Publié le 28 Janvier 2021

Hector Malot (1830-1907)

Romain Kalbris vit en Normandie, il est fils de marin avec une très forte passion de la mer. Il sera marin, il n'y a pas de doute, malgré les réticences bien compréhensibles de sa mère qui a perdu son mari dans le vaste océan.

A la mort de son père Romain est pris en charge par un habitant de Port-Dieu, monsieur de Bihorel, un vieil homme, original et bon qui lui donne une solide éducation. Malheureusement celui-ci disparait mystérieusement et la mère de Romain se trouve dans l'obligation de confier son enfant à son oncle, Simon, un homme dur et avare, au comportement des plus suspects. Ce que voyant, Romain préfère prendre la fuite et se trouve désormais sur les chemins, livré à lui-même, contraint de chercher de quoi subvenir à ses besoins, dormant à la belle étoile, supportant le gel, le froid et la faim. Toutefois il ne se décourage pas, continuant à marcher coute que coute vers le but qu'il s'est fixé: s'embarquer au Havre sur un navire. Cheminant ainsi il rencontre toutes sortes de gens, des bons qui vont l'aider et des mauvais dont il devra se méfier. Mais comme il est intelligent et droit il saura toujours faire les bons choix.

Un épisode pathétique c'est celui où Romain, ayant fui son oncle, va voir sa mère mais il reste à distance, il n'entre pas dans la maison, de peur de ne plus pouvoir partir comme il le désire tant. Ce comportement démontre un grand courage, une grande force de caractère et beaucoup de ténacité. Enfin! c'est un personnage attachant que Romain Kalbris.

Hector Malot parle évidemment beaucoup de la mer, des marins, des bateaux, mais aussi des différents paysages que Romain traverse. C'est une œuvre très intéressante à lire.

Extraits: Je quittais la maison maternelle comme je m'étais sauvé de Dol, c'est à dire en courant; et ce fut seulement quand l'haleine me manqua que je ralentis le pas.

Si la course est bonne pour s'étourdir, on ne réfléchit bien que dans le repos. Or, j'avais besoin de réfléchir; j'étais parti, c'était bien; maintenant il fallait arriver, c'était le difficile.

Je m'assis au pied d'une haie: la plaine était déserte, il n'y avait pas de danger d'être surpris;

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français, #Littérature française

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Publié le 22 Janvier 2021

Fiodor Dostoïevski 1821-1881

Premier roman de Dostoïevski, il s'agit d"un roman épistolaire. Deux personnages un fonctionnaire d'un certain âge et une jeune fille, sa cousine éloignée, entretiennent une correspondance suivie dans laquelle ils racontent leur triste quotidien. Le ton est rempli d'émotion.

Makar Dievouchkine est un fonctionnaire titulaire, copiste plus précisément, qui remplit sa tâche très consciencieusement. Il habite en face de Varvara Alexeivna, une jeune fille au passé tourmenté, ayant été en but dans le passé à la méchanceté humaine. Elle est seule, ne pouvant compter que sur elle-même. Et pour elle, la vie est un vrai combat, qui l'oblige à se battre pour subvenir à ses besoins, d'autant plus que sa santé est des plus précaires.

Makar Dievouchkine est un homme sensible et bon, qui s'émeut à la détresse de sa voisine et à celle des autres. Aussi a t-il à cœur d'aider la jeune femme le mieux possible. Pourtant il n'est pas  lui-même dans l'aisance, vit misérablement dans une espèce de réduit, au milieu de gens tout aussi misérables que lui. Bien que touchant un revenu régulier, Makar Dievouchkine contracte des dettes ne serait-ce que dans l'aide qu'il apporte à Varvara. Du reste cette dernière le gronde à ce sujet, car il lui est pesant d'être la cause des ennuis de son ami.

