Le joueur d'échecs de Stéfan Zweig.
Publié le 8 Février 2010
Stefan Zweig
Lors d'un voyage vers Buenos-Aires, le narrateur rencontre sur le paquebot le très célèbre champion mondial du jeu d'échecs, Mirko Czentovic. Intrigué par le personnage pourvu d'un caractère singulier, il amène cet homme à consentir à une partie d'échec avec plusieurs participants.
Or, lors d'une de ces parties, un individu complètement étranger intervient d'une manière extraordinaire et sauve leur jeu mis à mal par Czentovic. Ce qui est tout à fait surprenant, c'est que monsieur B affirme haut et fort qu'il n' a pas touché un échiquier depuis une vingtaine d'années. Est-ce possible? Le narrateur entend alors le récit poignant de cet homme modeste. Lors de l'occupation allemande, ayant été arrêté par les nazis, il a vécu enfermé dans une chambre d'hôtel, certes confortable, mais dans une solitude quasi-totale, sans livre, sans crayon, sans rien, absolument rien, face au néant, face à lui-même. De quoi devenir fou!
Pourtant un jour, monsieur B, tombe comme par hasard, sur un manuel du jeu d'échecs et se met à étudier toutes les combinaisons exposées par de grands maitres de ce jeu fabuleux. Mais, petit à petit, entrant toujours plus profondément dans ces calculs, cet homme est pris d'une frénésie qu'au bout d'un certain temps il ne parvient plus à contrôler et qui l'amène dans une sorte de démence.
"Mon cerveau se partageait, si je puis dire, en cerveau blanc et cerveau noir, pour mener ce jeu dans un espace abstrait et y combiner les coups qu'exigeait, dans les deux camps, la tactique de la bataille. Et le plus dangereux de l'affaire n'était pas encore cette division de ma pensée à l'intérieur de moi-même, mais le fait que tout se passait en imagination: je risquais ainsi de perdre pied brusquement et de glisser dans l'abîme."
Comme toujours j'ai aimé ce que Stefan Zweig nous présente là, un roman qui nous entraine dans cet univers particulier du jeu d'échecs. Il est toujours bouleversant de se retrouver devant la cruauté de certains individus mais de voir aussi ce qu'un être humain peut entreprendre pour son salut.