Un grand sommeil noir
Publié le 30 Juillet 2007
Paul Verlaine
Un grand sommeil noir
Tombe sur ma vie :
Dormez, tout espoir,
Dormez, toute envie!
Je ne vois plus rien,
Je perds la mémoire
Du mal et du bien. . .
ô la triste histoire!
Je suis un berceau
Qu'une main balance
Au creux d'un caveau. . .
Silence, silence!
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche dans le ciel qu'on voit
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur là
Vient de la ville.
-Qu' as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fais, toi que voilà,
De ta jeunesse ?