Mais au lieu de cela, Anne témoigne d'une grande bienveillance envers sa rivale. Est-elle sincère ou cache t-elle son jeu?

Anne de la Ferté est un être réservé, parlant peu, ne s'épanchant pas. On ne sait pas ce qu'elle pense, elle est insaisissable. Au couvent dans lequel elle a fait son éducation, on disait d'elle:" Anne, au fond, n'est pas méchante, mais elle est dissimulée."

Extrait: La maison de la Crouts était distante d'un kilomètre de la route. Seul y amenait un petit chemin sablonneux, si mauvais, si mal entretenu, qu'il était seulement accessible aux chars à bœufs. L'obligation de faire à pied ce dernier kilomètre contribuait fortement que tout autre obstacle à l'impression d'isolement, de rupture avec le reste de l'univers que donnait cette terrible maison de la Crouts.

 

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Rédigé par Alicia

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