Publié le 11 Juin 2021
Charles-Ferdinand Ramuz 1878-1947
La vieille
Elle était déjà bien vieille
quand les vieux d’à présent étaient petits,
elle est d’un autre temps, elle est restée, et puis
elle s’est oubliée.
Elle est du temps passé où les femmes portaient
des coiffes de dentelles,
des fichus tout brodés, des jupes de mitaine
avec beaucoup de plis.
Elle est du temps où on parlait encore patois,
où les gens allaient à la ville,
une fois par année, aux fêtes de la Dame ;
et, montant à la cathédrale
avec des graines dans leur poche,
ils faisaient le tour de la grosse cloche.
Elle est d'un temps si vieux qu'on ne s'en souvient plus.
Mais, elle, elle s'en souvient, elle ferme les yeux
pour mieux s'en souvenir ;
et elle est là, assise au soleil sans rien dire,
songeant à son passé, à ceux qui sont partis
et à sa solitude.
Les poèmes de Ramuz sont plutôt écrits en prose et décrivent la vie telle qu'elle est. Il décrit tout ce qu'il voit et de ce fait, nous fait entrer dans la réalité terrestre