Publié le 31 Janvier 2019

                                                                                                     Jacques Prévert

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cœur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes

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Publié le 23 Janvier 2019

                                                                                                          Léon  Tolstoï

      Olénine, (Tolstoï), part au Caucase, fuyant la Russie ou plutôt ce qu'elle représente pour lui: l'ennui, la vie futile et vaine. Il espère trouver une existence nouvelle, pleine d'attraits, dans laquelle il parviendra à se trouver, à connaître enfin ce à quoi il est destiné. Le dépaysement est total, les cosaques formant un peuple aux mœurs primitives et le paysage est grandiose.       

    Subjugué par les splendides montagnes enneigées, Olénine, en les contemplant ressent comme un souffle de pureté, qui l'entraîne dans une volonté bien affirmée de s'intégrer aux cosaques. Et pour ce faire il n'hésite pas à s'habiller comme eux, adoptant le mieux possible leurs manières et  se rapprochant d'une jeune cosaque dont il est tombé amoureux. Mais les cosaques, outre le fait qu'ils sont rebelles aux russes, forme un peuple fier. La démarcation est nette, comme un mur qui sépare les deux clans.  Olénine dans ces conditions aura du mal à aller jusqu'au bout de son projet.

    Il s'agit là d'une œuvre en partie autobiographique. Tolstoï s'était rendu au Caucase, âgé de 23 ans, comme junker (aspirant), dans l'armée russe en conflit avec le Caucase, qu'elle désirait pacifier. Le désir de Tolstoï était de s'immerger dans ce pays, dans le but d'une régénérescence morale et d'un changement de vie, la beauté des montagnes neigeuses l'encourageant dans ce sens. On sait que Tolstoï, de tout temps avait désiré quitter le milieu (aristocratique) d'où il était issu pour vivre d'une vie simple. On comprend dans cette œuvre que ce souhait était déjà en lui dans sa jeunesse. 

Extraits:"... il pénétra peu à peu cette beauté et sentit les montagnes. Depuis ce moment, tout ce qu'il put voir, tout ce qu'il put penser, tout ce qu'il put éprouver, reçut pour lui l'empreinte nouvelle, austère et majestueuse, des montagnes. Les souvenirs de Moscou,  la honte et le repentir, les rêves banals sur le Caucase, tout cela disparut pour ne plus revenir."

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature russe

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Publié le 22 Janvier 2019

Louis I
Louis II
Louis III
Louis IV
Louis V

Louis VI
Louis VII
Louis VIII
Louis IX

Louis X (dit le Hutin)
Louis XI
Louis XII
Louis XIII
Louis XIV
Louis XV
Louis XVI
Louis XVII
Louis XVIII
et plus personne plus rien...
qu'est-ce que c'est que ces gens-là
qui ne sont pas foutus
de compter jusqu'à vingt ?

Jacques Prévert, Paroles.

 

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 18 Janvier 2019

                                                                                                                                                                                                                                  Arthur Rimbaud

Sensation

Par les soirs bleus d’été j’irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :

Rêveur, j’en sentirai la fraicheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
 

Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien.
Mais l’amour infini me montera dans l’âme ;
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature,—heureux comme avec une femme.

                                                                                        Poésies Mars 1870 

Forêt de Haguenau

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 16 Janvier 2019

Un bijou criant de vérité, incroyablement beau.

Lettre de Victor Hugo à Lamartine

24 juin 1862

Mon illustre ami,

Si le radical, c’est l’idéal, oui, je suis radical.
Oui, à tous les points de vue, je comprends, je veux et j’appelle le mieux ; le mieux, quoique dénoncé par le proverbe, n’est pas ennemi du bien, car cela reviendrait à dire : le mieux est l’ami du mal. Oui, une société qui admet la misère, oui, une religion qui admet l’enfer, oui, une humanité qui admet la guerre, me semblent une société, une religion et une humanité inférieures, et c’est vers la société d’en haut, vers l’humanité d’en haut et vers la religion d’en haut que je tends : société sans roi, humanité sans frontières, religion sans livre. Oui, je combats le prêtre qui vend le mensonge et le juge qui rend l’injustice. Universaliser la propriété (ce qui est le contraire de l’abolir) en supprimant le parasitisme, c’est-à-dire arriver à ce but : tout homme propriétaire et aucun homme maître, voilà pour moi la véritable économie sociale et politique. Le but est éloigné. Est-ce une raison pour n’y pas marcher ? J’abrège et je me résume. Oui, autant qu’il est permis à l’homme de vouloir, je veux détruire la fatalité
humaine ; je condamne l’esclavage, je chasse la misère, j’enseigne l’ignorance, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine.
Voilà ce que je suis, et voilà pourquoi j’ai fait Les Misérables.
Dans ma pensée, Les Misérables ne sont autre chose qu’un livre ayant la fraternité pour base et le progrès pour cime.

Maintenant jugez-moi.

Les contestations littéraires entre lettrés sont ridicules, mais le débat politique et social entre poètes, c’est-à-dire entre philosophes, est grave et fécond. Vous voulez évidemment, en grande partie du moins, ce que je veux ; seulement peut-être souhaitez-vous la pente encore plus adoucie. Quant à moi, les violences et les représailles sévèrement écartées, j’avoue que, voyant tant de souffrances, j’opterais pour le plus court chemin.

Cher Lamartine, il y a longtemps, en 1820, mon premier bégaiement de poète adolescent fut un cri d’enthousiasme devant votre aube éblouissant se levant sur le monde. Cette page est dans mes œuvres, et je l’aime ; elle est là avec beaucoup d’autres qui glorifient votre splendeur et votre génie. Aujourd’hui vous pensez que votre tour est venu de parler de moi ; j’en suis fier. Nous nous aimons depuis quarante ans, et nous ne sommes pas morts ; vous ne voudrez gâter ni ce passé ni cet avenir, j’en suis sûr. Faites de mon livre et de moi ce que vous voudrez. Il ne peut sortir de vos mains que de la lumière.

Votre Vieil ami Victor Hugo

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Lettres

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