poemes

Publié le 31 Janvier 2019

                                                                                                     Jacques Prévert

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cœur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur

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Publié le 22 Janvier 2019

Louis I
Louis II
Louis III
Louis IV
Louis V

Louis VI
Louis VII
Louis VIII
Louis IX

Louis X (dit le Hutin)
Louis XI
Louis XII
Louis XIII
Louis XIV
Louis XV
Louis XVI
Louis XVII
Louis XVIII
et plus personne plus rien...
qu'est-ce que c'est que ces gens-là
qui ne sont pas foutus
de compter jusqu'à vingt ?

Jacques Prévert, Paroles.

 

 

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Publié le 18 Janvier 2019

                                                                                                                                                                                                                                  Arthur Rimbaud

Sensation

Par les soirs bleus d’été j’irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :

Rêveur, j’en sentirai la fraicheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
 

Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien.
Mais l’amour infini me montera dans l’âme ;
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature,—heureux comme avec une femme.

                                                                                        Poésies Mars 1870 

Forêt de Haguenau

 

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Publié le 3 Juin 2012

                                                                                                  Charles Kingsley 

    Ce petit texte m'a tout à fait séduite car il parle de ces femmes dont on  parle peu, pensant que ce qu'elles accomplissent au quotidien, n'a rien d'extraordinaire.

     L’héroïsme de la mère ordinaire.

 Il doit bien y avoir à ce jour des milliers de héros dont personne n'a jamais entendu parler.

   Mais ils existent. Ils sèment secrètement la semence dont nous cueillons la fleur et mangeons le fruit et nous ne nous rendons pas compte que nous croisons ce genre de semeur tous les jours dans la rue.

    Une des formes que prend cet héroïsme -la plus courante et pourtant la plus oubliée- est bien celle de la mère de famille ordinaire.

    Ah! quand je pense à ce fait incroyable, je reprends espoir pour notre pauvre humanité; notre triste monde devient plus lumineux - comme si notre univers malade redevenait plus sain-parce que malgré tout ce qui lui manque, il ne lui manque pas de mères

 

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Publié le 23 Janvier 2010

                                                                                                         Louis Aragon
 
Nous dormirons ensemble
 
                  Que ce soit dimanche ou lundi                     

Soir ou matin minuit midi

   Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
    C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble.

                                                                  

    C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
    J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
    Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble.

 

    Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
    J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
    Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble
 

 

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Publié le 19 Décembre 2009

                                                                                                        Victor Hugo

  L'hiver blanchit le dur chemin
Tes jours aux méchants sont en proie.
  La bise mord ta douce main;
La haine souffle sur ta joie.

  La neige emplit le noir sillon.
La lumière est diminuée...
  Ferme ta porte à l'aquilon!
Ferme ta vitre à la nuée!


  Et puis laisse ton cœur ouvert!
Le cœur, c'est la sainte fenêtre.
  Le soleil de brume est couvert;
Mais Dieu va rayonner peut-être!

  Doute du bonheur, fruit mortel;

Doute de l'homme plein d'envie;
  Doute du prêtre et de l'autel;
Mais crois à l'amour ô, ma vie!


  Crois à l'amour, toujours entier,
Toujours brillant sous tes voiles!
  A l'amour, tison du foyer!
A l'amour, rayon des étoiles!

  Aime, et ne désespère pas.
Dans ton âme, où parfois je passe,
  Où mes vers chuchotent tout bas,
Laisse chaque chose à sa place.


  La fidélité sans ennui,
La paix des vertus élevées,
  Et l'indulgence pour autrui,
Éponge des fautes lavées.

  Dans ta pensée où tout est beau,
Que rien ne tombe ou ne recule.
  Fais de ton amour ton flambeau.
On s'éclaire de ce qui brûle.


  A ces démons d'inimitié
Oppose ta douceur sereine,
  Et reverse leur en pitié
Tout ce qu'ils t'ont vomi de haine.

  La haine, c'est l'hiver du cœur.
Plains-les! mais garde ton courage.
  Garde ton sourire vainqueur;
Bel arc-en-ciel, sors de l'orage!


