Publié le 14 Février 2019
Alice du Gard
De ma terrasse ombragée
Je vois l'oiseau sautillant
A petits pas sur ses pattes grêles
Il regarde à droite
Il regarde à gauche
Puis, rassuré, prend son envol
pour se poser sur la branche fine et frêle
Au plaisir de lire encore et toujours de beaux romans, français, étrangers, surtout des classiques écrits par de grands auteurs qui forcent l'admiration. "Par la lecture,on s'absente de soi-même et de sa propre vie." Alphonse Karr
Publié le 14 Février 2019
Alice du Gard
De ma terrasse ombragée
Je vois l'oiseau sautillant
A petits pas sur ses pattes grêles
Il regarde à droite
Il regarde à gauche
Puis, rassuré, prend son envol
pour se poser sur la branche fine et frêle
Publié le 1 Février 2019
Victor Hugo
En hiver la terre pleure ;
Le soleil froid, pâle et doux,
Vient tard, et part de bonne heure,
Ennuyé du rendez-vous.
Leurs idylles sont moroses.
- Soleil ! aimons ! - Essayons.
O terre, où donc sont tes roses ?
- Astre, où donc sont tes rayons ?
Il prend un prétexte, grêle,
Vent, nuage noir ou blanc,
Et dit : - C'est la nuit, ma belle ! -
Et la fait en s'en allant ;
Comme un amant qui retire
Chaque jour son cœur du nœud,
Et, ne sachant plus que dire,
S'en va le plus tôt qu'il peut.
Publié le 31 Janvier 2019
Jacques Prévert
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cœur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur
Publié le 23 Janvier 2019
Léon Tolstoï
Olénine, (Tolstoï), part au Caucase, fuyant la Russie ou plutôt ce qu'elle représente pour lui: l'ennui, la vie futile et vaine. Il espère trouver une existence nouvelle, pleine d'attraits, dans laquelle il parviendra à se trouver, à connaître enfin ce à quoi il est destiné. Le dépaysement est total, les cosaques formant un peuple aux mœurs primitives et le paysage est grandiose.
Subjugué par les splendides montagnes enneigées, Olénine, en les contemplant ressent comme un souffle de pureté, qui l'entraîne dans une volonté bien affirmée de s'intégrer aux cosaques. Et pour ce faire il n'hésite pas à s'habiller comme eux, adoptant le mieux possible leurs manières et se rapprochant d'une jeune cosaque dont il est tombé amoureux. Mais les cosaques, outre le fait qu'ils sont rebelles aux russes, forme un peuple fier. La démarcation est nette, comme un mur qui sépare les deux clans. Olénine dans ces conditions aura du mal à aller jusqu'au bout de son projet.
Il s'agit là d'une œuvre en partie autobiographique. Tolstoï s'était rendu au Caucase, âgé de 23 ans, comme junker (aspirant), dans l'armée russe en conflit avec le Caucase, qu'elle désirait pacifier. Le désir de Tolstoï était de s'immerger dans ce pays, dans le but d'une régénérescence morale et d'un changement de vie, la beauté des montagnes neigeuses l'encourageant dans ce sens. On sait que Tolstoï, de tout temps avait désiré quitter le milieu (aristocratique) d'où il était issu pour vivre d'une vie simple. On comprend dans cette œuvre que ce souhait était déjà en lui dans sa jeunesse.
Extraits:"... il pénétra peu à peu cette beauté et sentit les montagnes. Depuis ce moment, tout ce qu'il put voir, tout ce qu'il put penser, tout ce qu'il put éprouver, reçut pour lui l'empreinte nouvelle, austère et majestueuse, des montagnes. Les souvenirs de Moscou, la honte et le repentir, les rêves banals sur le Caucase, tout cela disparut pour ne plus revenir."
Publié le 22 Janvier 2019
Louis I
Louis II
Louis III
Louis IV
Louis V
Louis VI
Louis VII
Louis VIII
Louis IX
Louis X (dit le Hutin)
Louis XI
Louis XII
Louis XIII
Louis XIV
Louis XV
Louis XVI
Louis XVII
Louis XVIII
et plus personne plus rien...
qu'est-ce que c'est que ces gens-là
qui ne sont pas foutus
de compter jusqu'à vingt ?
Jacques Prévert, Paroles.