Dans leurs lettres Makar et Varvara se disent tout. Ils se confient l'un à l'autre leurs problèmes, même ceux qui pourraient paraître insignifiants et de peu d'importance. Car à leurs yeux, toutes les difficultés qu'ils rencontrent dans leur quotidien leur fait mal à cause de leur hypersensibilité. L'amitié qu'ils cultivent est si forte qu'ils ne se gênent pas pour se dire l'un à l'autre ce qu'ils pensent, les sentiments qu'ils éprouvent, leurs besoins, ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Les lettres de Makar Dievouchkine sont remplies de mots doux et affectueux et dévoilent, ainsi que celles de la jeune femme, un attachement profond et ardent, ainsi que leur grande sensibilité. Elles  témoignent également de la confiance quasi absolue qu'ils ont l'un dans l'autre. C'est touchant et très beau.

Extraits "Vous avez un caractère étrange, Makar Alexéievitch. Vous prenez trop à cœur les malheurs d'autrui"

P-S. Surtout je vous en supplie: répondez-moi, mon bon ange, de façon aussi détaillée que possible. Je vous envoie, Varinka, avec cette lettre, une livre de bonbons. Mangez-les à votre bonne santé et ne vous faites pas de soucis pour moi, au nom du ciel, et ne soyez pas fâchée. Et maintenant au revoir, ma petite mère.

ll faut que je vous confie ici, mon doux ange,que je n'étais pas en forme hier, que je me sentais de mauvaise humeur, au point que j'évitais de regarder autour de moi: une tristesse si profonde, une mélancolie si sombre m'étaient venues. J'avais froid au cœur et il faisait nuit dans mon âme.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature russe

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Publié le 4 Janvier 2021

Conte du Limousin
Histoires des quatre saisons de Marilyn Plénard.
 
Plein de charme
 
Deux bons vieux paysans n'avaient pas d'enfants, et pourtant, ils en souhaitaient ardemment depuis de longues années. Ils avaient pris tout conseil, tenté toutes les recettes en usage en leurs chères montagnes. Ils avaient fini par désespérer lorsque la vieillesse était venue leur interdire tout espoir.
Or, un jour que le paysan était sorti pour aller fumer la pipe chez un voisin, la neige se mit à tomber à gros flocons et à former une couche épaisse sur les toits, dans les jardins et dans la rue. Notre homme vit à son retour les enfants du village qui roulaient de gros blocs de neige, les empilaient, leur façonnaient une tête tant bien que mal, et en faisaient des bonhommes de neige. Vite, il courut trouver sa femme :
"Femme, femme ! Viens donc dans la rue ramasser de la neige comme le font les enfants. Nous en ferons un petit garçon de neige. Ne pouvant en avoir un vivant, nous aurons au moins le plaisir de conserver celui-là pendant quelques jours.
-Tu as raison. Allons faire un petit garçon de neige."
Et le brave paysan et sa femme sortirent dans la rue, firent un tas de neige et se mirent à le façonner en forme de petit garçon. Tous les enfants avaient cessé leur jeux pour contempler à loisir les deux vieux, et les voisins étaient sortis de leur maison, se demandant si l'homme et la femme avaient perdu la raison.
Mais voilà que le bonhomme de neige est achevé, charmant au possible. Les enfants admirent et ne rient plus, et les voisins sont stupéfaits de voir le petit garçon de neige se mouvoir, remuer les
bras et les jambes et embrasser le croquant et sa femme : le ciel avait enfin accompli le souhait des pauvres gens, et leur avait accordé un enfant blanc comme la neige.
Ce fut une merveille dans le pays; on venait de tous côtés voir le petit garçon né d'une façon si extraordinaire, et l'on reconnaissait unanimement qu'il était d'un caractère, d'une douceur, exceptionnels. Seulement, on disait qu'il n'avait point de sang, que son corps était froid comme glace et qu'il ne pouvait supporter la grande chaleur du foyer.
Tout l'hiver, l'enfant de neige resta gai, jovial et de bonne humeur. Mais dès que le soleil du printemps commença à reparaître, le petit garçon se montra triste et on le vit rire moins souvent. Puis, vers la fin de cette saison, il rechercha l'intérieur des bois et tous les endroits ombragés. Sa tristesse avait augmenté et il pleurait presque toujours , ce qui désolait beaucoup ses vieux parents et ses camarades du village.
Lors de la Saint-Jean, les enfants réunirent du bois et de la paille, et firent un grand feu de joie autour duquel ils se mirent à danser. Mais le petit garçon de neige n'était pas là. Ses amis allèrent le chercher et l'entraînèrent dans leur ronde autour du grand feu de joie tout entier allumé.
L'enfant dansa fort gaillardement; mais quand le feu fut à moitié éteint et que l'on sauta par-dessus, il disparu subitement, fondu à la flamme, en ne laissant qu'un peu d'eau dans la main de ses petits compagnons villageois.

