Crime et chatiment

Publié le 12 Février 2021

Dostoïevski 1821-1881

Raskolnikov a vingt trois ans. Fils de bonne famille, il est très pauvre, porte des vêtements en lambeaux. Il vit dans un misérable réduit, et mange à peine. "Il était à ce point mal vêtu, qu'un autre, même habitué, se serait fait honte de sortir au grand jour, dans la rue, avec de telles guenilles." Il a abandonné ses études par manque de financements. Il a honte et se renferme en lui-même. Dans sa méditation douloureuse l'idée de tuer la vielle prêteuse sur gages, germe et s'ancre dans son esprit jusqu'à son accomplissement. Un crime longuement réfléchi et organisé, ce qui enlève quelque peu, à Raskolnikov le bénéfice d'une potentielle folie, bien que celle-ci, ne soit pas complètement écartée.

Pourtant , sa vie ne s'arrange pas pour autant. Dès le lendemain du crime il est pris d'une sorte de fièvre cérébrale et d'une peur quasi viscérale d'être découvert.  Il s'isole de plus en plus, tient des propos  incohérents que la plupart des gens ne comprennent pas et qui leur fait croire que Raskolnikov a perdu l'esprit, qu'il est devenu fou. Il devient violent, méchant, développe une paranoïa aiguë.,qui l'entraine à voir des espions partout. Il fuit la police et cherche minutieusement comment lui répondre de manière à ce qu'elle ne le poursuive pas ou plus. Enfin! il est tracassé au delà même de ce qu'il n'a pu imaginer. Il vit à l'intérieur de lui un enfer insupportable , au point que de temps en temps, il songe sérieusement à se livrer pour se soulager. Pour s'encourager lui-même, il minimise l'assassinat, adoptant la théorie que la suppression d'un être malfaisant est moins grave que les crimes perpétrés pendant les guerres au nom d'une soi-disant justice.  "Un crime? Quel crime? s'écria--il, en proie à une fureur soudaine. Est-ce un crime que de tuer un pou infâme et nuisible, une vieille usurière dont personne n'avait besoin,..." "Tout le monde le verse le sang, reprit-il hors de lui. le sang coule et a toujours coulé, comme une cascade. Ceux qui le font couler comme du Champagne sont couronnés au Capitole et sont nommés bienfaiteurs de l'humanité."

Pourtant Raskolnikov n'est pas seul. Outre sa mère et sa sœur qui l'entourent de leur amour, son ami Razoumikhine le soutient chaleureusement, devinant une grande souffrance derrière cette apparence revêche. Ils s'entretiennent souvent, tous deux des deux crimes commis; mais il est impossible à Razoumikhine de discerner la vérité et encore moins de l'imaginer. A ses yeux Raskolnikov est un être bon, incapable de commettre des actes odieux.

Sonia est une jeune femme très pauvre que la misère pousse à la prostitution. Mais elle a un cœur bon et elle compatit à la souffrance de Raskolnikov, ce qui décide ce dernier à lui avouer ses crimes. Sa réaction est incroyable: au lieu du dégout et de la répugnance, qu'elle serait en droit d'éprouver, elle dit à Raskolnikov: "Qu'avez-vous fait là! qu'avez-vous fait contre vous même! prononça- t-elle avec désespoir et, se soulevant vivement, elle se jeta à son cou, l'entoura de ses bras et le serra de toutes ses forces."

Mais  pourquoi Raskolnikov a t-il tué? Les raisons restent floues. En somme il ne sait pas avec exactitude pourquoi il a commis cet acte ignoble. Pendant la lecture de ce roman, on attend longtemps des remords.  Mais quand il s'agit de se dénoncer, le jeune homme n'est pas convaincu de le faire car, pense t-il, ces hommes ne valent pas mieux que lui, et sont susceptibles d'accomplir eux aussi des actions abjectes et abominables. La souffrance indicible et le tourment insupportable qu'il éprouve sont son châtiment.

Extrait: Est-ce la vieille que j'ai tuée? c'est moi-même et non la vieille que j'ai tué!

 

Rédigé par Alicia

Publié dans #Littérature russe

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
G
Tiens... j'avais zappé ce post. Je pense comme toi : je me suis interrogée sur la motivation profonde de Raskalnikov. On voit bien ce que Dostoievski veut démontrer, mais le comportement de son personnage reste pour moi assez énigmatique. C'est peut-être une question d'époque : il apparaissait comme un démon, point barre. Aujourd'hui, les gosses de 17 ans tuent sans raison, alors on a presque de l'empathie pour ce Raskalnikov qui ne parait pas "si méchant que ça"...
Répondre
A
C'est certain Raskolnikov reste énigmatique tout le long du roman et on a du mal à le comprendre. il est vrai aussi que l'on peut éprouver de l'empathie à son égard. Mais le double assassinat qu'il a commis reste odieux. Quant à l'époque d'aujourd'hui, on ignore ce qui pousse des tout jeunes à tuer, sinon qu'ils sont pris d'une folie certaine aux moments des faits, ce qui ne les excuse pas pour autant. Je suis sure, pour ma part qu'on ne tue pas sans conséquences graves sur le psychisme.