Publié le 18 Janvier 2019
Arthur Rimbaud
Sensation
Par les soirs bleus d’été j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraicheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien.
Mais l’amour infini me montera dans l’âme ;
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature,—heureux comme avec une femme.
Poésies Mars 1870
Publié le 16 Janvier 2019
Un bijou criant de vérité, incroyablement beau.
Lettre de Victor Hugo à Lamartine
24 juin 1862
Mon illustre ami,
Si le radical, c’est l’idéal, oui, je suis radical.
Oui, à tous les points de vue, je comprends, je veux et j’appelle le mieux ; le mieux, quoique dénoncé par le proverbe, n’est pas ennemi du bien, car cela reviendrait à dire : le mieux est l’ami du mal. Oui, une société qui admet la misère, oui, une religion qui admet l’enfer, oui, une humanité qui admet la guerre, me semblent une société, une religion et une humanité inférieures, et c’est vers la société d’en haut, vers l’humanité d’en haut et vers la religion d’en haut que je tends : société sans roi, humanité sans frontières, religion sans livre. Oui, je combats le prêtre qui vend le mensonge et le juge qui rend l’injustice. Universaliser la propriété (ce qui est le contraire de l’abolir) en supprimant le parasitisme, c’est-à-dire arriver à ce but : tout homme propriétaire et aucun homme maître, voilà pour moi la véritable économie sociale et politique. Le but est éloigné. Est-ce une raison pour n’y pas marcher ? J’abrège et je me résume. Oui, autant qu’il est permis à l’homme de vouloir, je veux détruire la fatalité humaine ; je condamne l’esclavage, je chasse la misère, j’enseigne l’ignorance, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine.
Voilà ce que je suis, et voilà pourquoi j’ai fait Les Misérables.
Dans ma pensée, Les Misérables ne sont autre chose qu’un livre ayant la fraternité pour base et le progrès pour cime.
Maintenant jugez-moi.
Les contestations littéraires entre lettrés sont ridicules, mais le débat politique et social entre poètes, c’est-à-dire entre philosophes, est grave et fécond. Vous voulez évidemment, en grande partie du moins, ce que je veux ; seulement peut-être souhaitez-vous la pente encore plus adoucie. Quant à moi, les violences et les représailles sévèrement écartées, j’avoue que, voyant tant de souffrances, j’opterais pour le plus court chemin.
Cher Lamartine, il y a longtemps, en 1820, mon premier bégaiement de poète adolescent fut un cri d’enthousiasme devant votre aube éblouissant se levant sur le monde. Cette page est dans mes œuvres, et je l’aime ; elle est là avec beaucoup d’autres qui glorifient votre splendeur et votre génie. Aujourd’hui vous pensez que votre tour est venu de parler de moi ; j’en suis fier. Nous nous aimons depuis quarante ans, et nous ne sommes pas morts ; vous ne voudrez gâter ni ce passé ni cet avenir, j’en suis sûr. Faites de mon livre et de moi ce que vous voudrez. Il ne peut sortir de vos mains que de la lumière.
Votre Vieil ami Victor Hugo
Publié le 31 Décembre 2018
Alexandre Soljenitsyne
Dans cette nouvelle Alexandre Soljénitsyne nous fait entrer dans la Russie profonde, loin des villes, dans un milieu simple et modeste.
En été 1956, un homme recherchant la tranquillité se présente chez Matriona pour la location d'une chambre.
Cette femme d'une soixantaine d'années, vit seule dans son izba. Elle est discrète, parlant peu. Une maladie inconnue la cloue de temps en temps sur son poêle, mais à part cela c'est une femme pleine d'énergie, de vivacité, qui aime travailler, trouvant d'ailleurs dans l'activité une satisfaction saine. Elle rend aussi toutes sortes de services à ses voisins, même si aucun d'entre eux ne songe à lui proposer la plus petite aide. La vie n'est pas facile pour Matriona. Elle reçoit donc Ignatitch, lui aménage un coin dans la grande pièce envahie de ses ficus, et lui fait la cuisine. Une bonne entente s'établit entre eux. Certes les conversations ne sont pas très élevées, mais Matriona, petit à petit confie à son locataire tous ses petits soucis quotidiens, qui dans cette Russie de l'époque, lui compliquent la vie.