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 28 Décembre 2020

John Steinbeck 1902-1968

L’œuvre a été adaptée au cinéma avec John Malkovich, (excellent dans le rôle de Lennie) et Gary Sinise dans le rôle de Georges Milton.

Très bien!

Tristesse et compassion envers les deux principaux personnages de ce drame.

L'histoire se déroule dans la riche vallée de la Salinas en Californie. Deux  hommes, Georges Milton, petit et mince, et Lennie Small, grand, fort avec des mains puissantes dont il ne mesure pas la force, arrivent le soir à proximité d'un ranch dans lequel ils veulent travailler. Mais Georges hésite, il prend son temps car son compagnon, gentil certes, mais souffrant d'un handicap mental assez important, peut lui poser beaucoup de problèmes comme il s'est produit dans le passé. Il faut donc le préparer. Georges entreprend alors de lui raconter leur rêve qui est celui d'acheter une petite ferme qui serait bien à eux, dans laquelle ils pourraient planter et élever quelques bêtes, en particulier des lapins; surtout des lapins car Lennie aimant tout ce qui est doux, aime les caresser comme il aime caresser les souris parce qu'elles sont douces. Mais ce rêve ne pourra se réaliser qu'à la condition qu'il n'arrive aucun incident fâcheux qui porterait préjudice à leur travail.

A leur arrivée dans le ranch, Lennie, soumis, se tient coi, mais malheureusement certains travailleurs, en particulier Curley le fils du patron, un homme vil, intrigué par son comportement singulier, lui cherche noise, ainsi que sa femme au comportement provoquant.

"Écoute, Lennie! y a pas de quoi rire avec tout ça. j'ai peur. Tu vas avoir des embêtements avec ce type, Curley. J'ai déjà vu ce genre-là.

les yeux de Lennie s'étaient remplis d'effroi. -J'veux pas d'embêtements, dit-il plaintivement. Georges, tu le laisseras pas me battre,dis?

Lennie est très touchant de par son comportement innocent et vulnérable qui l'entraine jusqu'à la panique  quand il ne comprend pas ce qui se passe ou quand il se sent en danger. Il se défend alors en utilisant sa grande force, mais cette force puissante lui crée un tas de problèmes. Il se réfugie alors près de Georges qui le défend toujours et sans lequel il est perdu.

Georges Milton s'est chargé de Lennie malgré la vie difficile que ce dernier lui fait mener; car à cause de cette assistance, il ne peut garder un travail. et pourtant il persévère dans cette belle amitié. C'est très beau.

Extraits Au soir d'un jour très chaud, une brise légère commençait à frémir dans les feuilles. L'ombre montait vers le haut des collines. Sur les rives sablonneuses, les lapins s'étaient assis, immobiles, comme de petites pierres grises sculptées.

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 28 Décembre 2020

Dans la nuit de l’hiver
Galope un grand homme blanc.
C’est un bonhomme de neige
Avec une pipe en bois,
Un grand bonhomme de neige
Poursuivi par le froid.
Il arrive au village.
Voyant de la lumière
Le voilà rassuré.
Dans une petite maison
Il entre sans frapper
S’assoit sur le poêle rouge
Et d’un coup disparaît,
Ne laissant que sa pipe
Au milieu d’une flaque d’eau,
Ne laissant que sa pipe,
Et puis son vieux chapeau. »
Jacques Prévert

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 13 Décembre 2020

Charles-Ferdinand Ramuz 1878-1947

Superstition.

