Une nuit à Bruxelles

Publié le 5 Octobre 2020

Victor Hugo

Aux petits incidents il faut s’habituer.
Hier on est venu chez moi pour me tuer.
Mon tort dans ce pays c’est de croire aux asiles.
On ne sait quel ramas de pauvres imbéciles
S’est rué tout à coup la nuit sur ma maison.
Les arbres de la place en eurent le frisson,
Mais pas un habitant ne bougea. L’escalade
Fut longue, ardente, horrible, et Jeanne était malade.
Je conviens que j’avais pour elle un peu d’effroi.
Mes deux petits-enfants, quatre femmes et moi,
C’était la garnison de cette forteresse.
Rien ne vint secourir la maison en détress
e.
La police fut sourde ayant affaire ailleurs.
Un dur caillou tranchant effleura Jeanne en pleurs.
Attaque de chauffeurs en pleine Forêt-Noire.

Ils criaient : Une échelle ! une poutre ! victoire !
Fracas où se perdaient nos appels sans écho.

Deux hommes apportaient du quartier Pacheco
Une poutre enlevée à quelque échafaudage.
Le jour naissant gênait la bande. L’abordage
Cessait, puis reprenait. Ils hurlaient haletants.
La poutre par bonheur n’arriva pas à temps.
 » Assassin ! – C’était moi. – Nous voulons que tu meures !
Brigand ! Bandit !  » Ceci dura deux bonnes heures.
George avait calmé Jeanne en lui prenant la main.
Noir tumulte. Les voix n’avaient plus rien d’humain ;
Pensif, je rassurais les femmes en prières,
Et ma fenêtre était trouée à coups de pierres.
Il manquait là des cris de vive l’empereur !
La porte résista battue avec fureur.
Cinquante hommes armés montrèrent ce courage.
Et mon nom revenait dans des clameurs de rage :
A la lanterne ! à mort ! qu’il meure ! il nous le faut !
Par moments, méditant quelque nouvel assaut,
Tout ce tas furieux semblait reprendre haleine ;
Court répit ; un silence obscur et plein de haine
Se faisait au milieu de ce sombre viol ;
Et j’entendais au loin chanter un rossignol.

L'année terrible.

Victor Hugo a écrit ce poème décrivant l'hostilité dans laquelle il vivait avec sa famille, alors qu'il a été dans l'obligation de s'exiler en Belgique à cause de ses opinions politiques, sous Napoléon III.

Rédigé par Alicia

Publié dans #Poèmes

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J
Bonjour,<br /> ah, j'ignorais cette péripétie.<br /> Les Belges ont donc bien failli nous le tuer !
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A
Avec ses nombreux engagements politiques, Victor Hugo s'est créé beaucoup d'ennuis et des ennemis en grand nombre. Cela ne l'a jamais arrêté. Quel grand homme! Bonne soirée Jean-Claude.<br />
G
Les deux premiers vers sont juste incroyables : tout est dit !
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