Tout va donc bien dans cette maison jusqu'au jour où arrive le beau-frère de cette femme simple, qui se met en tête de revendiquer son droit; cet homme qui a été autrefois son fiancé...
Extraits: Mais ce n'était pas la faute de Matriona: le beurre n'existait pas davantage à Torfoprodukt, la margarine, on se l'arrachait, et seul était accessible un mélange de graisses de basse qualité.
Mais si le poêle russe est parvenu du lointain âge de pierre jusqu'à nos ancêtres, c'est pour la bonne raison que, mis en marche une fois pour toutes au petit matin, il garde toute la journée à la bonne température la pâtée des bêtes et la nourriture de l'homme. Et, de surcroit, on y dort au chaud.
Publié le 16 Novembre 2018
Laurent Seksik
Né à Nice en 1962, médecin de formation, mais passionné d'écriture.
Il s'agit de son neuvième roman. après avoir écrit entre autres, L'exercice de la médecine, Les Derniers jours de Stéfan Zweig, Le cas Eduard Einstein et Romain Gary s'en va t'en guerre.
Résumé.
Laurent Seksik se rend en Israël se recueillir sur la tombe de son père, mort il y a un an. Dans l'avion qui l'emporte au départ de Nice, il converse avec sa voisine, qui, sans scrupules, lui pose des questions sur sa vie.
Alors il revient sur son passé en relatant ses rapports avec son père qui lui racontait les histoires de la famille: celle de son grand-père Albert cordonnier de son métier, revenu des tranchées malade; et du grand-oncle Victor. Le père de celui-ci, Jacob, à la fois poète et chimiste avait inventé une boisson au goût de paradis: la Jacobine, eau gazeuse et miraculeuse.
Laurent a accompli la volonté de ses parents. De sa mère qui voulait qu'il devienne médecin et il est devenu médecin, de son père qui désirait qu'il devienne écrivain et il est devenu écrivain.
Mais pourquoi a t-il agi ainsi et s'est-il senti obligé d'obéir à ses parents?
Ce livre raconte la relation touchante entre un père et son fils. En effet Laurent Seksik avait une relation solide avec son père qui l'aimait et qu'il aimait; son père était bon pour lui, se souciait de lui, parlait avec lui, était très attentif. Un courant sain passait entre les deux hommes Si le père exerçait une pression sur son fils, celle-ci était telle que le fils pouvait tout à fait l'accepter sans éprouver de frustration car cette pression laissait sa part à la liberté.
Plus tard, Laurent Seksik abandonne la médecine pour se consacrer à l'écriture, car pour lui elle est sa vocation. Il faut qu'il écrive. Quand il fait part de sa décision à son père, qui tenait à ce que les règles établies soient respectées, il a la surprise de l'entendre dire: Parce que c'est peut-être bien de faire deux choses à la fois, mais c'est encore plus beau de pouvoir vivre de sa passion.
"L'hospitalisation pour ma néphrite juvénile dura une semaine entière. Chaque jour mon père vint me conter l'histoire de son oncle comme un oiseau donne la becquée à l'oisillon. Il s'appliquait à raconter, avec fougue et concentration, successivement jovial et triste, devenant tour à tour tous les personnages."
Publié le 17 Octobre 2018
Ousmane Sembene
Écrivain et cinéaste sénégalais, né en 1923 et décédé en 2007.
D'après une coutume africaine, on compte les Bouts de bois, plutôt que les vivants pour ne pas abréger le cours de leur vie. Cette histoire vraie relate la lutte longue (5 mois), difficile et extrêmement dure des cheminots de la ligne Dakar-Niger, en 1947, pour obtenir les mêmes droits que les ouvriers blancs. Ils font face à la faim, au dénuement le plus extrême, au mépris odieux des colons, à leur violence. Les femmes se mettent également en mouvement bien que cette société fonctionne de manière patriarcale. Elles agissent et combattent, d'abord en soutenant leurs maris, puis en entreprenant une longue marche jusqu'à Dakar. Tous ces efforts cumulés, cette lutte douloureuse et cette persévérance finiront par être récompensés car les colons devront céder. On ne peut être qu'admiratif de ce courage, de cette force morale, dans cet environnement hostile, qu'ont montré ces ouvriers pour atteindre leur but.