Sasseneire est un pâturage situé à 2300 mètres d'altitude. C'est un très bon pâturage pourvu d'une très bonne herbe. Mais il est délaissé depuis une vingtaine d'années à cause d'une histoire quelque peu floue que les vieux racontent dans le village. Il parait que ce pâturage est maudit, et qu'il arrive malheur à tous ceux qui y montent pour faire pâturer leurs bêtes.

Cependant le maire ne l'entend pas de cette oreille et décision est prise au conseil municipal, de l'utilisation de cet espace.  Huit hommes se portent donc volontaires, des hommes courageux qui ne croient pas à cette fable.

Joseph est l'un de ces hommes qui monte au pâturage. Il est fiancé à Victorine qui l'attend dans le village.

Au début tout se passe bien. Et tout à coup la maladie commence à atteindre quelques vaches. Il s'agit d'une maladie très contagieuse qui touche même les hommes. Au village les gens attrapent la grande peur et interdisent aux bouviers de revenir au village. Ces derniers se retrouvent complètement isolés et dorénavant, n'ont pas d'autre tâche que d'abattre les bêtes au fur et à mesure que la maladie les atteint et de lutter contre la mort qui s'avance. Mais plus le temps passe, plus le courage abandonne ces paysans, car ils prennent conscience de leur situation dramatique qui les entraine inexorablement vers le gouffre.

Ce que j'en pense: L'histoire est menée d'une façon subtile. Le lecteur raisonnable ne croit pas à toute cette diablerie mais l'auteur insinuant un monde surnaturel, il est obligé de constater, que les prédictions se réalisent: la maladie, l'issue fatale de cet évènement... Il s'interroge: "Y a t-il vraiment quelque chose ou sont- ce les hommes qui, inconsciemment, provoquent l'évènement?" . Car ce que nous croyons c'est ce qui nous arrive. Même si ces hommes ne croyaient pas à cette histoire ils en subissaient à leur insu l'influence néfaste; à cause probablement des doutes qu'ils ne pouvaient s'empêcher d'avoir au plus profond d'eux-mêmes, les vieux insistant fort sur le phénomène paranormal. En fait des accidents surviennent tout le long de l'histoire, mais simplement dus à de l'imprudence et à la désobéissance civile.

L'histoire est intéressante à lire, mais j'avoue avoir du mal avec le style d'écriture de Ramuz qui répète sans arrêt, sous une autre forme ce qu'il a déjà dit. Je trouve cela un peu pesant. Toutefois c'est le seul livre que j'ai lu de cet auteur...

Aujourd'hui le monde entier est touché par la Covid 19. Nous trouvons dans cette histoire tous les éléments que nous vivons, à commencer par la peur.

Extrait: Ils commençaient une nouvelle nuit, et le pire moment de la journée était toujours pour eux ces commencements de la nuit. Ils ont entendu meugler les bêtes dont il y avait de nouveau plusieurs qui venaient d'être atteintes par la maladie, et le troupeau ayant été poussé par eux pour la nuit sous la roche, et là meuglaient les bêtes malades qu'ils ne prenaient plus la peine d'isoler, ayant vu que la précaution ne servait à rien.

Dans les Pyrénées

Charles- Ferdinand Ramuz était non seulement romancier, mais aussi essayiste et poète.

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature suisse.

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Publié le 16 Novembre 2020

Pearl Buck (1882-1973)

La terre, la bonne terre qui produit abondamment et qui nourrit son homme. C'est elle la véritable héroïne de ce bon roman qui nous raconte la vie des paysans en Chine au XIXe siècle.

Wang Lung aime la terre et reconnait tous ses bienfaits. Pour lui c'est certain on ne peut pas s'en passer, elle est étroitement liée à l'homme. Toutefois il a besoin d'une épouse qu'il va chercher dans la Grande Maison, celle des riches, où O-len est esclave. O-len est laide mais peu importe, son rôle premier est de procréer, des fils de préférence, les filles ne valant rien, ne sont pas considérées. Après trois fils Olen donne le jour à une fille et dit:" C'est terminé encore une fois. Ce n'est qu'une petite esclave, ce coup-ci...cela ne vaut pas la peine d'en parler. Wang Lung resta muet. Il eut le sentiment d'un malheur. une fille!"

