Publié le 28 Juin 2019
Au plaisir de lire encore et toujours de beaux romans, français, étrangers, surtout des classiques écrits par de grands auteurs qui forcent l'admiration. "Par la lecture,on s'absente de soi-même et de sa propre vie." Alphonse Karr
Publié le 28 Juin 2019
Publié le 26 Juin 2019
Docteur en sciences naturelles, écologiste, mais aussi penseur, philosophe et théologien, Théodore Monod, (1902-2000), était un grand spécialiste du désert, particulièrement du Sahara, qu'il a parcouru pendant plusieurs années à dos de dromadaire. Il a écrit "Les Méharées" qui sont des récits de voyage décrivant ses pérégrinations dans les ergs. Également grand humaniste il s'est battu contre les frappes nucléaires et le militarisme. Théodore Monod était aussi engagé contre la corrida et la chasse.
La citation suivante est d'un réalisme évident et cet homme pleurerait sans doute s'il lui donnait de voir ce qui se passe sur cette planète.
Il n'est pas interdit d'espérer. Lorsqu'on me demande de parler de l'au-delà, et compte tenu de mon âge c'est une question qui doit m'intéresser, je réponds que je ne sais pas. Je n'ai donc rien le droit d'affirmer. En revanche, j'ai le droit d'espérer. L'espérance est une fonction très spéciale et personne ne peut me l'enlever. J'ai donc le droit d'espérer que les hommes prennent demain la mesure des dangers qui viennent menacer l'espèce humaine dans son devenir. A moins qu'ils ne choisissent de se détruire par excès de stupidité ou d'imprudence. L'espèce humaine disparaîtrait, comme autrefois les dinosaures ou les ammonites ont disparu, et céderait discrètement la place au groupe suivant.
Révérence à la vie
Publié le 11 Juin 2019
Manzoni
L’histoire se déroule en Lombardie entre 1628 et 1630, au temps de la domination espagnole. On oblige Don Abbondio, curé d’Acquate, un petit village sur le lac de Côme, à ne pas célébrer le mariage de Renzo Tramaglino et Lucia Mondella, dont s’est épris Don Rodrigo, petit seigneur local. Contraints par les puissants du coin à quitter leur petit village, Lucia et sa mère Agnès, aidées par le père Christophe se réfugient au couvent de Monza, tandis que Renzo se rend à Milan dans l’espoir d’obtenir gain de cause. Don Rodrigo fait alors enlever Lucia par l’Innominato, un autre seigneur qui exécute sans scrupules toute la sale besogne. Mais la vue de la jeune fille, si injustement tourmentée, et l’arrivée du cardinal Borroméo provoquent en lui une profonde crise de conscience : au lieu de mettre la jeune fille dans les mains de Rodrigo, il la libère. Entre-temps, Renzo est arrivé à Milan, alors que des émeutes éclatent partout dans la ville. Il est alors pris pour l’un des chefs de file de ces émeutes et se voit obligé de fuir à Bergame. La Lombardie est déchirée par la guerre et la peste, mais Renzo retourne à Milan pour retrouver sa fiancée. Il retrouve Lucia dans un dispensaire aux côtés du père Christophe qui soigne les infirmes, parmi lesquels, abandonné de tous, se trouve Don Rodrigo mourant.
Publié le 3 Juin 2019
Une belle découverte que celle du cimetière Abney Park dans le quartier Hackney à Londres, aménagé au XVIII ème siècle par Lady Mary Abney. C'est un cimetière singulier dans lequel les tombes sont éparpillées dans un petit bois. On s'y retrouve dans un calme qui appelle à la méditation et au délassement.
Cimetière protestant, le pasteur méthodiste William Booth,(1829-1912) et sa femme Catherine, les fondateurs de l'Armée du Salut, y sont inhumés; mais aussi Albert Chevalier, comédien de music-hall, chanteur et acteur; Herbert Campbell, comédien; Franck Bostock dresseur de fauves, dont la tombe est surmontée d'un lion; des hommes politiques ayant milité contre l'esclavage. Deux cent mille personnes sont enterrées là.
Publié le 2 Juin 2019
Les prés ont une odeur d’herbe verte et mouillée,
Un frais soleil pénètre en l’épaisseur des bois,
Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
Et les nids palpitants s’éveillent à la fois.
Les cours d’eau diligents aux pentes des collines
Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
Ils chantent au milieu des buissons d’aubépines
Avec le vent rieur et l’oiseau du matin.
Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses,
L’aube fait un tapis de perles aux sentiers,
Et l’abeille, quittant les prochaines yeuses,
Suspend son aile d’or aux pâles églantiers.
Sous les saules ployants la vache lente et belle
Paît dans l’herbe abondante au bord des tièdes eaux ;
La joug n’a point encor courbé son cou rebelle,
Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux.
Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries
Qui vers l’horizon bleu coule à travers les prés,
Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies,
Hume l’air qui l’enivre, et bat ses flancs pourprés.
La Terre rit, confuse, à la vierge pareille
Qui d’un premier baiser frémit languissamment,
Et son œil est humide et sa joue est vermeille,
Et son âme a senti les lèvres de l’amant.
O rougeur, volupté de la Terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le cœur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !
Assez tôt, tout baignés de larmes printanières,
Par essaims éperdus ses songes envolés
Iront brûler leur aile aux ardentes lumières
Des étés sans ombrage et des désirs troublés.
Alors inclinez-lui vos coupes de rosée,
O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours !
Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée,
Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !
"Poésies diverses."
Publié le 3 Mai 2019
Emily Bronté
Histoire de haine et d'amour, Les Hauts de Hurle-Vent est l'unique roman d'Emily Brontë.
En revenant de Liverpool Mr Earnshaw, ramène chez lui, un petit garçon qu'il a trouvé abandonné dans la ville. Immédiatement, Heathcliff est perçu comme l'intrus et Hindley, le fils aîné lui voue une haine féroce. Catherine, elle, après les premières réticences, développe une amitié profonde puis des sentiments intenses envers Heathcliff qui le lui rend bien.
A la mort du vieil Earnshaw, la situation d'Heathcliff devient tragique car Hindley lui fait payer cher sa présence dans la maison en l'humiliant de toutes les manières possibles. Le privant de toute éducation, il le rend méprisable à la bonne société ainsi qu'à Cathy. Cette dernière, voyant son ami avili à ce point, préfère épouser Edgar Linton, malgré la conviction profonde de son erreur. "Ce n'est pas plus mon affaire d'épouser Edgar Linton que d'être au ciel; et si l'individu pervers qui est ici n'avait pas ainsi dégradé Heathcliff, je n'y aurais jamais songé. Ce serait me dégrader moi-même maintenant, que d'épouser Heathcliff. Aussi ne saura-t-il jamais comme je l'aime;
Heathcliff, désespéré, comprenant que Cathy l'abandonne, quitte le domaine pour revenir quelques années plus tard dans l'intention bien arrêtée de se venger de toutes les humiliations subies.
Le comportement de Heathcliff est odieux mais il inspire la compassion à cause de tout ce qu'il a souffert. Toutefois, bien que présentant une apparence de dureté cruelle, il avoue une sensibilité exacerbée et sa souffrance, si intense à la mort de Catherine le bouleverse profondément. "Sois toujours avec moi...prends n'importe quelle forme...rends-moi fou! mais ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver. Oh! Dieu! c'est indicible! je ne peux pas vivre sans ma vie! je ne peux pas vivre sans mon âme!"
"Il frappa de la tête contre le tronc noueux; puis levant les yeux, se mit à hurler, non comme un homme, mais comme une bête sauvage frappée à mort...
Pendant les années qui suivent la mort de Cathy, Heathcliff démolit petit à petit la famille Earnshaw, s'accapare de tous leurs biens. Mais alors qu'il arrive à ses fins, il se rend compte qu'il n'a plus le goût à la vengeance.
La douleur de Catherine n'a d'égale que celle d'Haethcliff. Souffrant d'un sentiment de culpabilité, écartelée entre son amour pour Heathcliff,et son mariage avec Edgar Linton, voulant concilier les deux parties adverses, la jeune femme finit par tomber malade. Sur son lit de mort Heathcliff lui reproche la part qu'elle a pris à sa propre mort: "Vous m'apprenez maintenant combien vous avez été cruelle...cruelle et fausse. Pourquoi m'avez-vous méprisé? Pourquoi avez-vous trahi votre cœur, Catherine? Je ne puis vous adresser un mot de consolation. Vous avez mérité votre sort. Vous vous êtes tuée vous-même. Vous m'aimiez...quel droit aviez-vous alors de me sacrifier-...
Publié le 1 Mai 2019
Victor Hugo
Premier Mai
Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
Je ne suis pas en train de parler d'autres choses.
Premier Mai ! L'amour gai, triste, brûlant, jaloux,
Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ;
L'arbre ou j'ai, l'autre automne, écrit une devise,
La redit pour son compte et croit qu'il l'improvise ;
Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur,
Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en cœur ;
L'atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine
Des déclarations qu'au printemps fait la plaine,
Et que l'herbe amoureuse adresse au ciel charmant.
A chaque pas du jour dans le bleu firmament,
La campagne éperdue, est toujours plus éprise,
Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise
Envoie au renouveau ses baisers odorants ;
Tous ses bouquets, azurs, carmins, pourpres, safrans,
Dont l'haleine s'envole en murmurant : Je t'aime !
