La porte étroite
Publié le 2 Mars 2008
André Gide
Jérôme aime Alissa qui l'aime en retour. Leurs âmes sont unies, leurs cœurs battent à l'unisson, ils éprouvent un grand bonheur à être ensemble et ne conçoivent pas leur vie future l'un sans l'autre. Pour eux, il ne peut en être autrement.
Le temps passe, mais Alissa repousse toujours les fiançailles, invoquant toutes sortes de raisons.
Pour ne pas risquer de la perdre, Jérôme s'en va , mais une correspondance épistolaire s'établit entre les deux jeunes gens, correspondance dans laquelle Alissa, laissant parler son cœur, lui répète inlassablement son amour. Pourtant, lors des retrouvailles, après une longue absence, Jérôme et Alissa ne parviennent pas à entretenir une relation normale, elle est toute de gêne et d'embarras. A partir de cet instant funeste, Alissa doutant de cet amour, croyant devoir le sacrifier à Dieu, s'évertue à convaincre Jérôme de s'éloigner d'elle.
" Mon ami ! commença-t-elle, et sans tourner vers moi son regard - je me sens plus heureuse auprès de toi que je n'aurais cru qu'on pût l'être. . . mais crois-moi: nous ne sommes pas nés pour le bonheur.
-Que peut préférer l'âme au bonheur?" m'écriai-je impétueusement. Elle murmura: "la sainteté. . ."
"Il n'a plus été temps du jour où, par amour, nous avons entrevu l'un pour l'autre mieux que l'amour. Grâce à toi, mon ami, mon rêve était monté si haut que tout contentement humain l'eût fait déchoir. J'ai souvent réfléchi à ce qu'eût été notre vie l'un avec l'autre; dès qu'il n'eût plus été parfait, je n'aurais plus pu supporter. . . notre amour."