Publié le 6 Novembre 2019

Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !


Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie

Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? …

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphir;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux

Alphonse de Lamartine,

(Méditations poétiques)

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes, #Classiques français

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Publié le 19 Octobre 2019

Julien Green

Julien Green, 1900-1998 est né et mort à Paris.

Dans cet ouvrage Julien Green raconte son enfance puis sa jeunesse à Paris. Car sa vie s'est principalement déroulée dans la capitale française. Ses parents,  pour raison professionnelle, avaient quitté Savannah en Géorgie, pour s'installer en France dès 1895. La famille a habité pendant trente ans dans le seizième arrondissement une maison confortable qui a laissé des souvenirs tendres et joyeux à l'enfant. Pour que les enfants n'oublient pas leurs origines, la mère de Julien Green leur rappelait régulièrement qu'ils étaient américains et leur racontait son histoire dans la lointaine Amérique. Ma mère me racontait tout cela avec les mots les plus simples qu'elle pouvait trouver, mais je crains qu'elle ne m'ait pas donné une idée très claire du pays lointain qu'elle s'efforçait de me décrire. Il m'était difficile de me représenter les États-Unis autrement que comme une jungle traversée de gigantesques rivières dont les eaux brunâtres ne reflétaient jamais la face du ciel; C'est bien plus tard que Julien Green, lors de ses études, découvre ce pays tant chéri par sa mère.

La famille passait ordinairement ses vacances à Andrésy dans les Yvelines, un temps particulier et apprécié par Julien Green. Néanmoins il éprouvait toujours une joie intense à regagner Paris car il adorait la capitale dans laquelle il aimait déambuler en observant tout ce qu'il voyait: Néanmoins, c'était excitant de regagner Paris.

Puis, c'est la guerre. Green s'y engage, plus précisément à la Croix Rouge comme ambulancier. A sa démobilisation, il doit choisir une profession. Il sera écrivain, même s'il passe d'abord par une phase peinture.

Son premier ouvrage est "Pamphlets contre les catholiques de France". De protestant qu'il était dans son enfance, Julien Green est devenu catholique à l'âge de quinze ans. Néanmoins ce changement de religion ne lui a rien apporté de plus. Il se battait contre la contradiction entre ce qu'il croyait et sa manière de vivre. Pour lui, les catholiques étaient des hypocrites et sous cet angle là, qu'il les a critiqués.

Julien Green a poursuivi son œuvre en écrivant des essais, des biographies, des romans, des pièces de théâtre et son journal, très riche, qu'il rédige de mille neuf cent dix neuf à mille neuf cent quatre vingt dix huit.

Extrait: Dans ces collines entourant Paris, là battait le cœur de la France, là était née l'Ile-de-France, là ses premiers rois avaient veillé sur elle et l'avaient conduite vers son grand destin.

Chaque jour elle nous lisait la bible dans la version de 1611. Même quand j'étais trop petit pour suivre, je m'asseyais à ses pieds et j'écoutais. J'aimais le son des phrases de la bible anglaise bien qu'elles me demeurassent incompréhensibles.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 25 Septembre 2019

Eric-Emmanuel Schmitt

Je crois que j'ai aimé Tamanrasset à l'instant même où la ville m'apparut derrière le hublot.

A vingt-huit ans, désirant faire le point sur sa vie, et répondant à l'invitation d'un metteur en scène ayant le projet de faire un film, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le sud de l'Algérie avec un groupe de personnes dirigées par Abayghur le touareg, un personnage haut en couleurs qui fascine Schmitt de par sa façon d'être. Font partie de cette équipe, des philosophes, scientifiques, astronomes... Alors les discussions vont bon train... Surtout avec Ségolène, croyante, avec laquelle l'auteur s'entretient assez souvent.

"Vois-tu la nature sans t'interroger sur la direction qu'elle prend? Son sens? Moi, devant tant de prodiges, je ne peux m'empêcher d'envisager qu'il y a un plan, un dessein intelligent. Le cosmos et la vie attestent l'existence d'un esprit supérieur.

Mais l'esprit rationaliste de E Emmanuel Schmitt se rebiffe et lui commande de chercher ailleurs des explications à tout ce qu'il voit. "Je n'aime pas les questions qui n'obtiennent pas de réponse.