Sur le ravin, l'étang, le pré, le sillon même,
Font des taches partout de toutes les couleurs ;
Et, donnant les parfums, elle a gardé les fleurs ;
Comme si ses soupirs et ses tendres missives
Au mois de mai, qui rit dans les branches lascives,
Et tous les billets doux de son amour bavard,
Avaient laissé leurs traces aux pages du buvard !
Les oiseaux dans les bois, molles voix étouffées,
Chantent des triolets et des rondeaux aux fées ;
Tout semble confier à l'ombre un doux secret ;
Tout aime, et tout l'avoue à voix basse ; on dirait
Qu'au nord, au sud brûlant, au couchant, à l'aurore,
La haie en fleur, le lierre et la source sonore,
Les monts, les champs, les lacs et les chênes mouvants,
Répètent un quatrain, fait par les quatre vents.
Publié le 16 Avril 2019
Victor Hugo
Admirateur de l'édifice Victor Hugo, a écrit Notre-Dame de Paris pour sensibiliser le public à la beauté de ce monument, car la cathédrale délabrée, était menacée de démolition.
Ce quinze avril un gigantesque incendie a endommagé sérieusement la cathédrale Notre-Dame.
Dans l'extrait ci-dessous, les truands, en grand nombre veulent forcer l'entrée de l'église pour reprendre Esméralda qui s'y est réfugiée; mais Quasimodo se trouve au sommet...
Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église...
clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure. À mesure qu’ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s’élargissaient en gerbes, comme l’eau qui jaillit des mille trous de l’arrosoir. Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel. Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait remuer à l’œil. Il y avait des guivres qui avaient l’air de rire, des gargouilles qu’on croyait entendre japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée. Et parmi ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui marchait et qu’on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une chauve-souris devant une chandelle. Sans doute ce phare étrange allait éveiller au loin le bûcheron des collines de Bicêtre, épouvanté de voir chanceler sur ses bruyères l’ombre gigantesque des tours de Notre-Dame."
Publié le 11 Avril 2019
Honoré de Balzac
Monsieur Guillaume, drapier de son état, s'y connait bien en affaires et réussit très honorablement à gérer sa boutique du Chat-qui-pelote qui lui assure une situation aisée. Sa femme travaille aussi dans ce commerce et veille en plus sur ses deux filles: Virginie et Augustine que les parents comptent bien établir avantageusement.
Malheureusement les choses ne vont pas comme monsieur Guillaume l'entend. La cadette, Augustine est remarquée par un artiste peintre très célèbre, qui tombe amoureux d'elle dès qu'il la voit, car étant très jolie, elle l'inspire pour son art. D'ailleurs il fait d'elle un portrait qui rapporte un grand succès. Augustine, charmée de tant d'attentions, se marie avec Théodore de Sommervieux malgré les réticences de ses parents : "Monsieur Guillaume s'élevait singulièrement contre cette déplorable passion. Ses axiomes favoris étaient que, pour trouver le bonheur, une femme devait épouser un homme de sa classe."
La première année du mariage s'écoule en plein bonheur, Augustine est fêtée dans ce milieu aristocratique, comme une reine. Puis petit à petit les choses changent. Théodore de Sommervieux, en reprenant son travail se rend compte progressivement que sa femme ne comprend rien à l'art. "Enfin, Théodore ne put se refuser à l'évidence d'une vérité cruelle: sa femme n'était pas sensible à la poésie, elle n'habitait pas sa sphère, elle ne le suivait pas dans ses caprices,dans ses improvisations, dans ses joies, dans ses douleurs, elle marchait terre à terre dans le monde réel, tandis qu'il avait la tête dans les cieux. Les esprits ordinaires ne peuvent pas apprécier les souffrances renaissantes de l'être qui, uni à un autre par le plus intime des sentiments, est obligé de refouler sans cesse les plus chères expansions de sa pensée... Pour lui, ce supplice est d'autant plus cruel, que le sentiment qu'il porte à son compagnon ordonne, par sa première loi, de ne jamais rien se dérober l'un à l'autre, et de confondre les effusions de la pensée aussi bien que les épanchements de l'âme" Inévitablement un fossé se creuse entre les deux conjoints, car leurs différences de milieu et d'éducation sont trop importantes et difficilement corrigeables.
Augustine, désemparée est saisie d'une profonde mélancolie et comprend trop tard "qu'il est des mésalliances d'esprit aussi bien que des mésalliances de mœurs et de rang".
Publié le 9 Avril 2019
Stéphane Mallarmé
Le printemps maladif a chassé tristement
L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,
Et, dans mon être à qui le sang morne préside
L’impuissance s’étire en un long bâillement.
Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau
Et triste, j’erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…
– Cependant l'azur rit sur la haie et l’éveil
De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.