Au plaisir de lire encore et toujours de beaux romans, français, étrangers, surtout des classiques écrits par de grands auteurs qui forcent l'admiration.
"Par la lecture,on s'absente de soi-même et de sa propre vie."
Alphonse Karr
Elle sort d'une touffe d'herbe qui l'avait cachée pendant la chaleur. Elle traverse l'allée de sable à grandes ondulations. Elle se garde d'y faire halte et un moment elle se croit perdue dans une trace de sabot du jardinier. Arrivée aux fraises, elle se repose, lève le nez de droite et de gauche pour flairer; puis elle repart et sous les feuilles, sur les feuilles, elle sait maintenant où elle va. Quelle belle chenille, grasse, velue, fourrée, brune avec des points d'or et ses yeux noirs ! Guidée par l'odorat, elle se trémousse et se fronce comme un épais sourcil.
Elle s'arrête au bas d'un rosier. De ses fines agrafes, elle tâte l'écorce rude, balance sa petite tête de chien nouveau-né et se décide à grimper.
Et, cette fois, vous diriez qu'elle avale péniblement chaque longueur de chemin par déglutition. Tout en haut du rosier, s'épanouit une rose au teint de candide fillette. Ses parfums qu'elle prodigue la grisent. Elle ne se défie de personne. Elle laisse monter par sa tige la première chenille venue. Elle l’accueille comme un cadeau.
Et, pressentant qu'il fera froid cette nuit, elle est bien aise de se mettre un boa autour du coup.
Une fillette d'une dizaine d'années a disparu et cet évènement jette la petite ville de Mount Olive dans le désarroi. On ne sait pas ce qu'elle est devenue, les langues vont bon train et imaginent toutes sortes de scénarios, plus ou moins effrayants et qui font monter la tension. Quand Merilee commence à raconter son histoire, elle est âgée de vingt-six ans, elle revient de New-York pour assister son père mourant, ce père avec lequel elle n'a jamais eu que des relations difficiles. " Je ne savais pas trop ce qu'il avait été. J'avais adoré Papa, mais je n'avais jamais cru le connaître. Je l'avais respecté, comme tant de gens, mais je le redoutais aussi, il ne m'inspirait niconfiance ni affection. A leurs tristes retrouvailles, Merilee rapporte à son père un coeur de verre qu'elle lui avait acheté quelques années plus tôt et qui, en quelque sorte, avait créé un lien entre eux. La mort de son père la laisse désemparée car elle ne se définit que comme la fille de Dennis Graf et ignore sa propre identité. La jeune femme relate les souvenirs de sa vie et qui ont eu une incidence plus ou moins importante sur celle-ci, les souvenirs honteux, les souvenirs douloureux, ceux qu'elle n'a jamais compris, comme celui de la mort de sa mère décédée dans des circonstances mystérieuses et dont on refuse de lui parler.
Après la mort de son père, au moment de ranger la chambre, Merilee se rend compte de la disparition du cœur de verre, et cela la jette dans un trouble extrême.
Oncle Jedah est toujours présent, mais lourdement. Toujours doucereux, plein d'attentions, il se dégage de sa personne quelque chose de malsain que Merilee ne parvient pas à définir et qui la met mal à l'aise. Malgré cette désagréable impression, elle accepte son invitation et découvre au cours de la soirée la vie secrète de son oncle, une vie obscène, lubrique qui la choque profondément et l'oblige à la fuite.
Ce qui est surprenant dans le comportement de la jeune femme, c'est sa pensée ambivalente vis-à-vis de cet homme. D'un côté, elle sent quelque chose de louche qui lui fait éviter Jédah et d'un autre côté, elle se sent bien avec lui. Cette ambivalence m'a gênée tout au long de l'histoire car elle démontre un manque de clairvoyance chez Merilee qui l'entraine à accepter stupidement le comportement brutal de son oncle jusqu'à l'éclatement de la sordide et épouvantable vérité.
Merci à B/O/B, le marque/page des blogueurs Et Le Livre de Poche.
Si l'on me demandait: " Combien de temps êtes-vous resté à Fresnes ? Je répondrais sans réfléchir:- un mois. J'y suis resté huit jours. Trente jours, en prison, cela doit faire - dans le souvenir - entre cinq et six mois. Ceux qui y sont depuis quatre ans - y sont depuis vingt ans. A leur sortie, cela se verra.
Le curé de Tours est un homme d'une soixantaine d'années, replet, bon enfant, bon vivant, ne faisant de mal à personne, poursuivant son petit bonhomme de chemin tranquillement, et sans rien demander à personne, mais toutefois naïf pour son malheur. Au début de l'histoire on le voit content de lui-même et de la vie qu'il mène. Pourtant quand il rentre chez lui, il remarque tout de suite qu'on a manqué de lui rendre certains services qu'il est en droit d'attendre, et il pressent quelque chose de mauvais. Il habite un très beau logement qu'il a convoité pendant des années, qui est propriété d'une demoiselle Gamard, égoïste et sans scrupules. Cette dernière, sans raisons valables, se met à haïr cet homme bon et à le persécuter, cherchant par tous les moyens à le faire partir. La naïveté de l'abbé Birotteau lui défend de croire à la méchanceté de la vieille fille et il n'est pas non plus en mesure de comprendre la haine dont il est l'objet, c'est ce qui le perdra.
Extrait: Il y eut cette différence entre feu l'abbé Chapeloud et le vicaire, que l'un était un égoïste adroit et spirituel, et l'autre un franc et maladroit égoïste.