La Maison du Chat-qui-pelote
Publié le 11 Avril 2019
Honoré de Balzac
Monsieur Guillaume, drapier de son état, s'y connait bien en affaires et réussit très honorablement à gérer sa boutique du Chat-qui-pelote qui lui assure une situation aisée. Sa femme travaille aussi dans ce commerce et veille en plus sur ses deux filles: Virginie et Augustine que les parents comptent bien établir avantageusement.
Malheureusement les choses ne vont pas comme monsieur Guillaume l'entend. La cadette, Augustine est remarquée par un artiste peintre très célèbre, qui tombe amoureux d'elle dès qu'il la voit, car étant très jolie, elle l'inspire pour son art. D'ailleurs il fait d'elle un portrait qui rapporte un grand succès. Augustine, charmée de tant d'attentions, se marie avec Théodore de Sommervieux malgré les réticences de ses parents : "Monsieur Guillaume s'élevait singulièrement contre cette déplorable passion. Ses axiomes favoris étaient que, pour trouver le bonheur, une femme devait épouser un homme de sa classe."
La première année du mariage s'écoule en plein bonheur, Augustine est fêtée dans ce milieu aristocratique, comme une reine. Puis petit à petit les choses changent. Théodore de Sommervieux, en reprenant son travail se rend compte progressivement que sa femme ne comprend rien à l'art. "Enfin, Théodore ne put se refuser à l'évidence d'une vérité cruelle: sa femme n'était pas sensible à la poésie, elle n'habitait pas sa sphère, elle ne le suivait pas dans ses caprices,dans ses improvisations, dans ses joies, dans ses douleurs, elle marchait terre à terre dans le monde réel, tandis qu'il avait la tête dans les cieux. Les esprits ordinaires ne peuvent pas apprécier les souffrances renaissantes de l'être qui, uni à un autre par le plus intime des sentiments, est obligé de refouler sans cesse les plus chères expansions de sa pensée... Pour lui, ce supplice est d'autant plus cruel, que le sentiment qu'il porte à son compagnon ordonne, par sa première loi, de ne jamais rien se dérober l'un à l'autre, et de confondre les effusions de la pensée aussi bien que les épanchements de l'âme" Inévitablement un fossé se creuse entre les deux conjoints, car leurs différences de milieu et d'éducation sont trop importantes et difficilement corrigeables.
Augustine, désemparée est saisie d'une profonde mélancolie et comprend trop tard "qu'il est des mésalliances d'esprit aussi bien que des mésalliances de mœurs et de rang".