  Garde ton amour éternel.
L'hiver, l'astre éteint-il sa flamme?
  Dieu ne retire rien du ciel;
Ne retire rien de ton âme!

Chemin bordant le lac du Bouchet

 

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Rédigé par Alicia

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Publié le 30 Juin 2009

    Elle sort d'une touffe d'herbe qui l'avait cachée pendant la chaleur. Elle traverse l'allée de sable à grandes ondulations. Elle se garde d'y faire halte et un moment elle se croit perdue dans une trace de sabot du jardinier.
    Arrivée aux fraises, elle se repose, lève le nez de droite et de gauche pour flairer;  puis elle repart et sous les feuilles, sur les feuilles, elle sait maintenant où elle va.
  
  Quelle belle chenille, grasse, velue, fourrée, brune avec des points d'or et ses yeux noirs !
   Guidée par l'odorat, elle se trémousse et se fronce comme un épais sourcil.
    Elle s'arrête au bas d'un rosier.

    De ses fines agrafes, elle tâte l'écorce rude, balance sa petite tête de chien nouveau-né et se décide à grimper.
Et, cette fois, vous diriez qu'elle avale péniblement chaque longueur de chemin par déglutition.

    Tout en haut du rosier, s'épanouit une rose au teint de candide fillette. Ses parfums qu'elle prodigue la grisent. Elle ne se défie de personne. Elle laisse monter par sa tige la première chenille venue. Elle l’accueille comme un cadeau.
    Et, pressentant qu'il fera froid cette nuit, elle est bien aise de se mettre un boa autour du coup.

 

Jules Renard


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Publié le 7 Décembre 2008

.-
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.

- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerai volontiers, déesse ou immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!

 
Charles Baudelaire
Le spleen de Paris
Petits poèmes en prose.

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Publié le 21 Août 2008

                                                                                                        Victor Hugo
                                                                                          La Légende des siècles
Booz s'était couché de fatigue accablé;
    Il avait tout le jour travaillé dans son aire;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire;
    Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.


Ce vieillard possédait des champs de blé et d'orge;
    Il était, quoique riche, à la justice enclin;
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin;
    Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge
.


Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
    Sa gerbe n'était point avare ni haineuse;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse:
    -Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
    Vêtu de probité candide et de lin blanc;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
    Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.


Booz était bon maître et fidèle parent;
    Il était généreux, quoiqu'il fût économe;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
    Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

Le vieillard, qui revient vers la source première,
    Entre aux jours éternels et sort des jours changeants;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
    Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.

Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens.
    Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres;
    Et ceci se passait dans des temps très anciens.

Les tribus d'Israel avaient pour chef un juge;
    La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait,
    Était mouillée encor et molle du déluge.


Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
    Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée;
Or, la porte du ciel s'étant entre-baillée
    Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
    Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu;
Une race y montait comme une longue chaîne;
    Un roi chantait en bas, en haut mourrait un dieu.

Et Booz murmurait avec la voix de l'âme:
    "Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
    Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.


"Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
    O Seigneur! a quitté ma couche pour la vôtre;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre;
    Elle à demi vivante et moi mort à demi.

"Une race naîtrait de moi! Comment le croire?
    Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants;
    Le jour sort de la nuit comme d'une victoire;

"Mais, vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau;
    Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, O mon Dieu! mon âme vers la tombe,
    Comme un bœuf ayant soif penche son front vers l'eau"

Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
    Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
    Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.


Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
    S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,

Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
    Quand viendrait du réveil la lumière subite.

Booz ne savait point qu'une femme était là,
    Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèles;
    Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle;
    Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
    Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.


La respiration de Booz qui dormait,
    Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
    Les collines ayant des lys sur leur sommet.

Ruth songeait et Booz dormait; l'herbe était noire;
    Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement;
Une immense bonté tombait du firmament;
    C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth;
    Les astres émaillaient le ciel profond et sombre;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
    Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
    Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
    Cette faucille d'or dans le champ des étoiles

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Publié le 13 Juillet 2008

                                                                                       Charles Baudelaire

    Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage
Traversé ça et là par de brillants soleils;
    Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.


    Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
    Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.


Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
    Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

-ô douleur! ô douleur! Le temps mange la vie,
    Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie.

 

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