Un jour, pourtant, il est amené par les circonstances, à remettre en question ses croyances. En redescendant du Mont Tahat, le plus haut sommet du Hoggar, il se perd dans l'immensité de ce désert magnifique mais hostile. La nuit arrive. Or, n'ayant pas prévu de prolonger sa promenade au delà de la journée, il n'a rien emporté de ce qui est indispensable dans ce milieu. Pas suffisamment d'eau, pas de vêtements chauds. Dans l'obscurité quasi totale la crainte commence à se saisir de lui. Égaré. Rien à manger. Je ferme les paupières. Mes méninges moulinent.    Mourir...Voilà ce qui m'attend. Néanmoins pour une simple question de survie, Eric-Emmanuel Schmitt réagit efficacement en s'enfonçant dans un trou qu'il a creusé dans le sable. Dans cet abri de fortune, regardant les étoiles lumineuses il médite.

Soudain, sans qu'il n'y comprenne rien, il se sent soulevé, se met à flotter au dessus du paysage, sans plus éprouver la moindre douleur, la moindre souffrance. Incroyable: j'ai deux corps! L'un sur terre, l'autre en l'air. D'où vient cette force qui m'a placé si haut et m'y maintient? Une paix profonde l'envahit, il goûte un bonheur excessif et se sent fondre dans cette énergie qu'il ne peut contrôler. Et tout à coup il réalise, lui, l'agnostique, que tout a un sens, qu'il existe bien un esprit supérieur, une présence qu'il appelle Dieu. Dieu, je l'ai atteint par le cœur. Ou il a atteint mon cœur. Là, en moi, s'est creusé un corridor entre deux mondes, le nôtre et le sien... Nous ne nous quitterons plus. Quel bonheur qu'il existe! Dorénavant, il ne peut plus vivre comme si rien ne s'était produit. Cette expérience le marque à jamais et oriente sa vie de façon différente.

Le Hoggar

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature française

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Publié le 10 Septembre 2019

Honoré de Balzac

Me Derville, avoué, reçoit  en son étude un pauvre homme, habillé misérablement et dont les clercs se gaussent sans aucun scrupule tant cet homme présente mal. Me Derville, bien que pressé, écoute attentivement l'histoire de ce pauvre hère, surtout quand celui-ci lui déclare être le colonel Chabert, ayant glorieusement participé à la bataille d'Eylau, mais déclaré mort, enseveli sous un amoncellement de cadavres.

Le colonel Chabert,(car c'est bien lui), désire qu'on lui restitue son identité, sa fortune et son épouse Rose Chapotel, ancienne fille de joie, qu'il a tiré de la fange, aujourd'hui mariée au comte Ferraud.

Mais la situation est délicate. La comtesse Ferraud a accumulé une grosse fortune et acquis un statut social élevé grâce à la disparition de son mari. Non seulement elle n'a rien à gagner au retour de cet époux mais au contraire à perdre beaucoup. Aussi, de connivence avec Delbecq, son intendant, homme fourbe et sournois, choisit-elle tout d'abord, d'ignorer les lettres envoyées par Chabert; et quand elle se trouve dans l'obligation de le rencontrer, fait-elle semblant de ne pas le reconnaître. Enfin, pour arriver à ses fins, elle use de tous les stratagèmes comme la cajolerie, pour se débarrasser de cet homme encombrant. Finalement, avec son complice, et dans le dos de Chabert, qui ne se doute de rien, elle prépare une lettre dans laquelle est stipulé que son premier mari reconnait une imposture.

Devant tant de vilénie et de bassesse, dans un profond désespoir, dégoûté de l'humanité, le colonel Chabert, homme droit et vertueux, préfère renoncer à ses droits et démuni de tout, sans revenu, s'en va vivre mendiant dans un hospice à Bicêtre, et dans le souvenir de son temps de gloire quand il était soldat.

"Il, (Chabert) lui prit un si grand dégoût de la vie, que s'il y avait eu de l'eau près de lui il s'y serait jeté, que s'il avait eu des pistolets il se serait brûlé la cervelle."

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français

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Publié le 6 Septembre 2019

Auguste Lacaussade

Sous ces rayons cléments des soleils de septembre
Le ciel est doux, mais pâle, et la terre jaunit.
Dans les forêts la feuille a la couleur de l’ambre ;
L’oiseau ne chante plus sur le bord de son nid.

Du toit des laboureurs ont fui les hirondelles ;
La faucille a passé sur l’épi d’or des blés ;
On n’entend plus dans l’air des frémissements d’ailes :
Le merle siffle seul au fond des bois troublés.

La mousse est sans parfum, les herbes sans mollesse ;
Le jonc sur les étangs se penche soucieux ;
Le soleil, qui pâlit, d’une tiède tristesse
Emplit au loin la plaine et les monts et les cieux.