Wang Lung travaille assidument sa terre et la fait fructifier; l'argent entre dans la maison et tout va pour le mieux. Malheureusement les dieux cessant d'être favorables, une sécheresse survient entrainant une terrible famine. Wang Lung est obligé de partir à la ville pour ne pas mourir de faim lui et sa famille. Il trouve un travail pénible tandis que Olen et ses enfants n'ont pas d'autre choix que de mendier. "Moi et les enfants nous pouvons mendier et le vieux aussi. Ses cheveux gris toucheront peut-être ceux qui ne me donneraient pas."

De retour dans sa chère terre qu'il a agrandie au fils du temps, en achetant petit à petit des parcelles, il doit faire face à une invasion de sauterelles puis à une énorme inondation. "Durant toute la fin du printemps et le début de l'été l'eau monta et elle finit par s'étaler comme une grande mer, riante et paresseuse, reflétant les nuages et la lune, les saules et les bambous aux troncs submergés."

Puis ses fils devenus adultes ne suivent pas le chemin de la paysannerie. En effet Wang Lung a cru bon de faire d'eux des lettrés, alors, pour eux, mettre leurs belles mains dans la terre et devenir de vrais rustres...

Devenu un riche  propriétaire foncier et possédant une main d’œuvre de choix, Wang Lung se permet de prendre une deuxième épouse, ce qui n'est pas du goût d'O-len qui se défend en faisant remarquer à son mari qu'elle ne mérite pas un tel traitement car elle lui a engendré des fils, qu'elle l'a puissamment secondé dans son labeur et qu'elle a contribué dans une large part à la prospérité du domaine. Mais Wang Lung ne voit rien de tout cela; à ses yeux O-len n'est jamais qu'une femme à son service, qu'il utilise comme un objet et dont la laideur le répugne. O-len use donc de différents stratagèmes pour rendre la vie impossible à l'autre et de ce fait Wang Lung n'ayant pas la paix chez lui, est obligé de trouver des solutions d'arrangement: . Finalement" les deux femmes prirent chez lui leurs places respectives. Lotus était son jouet et son amusement et satisfaisait son désir de beauté; O-len était sa femme de travail et la mère qui avait engendré ses fils et qui tenait son ménage et le nourrissait ainsi que son père et ses enfants."

Le temps passant Wang Lung, vieillissant, afferme ses terres, et se contente d'en récolter le produit. Il s'installe avec sa famille dans la grande maison des riches dans laquelle, jeune, il avait pénétré, honteux et confus. Cela le réjouit mais ce n'est pas pour autant que sa recherche de paix sera satisfaite; car il devra constamment régler les conflits et les fantaisies de sa nombreuse progéniture.

Ce que j'en pense: Wang Lung est un personnage intéressant. Certes on n'apprécie pas son comportement envers la pauvre O-len, qu'il pleure tout de même à sa mort, mais son amour de la terre, la connaissance qu'il en a, sa pugnacité au travail, font de lui un homme dont on aime suivre l'évolution.

L’œuvre, publiée en 1931, est prenante et donne envie de lire la suite: "Les fils de Wang Lung" et "La famille dispersée"

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 11 Novembre 2020

 
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
 
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes, #Littérature française

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Publié le 11 Novembre 2020

Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-1918

Joseph Gilles était un ouvrier agricole landais qui écrivait chaque jour à sa femme Corine. Il a été tué par un éclat d'obus, au moment de la relève, sur le front le 20 aout 1916. Il venait d'avoir trente- six ans.

Le 6 aout 1916.

Aujourd'hui, dimanche, repos complet; messe militaire à 9 heures dans l'église de Cérisy, j'y suis allé. Tu dois te penser,  ma chère Corine; moi qui n'allais pas souvent à la messe avant la guerre, maintenant j'y vais toutes les fois que j'ai l'occasion. Tu vas être obligée de croire que je suis redevenu  chrétien. Et bien, entre les deux, je veux qu'il n'y ait rien de caché, je veux te faire savoir tout ce que je pense et tout ce que je fais.

