Publié le 23 Octobre 2017

                                                                                                            Henri Troyat 

    Henri Troyat couvre dans cette grande œuvre, une période d'une soixantaine d'années d'histoire de la Russie. Il y est question de l'abolition du servage par Alexandre II, des soulèvements d'étudiants contre le régime en place, de l'assassinat du tsar... Sont évoqués Lénine, Tolstoï, Pouchkine... Klim est serf et vit sous Alexandre II, le grand tsar des réformes qui a aboli le servage et vendu la terre aux paysans. Il sait lire et écrire car il a été élevé avec le bartchouk, le fils du barine auquel il est entièrement dévoué. Intelligent, fin, sensible, il tient un cahier dans lequel il transcrit tout ce qu'il vit, un cahier qui lui tient de compagnon de route. Klim en tant que serf, n'ayant aucun droit, est obligé par son maître de suivre son fils Vissarion à Moscou pour lui servir de domestique. Klim, malgré sa nouvelle liberté ne proteste pas, habitué qu'il est à obéir aveuglément. Du reste il continuera longtemps à se conduire comme un serf, tant il faudra de temps pour changer les mentalités; autant celle des serfs que celle des seigneurs. En effet, Vissarion, fort de ses origines nobles, et malgré sa lutte contre le servage et toutes sortes d'oppression, se conduira toujours comme le maître de Klim, le rudoyant sans ménagement. Vissarion est un être léger et frivole qui se laisse facilement persuader par Stopia de faire partie d'un mouvement social révolutionnaire. C'est une vie de clandestinité, d'errance et de fuite dans laquelle ils entraînent Klim et qui finira en Sibérie. Klim désavoue leurs actions meurtrières à l'encontre des têtes pensantes du régime, mais ne se permet pas de dire ce qu'il pense. En effet qu'est-il, lui, un ancien serf face à ces intellectuels? On les retrouve finalement tous trois à Paris, déjà quelque peu âgés, semblables à eux-même. Klim toujours servant et écrivant dans son cahier; Vissarion et Stiopa toujours avec leurs idées révolutionnaires, mais force leur est de constater que non seulement ils sont de parfaits inconnus en France mais aussi que leurs idées sont dépassées. Ils vivotent dans leur pitoyable appartement entre discussions politiques et querelles. 

    "Quand je pense qu'il y a des imbéciles pour souhaiter la libération ds serfs! Voilà! Depuis des siècles, ils se sont habitués à une soumission qui a pour contrepartie la sécurité. Tout leur est mâché, peines et joies, besogne et nourriture... Sais-tu ce que dit mon père? "Si tu aimes le moujik, évite d'en faire un homme!" Je ne sais s'il plaira à Dieu de me faire encore voyager, mais je suis sûr que je n'oublierai jamais comment je suis venu de Smolensk à Moscou. Une bonne route, à travers un beau pays"...

Voir les commentaires

Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 5 Octobre 2017

                                                                                                             Henri Troyat

    Le Moscovite est un jeune homme de vingt et un an, dont les parents ont émigré en Russie, sous la Terreur. Armand de Croué est de haute naissance et vit dans la famille Bérenizkoff depuis l'âge de trois ans. Quoique français il se sent profondément russe. Du reste, il parle cette langue aussi bien que la langue de Molière. Alors, quand Napoléon et ses troupes entrent dans Moscou, un bouleversement le saisit. De quel côté doit-il se tourner? Armand est douloureusement partagé entre les sentiments qu'il éprouve pour la Russie, dans laquelle il a vécu depuis son enfance,et ceux qu'il éprouve pour la France dont il est issu, même s'il ne la connait pas. Alors qu'il est obligé de fuir sa maison incendiée, Armand est secouru par une troupe de comédiens français, qui l'entraîne malgré lui, à prendre partie pour la France. Il est aussi contacté par les autorités civiles, plus précisément par Barthélemy de Lesseps, l'oncle de Ferdinand, et alors intendant de Moscou, qui lui demande expressément de faire partie de conseils municipaux mis en place par Napoléon, ayant pour but, soi-disant, de secourir la population démunie de la ville. Cette requête le met mal à l'aise car il a alors le sentiment profond de trahir son pays d'adoption. "J'ai été élevé ici, Monsieur, dit-il fièrement. Les Russes m'ont toujours considéré comme un des leurs. Je ne voudrais rien faire qui pût être interprété comme une soumission à la volonté de l'ennemi déclaré de leur patrie." Plus tard en effet il est arrêté et emprisonné car on lui reproche sa trahison envers la Russie qui l'a éduqué et nourri. "La Russie vous a recueilli, vous a réchauffé, vous a instruit, poursuivit Rostoptchine en haussant le ton, et au moment le plus tragique de son histoire, vous l'avez trahie comme un vulgaire laquais prêt à changer de maître si on le paie mieux dans une autre maison! Je reconnais bien là l'esprit versatile, fourbe, égoïste de votre race." Toutefois dans l'esprit d'Armand il n'y a pas de trahison, car les circonstances l'ont entraîné et contraint à faire des choix. Blessé, offensé par les milieux russes Armand se décide à partir pour la France avec Nathalie Ivanovna et sa fille Catherine. Mais là aussi il est inquiété par les autorités qui lui demandent des explications sur ses agissements politiques: Est-il pour la France ou pour la Russie? A travers l'histoire d'Armand, Henri Troyat retrace celle de la Russie à cette époque. Napoléon est perçu comme l'envahisseur, le tyran. Sont aussi relatés l'incendie de Moscou, la fuite de ses habitants, les pillages, la panique, la pagaille, la retraite tragique, les opinions et sentiments des belligérants, les histoires d'amour...

    Henri Troyat fait rentrer le lecteur dans cette partie de l'histoire qui a tant marqué les esprits. J'ai beaucoup aimé cette œuvre qui est très riche.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature française

Repost0