Les jours s’abrègent ; l’eau qui court dans la vallée
N’a plus ces joyeux bruits qui réjouissaient l’air :
Il semble que la terre, et frileuse et voilée,
Dans ses premiers frissons sente arriver l’hiver.

Ô changeantes saisons ! ô lois inexorables !
De quel deuil la nature, hélas ! va se couvrir !
Soleils des mois heureux, printemps irréparables,
Adieu ! ruisseaux et fleurs vont se taire et mourir.

Mais console-toi, terre ! ô Nature ! ô Cybèle !
L’hiver est un sommeil et n’est point le trépas :
Les printemps reviendront te faire verte et belle ;
L’homme vieillit et meurt, toi, tu ne vieillis pas !

Tu rendras aux ruisseaux, muets par la froidure,
Sous les arceaux feuillus leurs murmures chanteurs ;
Aux oiseaux tu rendras leurs nids dans la verdure ;
Aux lilas du vallon tu rendras ses senteurs.

Ah ! des germes captifs quand tu fondras les chaînes,
Quand, de la sève à flots épanchant la liqueur,
Tu feras refleurir les roses et les chênes,
Ô Nature ! avec eux fais refleurir mon cœur !

Rends à mon sein tari les poétiques sèves,
Verse en moi les chaleurs dont l’âme se nourrit,
Fais éclore à mon front les gerbes de mes rêves,
Couvre mes rameaux nus des fleurs de mon esprit.

Sans l’ivresse des chants, ma haute et chère ivresse,
Sans le bonheur d’aimer, que m’importent les jours !
Ô soleils! ô printemps ! je ne veux la jeunesse
Que pour toujours chanter, que pour aimer toujours !

Poèmes et Paysages.

Automne

 

Auguste Lacaussade, né en 1815 sur l'île de La Réunion et mort en 1897 à Paris.

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Rédigé par Alicia

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Publié le 12 Août 2019

Jane Austen

Roman qui a été écrit avant Orgueil et préjugés et dont le contenu est intéressant du fait du thème et de la description qu'en fait l'auteur de cette société de la petite noblesse campagnarde, rigide et étriquée.

Devons-nous nous laisser diriger par nos sentiments ou par la raison?

Elinor et Marianne Dachwood sont deux sœurs dépourvues de fortune car à l'époque géorgienne, pendant laquelle a vécu Jane Austen, les filles n'héritant pas, c'est le frère (aîné) qui recueillait tous les biens. Si ce dernier était complaisant il leur attribuait quelque don. Malheureusement pour les filles Dachwood la cupidité de Fanny, leur belle-sœur, les prive de tout avantage. Elles se retrouvent donc dans l'obligation de quitter Norland, leur splendide demeure dans le Sussex, pour se rendre dans le Devonschire où elles louent avec leur mère un petit cottage.

C'est dans cette belle région que Marianne rencontre Willouby. Mais s'appuyant sur les sentiments intenses qu'elle éprouve pour cet homme, elle s'y laisse aller sans retenue et sans méfiance, certaine de la bonté de cette relation qui, à ses yeux ne peut la décevoir. Et pourtant... Marianne est impulsive, du premier mouvement, sans réflexion. Ce comportement qui consiste à dévoiler ses sentiments ou plutôt à trop les dévoiler la met à la merci de personnes mal intentionnées et se retourne contre elle.

Elinor personnifie la raison.  Elle aussi rencontre un jeune homme, (Edward Ferrars), qui lui plait et avec lequel elle envisage la possibilité d'un mariage. Mais contrairement à sa sœur, elle se pose, ne montre rien de ce qu'elle ressent, attend. Cette patience faîte de confiance dans l'autre, permet à tous deux d'assoir, petit à petit, mais de façon solide, une relation profonde et durable.

Du reste, Elinor, grâce à son caractère calme et prudent parvient à contrôler toutes les situations difficiles qui se présentent à elle et à sa famille. C'est une personne de confiance, capable de recevoir les confidences et que l'on consulte volontiers.

Autour de ces deux sympathiques jeunes femmes, gravitent des personnages de caractères divers. John Middleton, exubérant, cordial jusqu'à l'indiscrétion, sa femme très rigide et sa belle-mère, Mrs Jennings débordante d'entrain, de bonne humeur, gentille, mais aussi curieuse et bavarde. Le colonel Brandon, à l'apparence austère et mystérieuse. Les demoiselles Steele, frivoles et sottes.

On ne s'ennuie pas à la lecture de ce roman, on rit plutôt à la rencontre de certains personnages, tant leur comportement peut être ridicule, à la limite de la sottise. C'est tout l'intérêt des histoires de Jane Austen composées de drame et d'humour.