Je vais à la messe parce que le danger m'a effrayé, et m'a fait réfléchir à des choses auxquelles je ne voulais guère penser avant la guerre.

Lorsque j'étais avec toi, j'étais pris par mon travail, et je voulais en même temps me passer quelque plaisir, et je ne réfléchissais guère à ce qui devait m'attendre ici. Je ne pensais qu'au présent. Mais lorsque je me suis vu privé de tous les plaisirs, quand les obus et les balles m'ont mis devant la mort,et c'est aussi en prenant les longues heures de garde au créneau que j'ai eu le temps de réfléchir, et maintenant j'ai pris au sérieux ces croyances avec lesquelles j'ai discuté si souvent avec les camarades. Voilà comment ça se passe et que l'on dise ce qu'on voudra, je sais que tu seras de mon avis.

Joseph Gilles.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Lettres

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Publié le 21 Octobre 2020

Benjamin Constant 1767-1730

Roman paru en 1816.

Benjamin Constant a créé Adolphe, un personnage qui lui ressemble quelque peu dans son instabilité intérieure. Un être ne sachant pas au juste ce qu'il veut, sous l'emprise de sentiments plus ou moins obscurs. Je n'ai pas trop aimé sa façon d'être. Mais le roman est intéressant à lire.

Adolphe âgé de vingt-cinq ans, issu d'un milieu social élevé, est intelligent, et voué à une haute carrière.  Mais il est pourvu d'un caractère taciturne, assez égoïste, ne pensant qu'à son propre plaisir, de surcroit inconstant. C'est à un tel point qu'il se crée malgré lui une réputation déplorable." Il s'établit donc dans le petit public qui m'environnait, une inquiétude vague sur mon caractère. On ne pouvait citer aucune action condamnable; on ne pouvait même m'en contester quelques unes qui semblaient annoncer de la générosité ou du dévouement; mais on disait que j'étais un homme immoral, un homme peu sûr;... Il avait adopté sur les femmes un système assez incorrect qu'il tenait de son père qui considérait qu'on peut toujours s'en amuser tant qu'on ne les épouse pas.:"Cela leur fait si peu de mal, et à nous tant de plaisir!"

Enfin! Adolphe s'avise de sa volonté d'être aimé et il jette son dévolu sur une femme de dix ans son ainée; une polonaise dont la famille illustre a été ruinée; du reste très belle, intelligente mais maîtresse du comte de P, ce qui nuit fortement à sa réputation. Elle possède néanmoins de solides qualités de dévouement, prête à beaucoup de sacrifices. Elle attachait le plus grand prix à la régularité de la conduite, précisément parce que la sienne n'était pas régulière suivant les notions reçues. Elle était très religieuse, parce que la religion condamnait rigoureusement son genre de vie.

Adolphe et Ellénore deviennent donc amants. Leur liaison fonctionne pendant un certain temps, mais soudain, Adolphe qui s'est engagé à la légère et par pure vanité, s'aperçoit que cette union lui pèse. En effet il aime la liberté par dessus tout. Dorénavant il cherche à rompre, mais le caractère de bonté d'Ellénore et le sien propre, pusillanime au possible, l'empêchent de mettre son projet à exécution.

L'exemple d'Adolphe ne sera pas moins instructif, si vous ajoutez qu'après avoir repoussé l'être qui l'aimait, il n'a pas été moins inquiet, moins agité, moins mécontent; qu'il n'a fait aucun usage d'une liberté reconquise au prix de tant de douleurs et de tant de larmes; et qu'en se rendant bien digne de blâme,, il s'est rendu aussi digne de pitié.

Petite biographie de l'auteur.

Benjamin Constant était de nationalité suisse, issu de parents protestants. Il était non seulement romancier mais aussi homme politique. Il a vécu sous Napoléon 1er, et a eu une liaison avec Madame de Staël. Il a écrit nombre de romans psychologiques et beaucoup travaillé sur la religion et le sentiment religieux.

 

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Rédigé par Alicia

Publié dans #Classiques français, #Littérature française

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