Le petit garçon de neige

Publié le 4 Janvier 2021

Conte du Limousin
Histoires des quatre saisons de Marilyn Plénard.
 
Plein de charme
 
Deux bons vieux paysans n'avaient pas d'enfants, et pourtant, ils en souhaitaient ardemment depuis de longues années. Ils avaient pris tout conseil, tenté toutes les recettes en usage en leurs chères montagnes. Ils avaient fini par désespérer lorsque la vieillesse était venue leur interdire tout espoir.
Or, un jour que le paysan était sorti pour aller fumer la pipe chez un voisin, la neige se mit à tomber à gros flocons et à former une couche épaisse sur les toits, dans les jardins et dans la rue. Notre homme vit à son retour les enfants du village qui roulaient de gros blocs de neige, les empilaient, leur façonnaient une tête tant bien que mal, et en faisaient des bonhommes de neige. Vite, il courut trouver sa femme :
"Femme, femme ! Viens donc dans la rue ramasser de la neige comme le font les enfants. Nous en ferons un petit garçon de neige. Ne pouvant en avoir un vivant, nous aurons au moins le plaisir de conserver celui-là pendant quelques jours.
-Tu as raison. Allons faire un petit garçon de neige."
Et le brave paysan et sa femme sortirent dans la rue, firent un tas de neige et se mirent à le façonner en forme de petit garçon. Tous les enfants avaient cessé leur jeux pour contempler à loisir les deux vieux, et les voisins étaient sortis de leur maison, se demandant si l'homme et la femme avaient perdu la raison.
Mais voilà que le bonhomme de neige est achevé, charmant au possible. Les enfants admirent et ne rient plus, et les voisins sont stupéfaits de voir le petit garçon de neige se mouvoir, remuer les
bras et les jambes et embrasser le croquant et sa femme : le ciel avait enfin accompli le souhait des pauvres gens, et leur avait accordé un enfant blanc comme la neige.
Ce fut une merveille dans le pays; on venait de tous côtés voir le petit garçon né d'une façon si extraordinaire, et l'on reconnaissait unanimement qu'il était d'un caractère, d'une douceur, exceptionnels. Seulement, on disait qu'il n'avait point de sang, que son corps était froid comme glace et qu'il ne pouvait supporter la grande chaleur du foyer.
Tout l'hiver, l'enfant de neige resta gai, jovial et de bonne humeur. Mais dès que le soleil du printemps commença à reparaître, le petit garçon se montra triste et on le vit rire moins souvent. Puis, vers la fin de cette saison, il rechercha l'intérieur des bois et tous les endroits ombragés. Sa tristesse avait augmenté et il pleurait presque toujours , ce qui désolait beaucoup ses vieux parents et ses camarades du village.
Lors de la Saint-Jean, les enfants réunirent du bois et de la paille, et firent un grand feu de joie autour duquel ils se mirent à danser. Mais le petit garçon de neige n'était pas là. Ses amis allèrent le chercher et l'entraînèrent dans leur ronde autour du grand feu de joie tout entier allumé.
L'enfant dansa fort gaillardement; mais quand le feu fut à moitié éteint et que l'on sauta par-dessus, il disparu subitement, fondu à la flamme, en ne laissant qu'un peu d'eau dans la main de ses petits compagnons villageois.

 

Rédigé par Alicia

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G
Un bien joli et triste conte. J'aime ces "recueilleurs" de contes populaires, qui conservent et transmettent tout un patrimoine. Puissions-nous aussi prendre le relais...
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J
Bonjour Alicia, tout à fait charmant en effet ce conte, bonne idée de le publier.
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