Ce roman a été adapté au cinéma en 2008 par John Alexander, un petit bijou puis en 1995 par Ang Lee.

Elle (Elinor), avait excellent cœur, son caractère était affectueux, et ses sentiments étaient vifs; mais elle savait les gouverner;...

 

Londres

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 3 Août 2019

Ondine Valmore

Durant les longs étés, quand la terre altérée
Semble se soulever, blanchie et déchirée,
Pour chercher vainement un souffle de fraîcheur
Qui soulage en passant son inquiète ardeur;
Quand la moisson jaunie, éparse, échevelée,
Se penche tristement sur sa tige brûlée,
Qu’il est doux, sur ces champs tout à coup suspendu,
De voir poindre et grandir le nuage attendu !
Qu’il est doux, sous les flots de sa tiède rosée

De voir se ranimer la nature embrasée,
Et de sentir la vie, arrêtée un moment,
Rentrer dans chaque feuille avec frémissement !
Dans ces vallons étroits, profonds, et solitaires,
Où plonge un jour douteux pesant, plein de mystères ;
Où l’ombre des sapins couvre les champs pâlis,
Loin de l’air et du ciel terrains ensevelis;
Qu’il est doux, au milieu de la sombre journée,
De voir éclore enfin une heure fortunée,
De voir l’astre de feu, que le mont veut cacher,
S’élevant glorieux, dominer le rocher !
Ouvrant sa gerbe d’or sur ce côté du monde,
De ses jets lumineux il l’échauffe et l’inonde,
Et l’aride vallon, semé de mille fleurs,

Resplendira bientôt de divines couleurs!

Les Beaux de Provence

Ondine Valmore était une poétesse et femme de lettres française qui a publié de courts recueils de poèmes et de contes. Malade sa vie durant, elle est morte de la tuberculose en 1853, à l'âge de trente et un an.

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Rédigé par Alicia

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Publié le 23 Juillet 2019

Robert Louis Stevenson.

Stevenson, auteur de L'Ile au trésor, raconte le voyage qu'il a effectué dans les Cévennes à l'automne 1870 avec son ânesse, soit un parcours de 220 kilomètres en douze jours. Aujourd'hui les amoureux des Cévennes peuvent mettre leurs pas dans ceux de cet Ecossais aventureux en parcourant Le chemin de Stevenson le fameux GR 70.

Stevenson part du Monastier-sur Gazeilles, en Haute-Loire, puis du Velay, passe en Gévaudan, région montagneuse de champs, de bois de hêtres et de bouleaux. A sa grande surprise il se rend compte que le spectre de la Bête est encore bien présent dans les esprits. En effet, désirant passer la nuit au Cheylard-l'Evèque, il demande son chemin à un  habitant d'un village qui lui répond fermement et en insistant qu'il ne sortira pas de chez lui. Tous les habitants de ce village se barricadent chez eux, et Stevenson se voit contraint de passer la nuit à la belle étoile. Il ne s'en plaint pas car la nuit étoilée lui révèle bien des mystères.

Des landes, des marécages couverts de bruyère, des étendues de rochers et de sapins, des bois de bouleaux tout étincelants des teintes d'or de l'automne; çà et là quelques misérables chaumières et des champs désolés: tel est le caractère du pays.

La Lozère, pays de montagnes, sans vastes forêts, sans pics grandioses, pays accidenté, hérissé, témoin des luttes entre la royauté et les camisards. Stevenson cite les grands noms du protestantisme: Esprit Seiguier, Cavalier... Le Pont-de- Montvert est un lieu célèbre dans les guerres de religion, car c'est là qu'a commencé le conflit.

Dans la vallée du Tarn Stevenson contemple de magnifiques châtaigniers, appelés l'arbre à pain ou pain des pauvres, car au souper on se nourrissait principalement de châtaignes trempées dans du lait.

D'autres châtaigniers, quand les rives étaient assez larges, formaient au bord de la rivière une rangée majestueuse et puissante comme des cèdres du Liban.

Florac tout comme Alès est réputée pour avoir été une des capitales des Camisards. Les Cévenols sont profondément marqués par les luttes religieuses et restent fiers de leurs ancêtres, ces gens qui ont su se battre jusqu'à la mort pour avoir le droit de vivre leur foi, selon leurs convictions.

