A Jacques

Publié le 3 Août 2019

Ondine Valmore

Durant les longs étés, quand la terre altérée
Semble se soulever, blanchie et déchirée,
Pour chercher vainement un souffle de fraîcheur
Qui soulage en passant son inquiète ardeur;
Quand la moisson jaunie, éparse, échevelée,
Se penche tristement sur sa tige brûlée,
Qu’il est doux, sur ces champs tout à coup suspendu,
De voir poindre et grandir le nuage attendu !
Qu’il est doux, sous les flots de sa tiède rosée

De voir se ranimer la nature embrasée,
Et de sentir la vie, arrêtée un moment,
Rentrer dans chaque feuille avec frémissement !
Dans ces vallons étroits, profonds, et solitaires,
Où plonge un jour douteux pesant, plein de mystères ;
Où l’ombre des sapins couvre les champs pâlis,
Loin de l’air et du ciel terrains ensevelis;
Qu’il est doux, au milieu de la sombre journée,
De voir éclore enfin une heure fortunée,
De voir l’astre de feu, que le mont veut cacher,
S’élevant glorieux, dominer le rocher !
Ouvrant sa gerbe d’or sur ce côté du monde,
De ses jets lumineux il l’échauffe et l’inonde,
Et l’aride vallon, semé de mille fleurs,

Resplendira bientôt de divines couleurs!

Les Beaux de Provence

Ondine Valmore était une poétesse et femme de lettres française qui a publié de courts recueils de poèmes et de contes. Malade sa vie durant, elle est morte de la tuberculose en 1853, à l'âge de trente et un an.

Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes, #Classiques français

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