Modestine, l’ânesse de Stevenson lui a bien servi pendant ce long périple en lui portant tous ses bagages; mais il est clair qu'au début, il ne la comprenait pas et ne savait pas s'y prendre avec elle. Il a donc jugé bon de la battre pour la faire avancer. Pourtant l'âne est un animal intelligent, humble et patient et ce sont ces traits de caractère, qui, finalement ont ému l'aventurier. Le père Adam avait une charrette, et... une ânesse en miniature guère plus grosse qu’un chien... avec un regard bienveillant et une mâchoire résolue. La mâtine avait quelque chose de propre, de distingué, d'élégant, sans affectation...

Stevenson, tout le long de son voyage, a tenu un journal dans lequel il écrivait son itinéraire, notait tout ce qu'il voyait, ses enthousiasmes, ses émotions et les rencontres qu'il faisait. Une belle ballade!

Chemin de Stevenson

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #littérature écossaise

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Publié le 16 Juillet 2019

Yvan Tourgueniev

Histoire vraie. Guérassime est André de Spasskoiê, le portier de la mère de Tourgueniev qui était surnommée l'ogresse à cause de son autoritarisme, et dont l'auteur fait un portrait peu flatteur deux ans après sa mort. C'était un homme sourd-muet, d'une grande force comme le personnage de l'histoire. Guérassime est un autre Quasimodo avec une grande sensibilité et un cœur d'or, qui est domestique chez une barinia, une aristocrate russe, égoïste et capricieuse. Celle-ci, au grand désappointement de Guérassime, préfère marier la femme qu'il aime à un ivrogne, uniquement pour satisfaire sa fantaisie.

Cependant la vie envoie un clin d’œil à Guérassime dans la rencontre qu'il fait d'une petite chienne qu'il sauve de la noyade, dont il prend grand soin et prénomme Moumou.  Une mère n'a pas plus de sollicitude pour ses enfants que Guérassime n'en eut pour l'animal chétif...-

...-Elle s'attacha avec une sorte de sentiment profond de gratitude à son bienfaiteur; elle le suivait partout pas à pas en agitant sa queue comme un éventail. Guérassime et Moumou forment un duo inséparable, se réconfortant l'un l'autre, trouvant un adoucissement dans leur vie de misère par le biais de leur belle amitié.  Hélas, au temps du servage les serfs étaient traités comme moins que rien, et la barinia, forte de sa position seigneuriale, exige de son portier qu'il se débarrasse de sa chienne.

Scènes de la vie russe.

Moumou

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature russe

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Publié le 5 Juillet 2019

Francis Jammes

   

J’aime l’âne si doux
marchant le long des houx.
 
Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles ;
 
et il porte les pauvres
et des sacs remplis d’orge.
 
Il va, près des fossés,
d’un petit pas cassé.
 
Mon amie le croit bête
parce qu’il est poète.
 
Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.
 
Jeune fille au doux cœur,
tu n’as pas sa douceur :
 
car il est devant Dieu
l’âne doux du ciel bleu.
 
Et il reste à l’étable,
fatigué, misérable,
 
ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.
 
Il a fait son devoir
du matin jusqu’au soir.
 
Qu’as-tu fait jeune fille ?
Tu as tiré l’aiguille...
 
Mais l’âne s’est blessé :
la mouche l’a piqué.
 
Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.
 
Qu’as-tu mangé petite ?
— T’as mangé des cerises.
 
L’âne n’a pas eu d’orge,
car le maître est trop pauvre.
 
Il a sucé la corde,
puis a dormi dans l’ombre...
 
La corde de ton cœur
n’a pas cette douceur.
 
Il est l’âne si doux
marchant le long des houx.
 
J’ai le cœur ulcéré :
ce mot-là te plairait.
 
Dis-moi donc, ma chérie,
si je pleure ou je ris ?
 
Va trouver le vieil âne,
et dis-lui que mon âme
 
est sur les grands chemins,
comme lui le matin.
 
Demande-lui, chérie,
si je pleure ou je ris ?
 
Je doute qu’il réponde :
il marchera dans l’ombre,
 
crevé par la douceur,
sur le chemin en fleurs.

 

On prétend que les ânes sont têtus, je ne le crois pas. Voilà un poème qui le démontre. Du reste à chaque rencontre que j'ai faite avec un âne, j'ai trouvé celui-ci doux et tranquille. Il ne demande pas mieux que d'être en compagnie. Son seul défaut,( si c'en est un), est qu'il a besoin de brouter énormément. Alors, quand on se promène avec lui, la patience est de mise..

Francis Jammes était un poète, romancier, critique d'art... né en 1868 et décédé en 1938 dans les Pyrénées. Contemporain de Baudelaire, Gide, Mallarmé... il a correspondu avec plusieurs écrivains tels Colette. Son œuvre, immense est toujours vivante aujourd'hui.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français, #Poèmes

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